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Istanbul pourquoi ?

Difficile de donner à l’heure actuelle une signature aux véritables commanditaires de l’attentat sanglant qui a frappé l’aéroport d’Istanbul, véritable plate-forme logistique de ce qui constitue l’un des piliers majeurs de l’économie turque, le tourisme. Cette économie florissante a permis à ce pays d’offrir à ses habitants un niveau de vie appréciable et une insolente croissance qui a rendu jaloux plus d’un notamment ceux qui rêvent de drainer à leur profit la formidable manne financière générée par le flux considérable de millions de touristes qui chaque année viennent visiter la Turquie.

La rupture par la violence de cette vie paisible qui a longtemps caractérisé la Turquie vise en premier lieu a briser son économie et à stopper son émergence. Dans un contexte de reconfiguration géopolitique régionale voulue par l’occident avec comme état pivot central Israël, le monde judéo-chrétien propose deux alternatives au pouvoir Turc (indépendamment de son appartenance politique), s’aligner sans conditions, ni préalable aux "maitres du monde" en épousant les contours de la nouvelle diplomatie mondialiste qu’ils mettent en œuvre, où subir l’affaiblissement programmé et disparaitre des enjeux régionaux avec toutes les conséquences imaginables en termes de renoncement à de substantiels dividendes financiers et hypothéquer l’existence d’une économie florissante jusque là garante de stabilité et de cohésion nationales.

Le parti au pouvoir en Turquie est d’inspiration islamiste. Il y a accédé par des voies et moyens démocratiques et reconduit de la même manière. Il a su jusqu’à présent et avant que les pressions occidentales ne se fassent de plus en plus pesantes réussi à développer son économie en maintenant sa trajectoire de croissance, gérer avec intelligence la délicate question Kurde, offrir ses bons offices à une l’Europe en profonde crise structurelle et désemparée face à la gestion de la question de l’afflux de réfugiés et s’ouvrir de plus en plus à la sphère civilisationnelle à laquelle il a vocation à appartenir, le monde musulman.

Ce redéploiement ne pouvait se faire sans conséquences, dans un contexte de haine occidentale de l’Islam, sous toutes ses déclinaisons, attisée notamment par les médias d’obédience sioniste et sans rencontrer de résistance, d’obstacles et d’animosité.

Quels éléments de la montée en puissance de la stratégie de confinement de la Turquie d’Erdogan par l’occident mériteraient d’être rappelés. D’abord le non récurrent de l’Europe, du temps de sa splendeur et avant son affaiblissement par le brexit et la montée en puissance des nationalismes, signifié à la Turquie et à sa demande d’adhésion à la communauté de ses membres. Souvenons-nous de la croisade contre ce projet menée par l’ancien Président Français Sarkozy qui n’hésita pas à invoquer à l’époque des éléments d’incompatibilité civilisationnelle ? Israël prit ensuite le relais en deux temps, d’abord l’assaut de ses commandos de marine contre un navire battant pavillon turc, solidaire de Gaza assiégée et affamée, qui fit dix morts puis l’humiliation infligée à l’ambassadeur Turc à Tel-Aviv, reçu assis sur un strapontin. Enfin toutes les accusations portées contre la Turquie dans une opération médiatique concertée orchestrée en Europe et aux Etats-Unis décrivant la Turquie d’Erdogan comme un facteur déclencheur des turbulences régionales notamment en Syrie. Qui ne connait la position géographique de la Turquie ne saurait comprendre les défis et les turbulences auxquels elle doit faire face sans oublier la Syrie, devenu nouveau terrain de confrontation et d’expérimentation des différentes puissances militaires qui coexistent tant bien que mal dans le monde.

La question palestinienne et son socle, les droits du peuple palestinien à une patrie, la préservation d’Elqods, lieu sacré des musulmans, sont les éléments accélérateurs des turbulences du monde musulman. La Turquie d’Erdogan ne pouvait rester insensible à cette question qui pose également celle des lieux de culte chrétiens qui subissent également les assauts des extrémistes israéliens. N’a t-on pas vu les fêtes de la nativité célébrées sous quadrillage militaire israélien à Bethleem ? Oublies-t-on trop vite le coup de sang de l’ancien Président Français Chirac à Jérusalem en 1996 ?

Tous ces facteurs ont concouru à affaiblir la Turquie face à un occident revigoré par le prétendu règlement de la délicate question du nucléaire iranien. Alors, pourquoi se priver de continuer de jouer le rôle de gendarme du monde même si tout le monde sait aujourd’hui que contrairement aux apparences le déclin et la décadence du monde occidental sont bel et bien amorcés ?

Et quelle signification donnée au prétendu réchauffement israélo-turque dont les relations diplomatiques, faut-il le rappeler, sont antérieures à l’arrivée d’Erdogan et comment décrypter le rapprochement russo-turque ?

Les chose sont beaucoup plus simples que ce qu’essayent de nous faire comprendre les bien-pensants. Il ne s’agit ni de reniement, ni de renoncement et encore moins de trahison. Les stratèges des think tanks occidentaux souvent inféodés à Israël ne peuvent malgré tous les agendas qu’ils concoctent oublier une certitude. Israël n’est plus aussi puissant qu’on le croit. Il subit lui aussi et de plein fouet les effets de la conjoncture régionale explosive qu’il a par ailleurs largement contribuer à créer en y attisant avec ardeur les différents conflits qui la caractérisent.

Son économie étouffe et les gesticulations de Libermann, le nouveau ministre de la guerre Israélien, n’y changeront rien. Israël est actuellement et sans le dire dans une quête absolue de relations avec le monde arabe qui l’entoure. Il s’agit de la question de sa propre survie et de celle d’éviter de connaitre le destin de la mer morte. La Turquie constitue aujourd’hui pour Israël la seule soupape pour oxygéner son économie et la seule passerelle pour négocier avec le monde arabo-musulman. Et ce repositionnement Turque ne s’explique que par le rôde qu’entend jouer ce pays, conjointement avec la Russie et face au désengagement étatsunien et européen, dans les négociations futures pour la création de l’état Palestinien avec pour capitale Elqods et le droit au retour de millions de réfugiés dans leur patrie. Seul cet aboutissement permettra de mettre un terme au processus de clash civilisationnel dont on connait actuellement les prémisses et dont personne ne peut prévoir les conséquences et d’apaiser des relations internationales extrêmement perturbées. Il faut du moins l’espérer car l’arrivée probable de futurs dirigeants occidentaux qui ne cachent plus leurs velléités belligérantes est de nature à s’inquiéter pour l’avenir de ces relations.

Salim METREF

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