"Alors, on est pas bien ici ? Du bon café, de la bonne nourriture, de l’air pur... Que demander de plus ?" Je scrute le visage simple et rond du jeune guérillero. Sans y déceler la moindre ironie. Il le pense sincèrement : on n’est pas si mal chez les FARC. En tout cas, lui est ravi : il mange trois fois par jour - mieux qu’à la ferme parentale. Luis est aussi logé et blanchi par l’organisation. Et même soigné au besoin. Il s’est fait quelques amis. On lui a donné, surtout, une cause à défendre. Une bonne raison de mourir. ça compte, pour un gosse de dix-neuf ans. La bouffe et la révolution : dans les campagnes colombiennes en crise, rien de tel pour enrôler les gamins. "Si Luis, je lui réponds en éclatant de rire. Tu as raison. On est vraiment bien ici..."