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Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie

Une foule dense, une ambiance festive, des jeunes dans la fleur de l’âge, des slogans incisifs, de l’humour subtil et corrosif, le « retiré » d’une charmante ballerine posant pour la postérité[1], des jeunes qui balaient les rues après les marches, d’autres embrassant des policiers ou leur offrant des fleurs, des bouteilles d’eau distribuées aux manifestants, un couple qui esquisse un pas de danse dans une rue d’Alger[2] ...

Comment ne pas être fier de cette jeunesse algérienne débordante de vitalité, montrant aux yeux du monde sa maturité politique, sa discipline et son pacifisme ?

Comment ne pas s’enorgueillir de ce réveil populaire susceptible de mettre fin à des décennies d’immobilisme politique qui a engendré la déliquescence de nombreux secteurs socioéconomiques, provoqué la fuite des cerveaux et jeté à la mer des cohortes de « harragas » ?

Qu’on se le dise : cette révolte est bienfaitrice comme une pluie après la sécheresse, rayonnante comme la lumière après une nuit sombre et prometteuse comme un bourgeon qui pointe après un long hiver.

Mais au-delà de ces images idylliques de la contestation, plusieurs questions viennent à l’esprit au sujet de ces manifestations populaires.

Sont-elles spontanées ? Comment se fait-il qu’elles soient aussi bien organisées ? Est-ce naturel d’offrir des fleurs aux forces de l’ordre dans un pays où cette tradition n’est pas usitée même au sein des familles ? Comment se fait-il que les jeunes nettoient les rues après les marches alors que les autres jours ces mêmes rues sont jonchées de détritus ? Comment sont conçus les slogans et qui achemine, via les médias sociaux, les avis de manifestations ou de grève estudiantines à travers tout le territoire national et même à l’étranger ? Pourquoi l’humour et le sarcasme sont largement surutilisé comme arme de revendication ?

Pour répondre à ces questions et à bien d’autres, il est nécessaire de revenir aux mouvements de contestation non-violente similaires qui ont secoué différents pays depuis le début du siècle.

Les révolutions colorées

Les révoltes qui ont bouleversé le paysage politique des pays de l’Est ou des ex-Républiques soviétiques ont été qualifiées de « révolutions colorées ». La Serbie (2000), la Géorgie (2003), l’Ukraine (2004) et le Kirghizstan (2005) en sont quelques exemples.

Toutes ces révolutions, qui se sont soldées par des succès retentissants, sont basées sur la mobilisation de jeunes activistes locaux pro-Occidentaux, étudiants fougueux, blogueurs engagés et insatisfaits du système.

De nombreuses études et livres ont été consacrés à ces bouleversements politiques. À titre d’exemple, citons l’article exhaustif et très détaillé sur le rôle des États-Unis dans les « révolutions colorées », de G. Sussman et S. Krader de la Portland State University qui mentionnent dans leur résumé :

« Entre 2000 et 2005, les gouvernements alliés de la Russie en Serbie, en Géorgie, en Ukraine et au Kirghizistan ont été renversés par des révoltes sans effusion de sang. Bien que les médias occidentaux en général prétendent que ces soulèvements sont spontanés, indigènes et populaires (pouvoir du peuple), les « révolutions colorées » sont en fait le résultat d’une vaste planification. Les États-Unis, en particulier, et leurs alliés ont exercé sur les États postcommunistes un impressionnant assortiment de pressions et ont utilisé des financements et des technologies au service de l’“aide à la démocratie [3]” ».

L’implication de nombreuses organisations américaines a été établie de manière non équivoque. Il s’agit de la United States Agency for International Development (USAID), la National Endowment for Democracy (NED), l’International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), la Freedom House (FH), l’Albert Einstein Institution (AEI) et l’Open Society Institute (OSI) [4],[5].

Ces organismes et agences sont tous américains et sont financés par le budget américain ou par des capitaux privés américains [6]. À titre d’exemple, la NED est financée par un budget voté par le Congrès et les fonds sont gérés par un conseil d’administration où sont représentés le Parti républicain, le Parti démocrate, la Chambre de commerce des États-Unis et le syndicat American Federation of Labor-Congress of Industrial Organization (AFL-CIO), alors que l’OSI fait partie de la Fondation Soros, du nom de son fondateur George Soros, le milliardaire américain, illustre spéculateur financier.

Concernant le rôle réel de la NED, il est intéressant de reprendre la déclaration (en 1991) de Allen Weinstein, directeur du groupe d’étude qui a mené à la fondation de cet organisme : « Beaucoup de ce que nous [NED] faisons aujourd’hui se faisait secrètement il y a 25 ans par la CIA »[7]. De son côté, le président de la NED, Carl Gershman, a déclaré en 1999 que la « promotion de la démocratie est devenue un champ établi de l’activité internationale et un pilier de la politique étrangère américaine »[8]. En résumé, tous ces organismes américains sont spécialisés dans l’« exportation de la démocratie » pour autant que cela serve la politique étrangère des États-Unis.

La NED travaille par l’intermédiaire de quatre organismes distincts et complémentaires qui lui sont affiliés. En plus de l’IRI et du NDI, elle englobe aussi le Center for International Private Enterprise (CIPE — Chambre de commerce des États-Unis) et l’American Center for International Labor Solidarity (ACILS — Centrale syndicale AFL-CIO), mieux connu comme le Solidarity Center [9].

Plusieurs mouvements ont été mis en place pour conduire les révoltes colorées : Otpor (« Résistance ») en Serbie, Kmara (« C’est assez ! ») en Géorgie, PORA (« C’est l’heure ») en Ukraine et KelKel (« Renaissance ») au Kirghizistan.

Le premier d’entre eux, Otpor, est celui qui a causé la chute du gouvernement yougoslave de Slobodan Milosevic. Dirigé par Srdja Popovic, Otpor prône l’application de l’idéologie de résistance individuelle non-violente, théorisée par le philosophe et politologue américain Gene Sharp. Professeur émérite en sciences politiques à l’Université du Massachusetts, ce dernier a aussi été chercheur à Harvard et aurait été, dit-on, un candidat potentiel pour l’obtention du prix Nobel de la paix en 2009[10], 2012[11] et 2013[12].

Srdja Popovic

Son ouvrage « From Dictatorship to Democracy » (De la dictature à la démocratie) a été à la base de toutes les révolutions colorées. Disponible en 25 langues (dont l’arabe), ce livre est téléchargeable gratuitement sur Internet. Gene Sharp est le fondateur de l’Albert Einstein Institution qui, officiellement, est une association à but non lucratif spécialisée dans l’étude des méthodes de résistance non-violente dans les conflits. Cet organisme est financé, entre autres, par la NED, l’IRI et l’OSI[13].

Les contacts entre l’AEI et Otpor ont commencé dès le début de l’année 2000. L’application scrupuleuse des principes de la résistance individuelle non-violente édictés par Gene Sharp a permis la chute rapide du gouvernement serbe. Cet évènement représente la première réussite de la théorie « sharpienne » sur le terrain, le passage de la théorie à la pratique.

Forts de leur expérience dans la déstabilisation des régimes autoritaires, les activistes d’Otpor, ont fondé un centre pour la formation de révolutionnaires à travers le monde. Cette institution, le Center for Applied Non Violent Action and Strategies (CANVAS), se trouve dans la capitale serbe et son directeur exécutif n’est autre que Srdja Popovic. CANVAS est financé, entre autres, par l’IRI, Freedom House ainsi que George Soros en personne[14].

Un des documents qui circulent dans la Toile et qui illustre la formation dispensée par ce centre est « La lutte non-violente en 50 points »[15], qui s’inspire largement des thèses de Gene Sharp. Cet ouvrage mentionne 199 « méthodes d’action non-violente ». Il est possible d’en citer quelques-unes en utilisant la numérotation adoptée dans le manuel de CANVAS :

N°6. Pétitions de groupe ou de masse
N°7 : Slogans, caricatures et symboles
N°8 : Banderoles, affiches et panneaux d’affichage
N°12a : Messageries électroniques de masse
N°25 : Afficher des portraits
N°28 : Protestations bruyantes
N°32 : Railler les officiels
N°33 : Fraterniser avec l’ennemi
N°35 : Sketchs et canulars
N°36 : Théâtre et concerts
N° 37 : Chants
N° 44 : Simulacre de funérailles
N° 62 : Grèves d’étudiants
N° 63 : Désobéissance sociale
N° 147 : Non-coopération judiciaire
N° 199 : Gouvernement parallèle

Les experts serbes de CANVAS ont aidé efficacement les activistes en Géorgie (2003) et en Ukraine[16] (2004), mais aussi au Liban[17] (2005) et aux Maldives (2008)[18]. Ils se sont également impliqués, mais avec moins de succès, en Albanie, en Biélorussie, en Ouzbékistan[19], en Iran[20] et au Venezuela[21].

Le logo adopté par Otpor (et ensuite par CANVAS) a été très utilisé dans les révoltes subséquentes. Il s’agit d’un poing stylisé qui est devenu, avec le temps, l’empreinte des formations de CANVAS. Il a été largement utilisé par les activistes des pays cités auparavant.

Le « printemps » arabe

Les soulèvements populaires qui ont touché les pays arabes vers la fin de l’année 2010 ne sont qu’un prolongement des révolutions colorées.

Fallacieusement baptisés « printemps » par les médias occidentaux, elles ont bénéficié des mêmes soutiens, des mêmes financements et des mêmes formations[22] tout en tirant avantage du développement exponentiel des nouvelles technologies de communication et des réseaux sociaux.

Ainsi, d’activistes, les manifestants impliqués dans les révoltes sont devenus des cyberactivistes car la révolte s’est déroulée plus dans le cyberspace que dans l’espace réel. L’organisation, la mobilisation, les appels à manifester, la synchronisation et la diversité des actions à mener sur le terrain n’auraient jamais été possible de manière aussi efficace sans les nouvelles technologies. Wael Ghonim, un des activistes les plus célébres du « printemps » égyptien, a même écrit un livre intitulé « Revolution 2.0 »[23].

Les organismes d’« exportation de la démocratie » ont aidé à la création de ce que Pierre Boisselet[24], un journaliste français, a appelé « la ligue arabe du Net ». Ainsi, de nombreux activistes-blogueurs provenant de différents pays arabes ont été formés aux nouvelles technologies et réseautés entre eux et avec des experts[25].

Plusieurs rencontres ont réuni cette « ligue arabe » bien avant le début du « printemps » arabe (et se sont poursuivies par la suite). Citons, par exemple, le second « Arab Bloggers Meeting » qui a eu lieu à Beyrouth du 8 au 12 décembre 2009 et qui a rassemblé plus de 60 cyberactivistes provenant de 10 pays arabes [26]. S’y sont rencontrés les « vedettes » arabes du Net : les Tunisiens Sami Ben Gharbia, Slim Ammamou et Lina Ben Mhenni, les Égyptiens Alaa Abdelfattah et Wael Abbas, le Mauritanien Nasser Weddady, le Bahreïni Ali Abdulemam, le Marocain Hisham AlMiraat, le soudanais Amir Ahmad Nasr, la syrienne Razan Ghazzaoui, etc. [27]

Et ce n’est pas tout. Les géants du Net (Twitter, YouTube, Google, Facebook,etc.) ont collaboré avec le Département d’État américain et les organismes d’ « exportation de la démocratie » pour réunir les cyberactivistes en 2008, 2009 et 2010[28]. Cela s’est fait sous l’égide de l’Alliance de Mouvements de Jeunesse (AYM — Alliance of Youth Movements) dont la mission est clairement affichée sur leur site : i) identifier des cyberactivistes dans des régions d’intérêt ; ii) les mettre en contact entre eux, avec des experts et des membres de la société civile ; et iii) les soutenir en les formant, en les conseillant et en leur procurant une plateforme pour initier les contacts et les développer dans le temps [29].

La secrétaire d’État de l’époque, Hillary Clinton, est intervenu en personne dans le sommet AYM de 2009. Cette dernière n’a d’ailleurs pas cessé de couvrir les nouvelles technologies d’éloges durant tout le « printemps » arabe. « Internet est devenu l’espace public du XXIe siècle » ; « les manifestations en Égypte et en Iran, alimentées par Facebook, Twitter et YouTube, reflète la puissance des technologies de connexion en tant qu’accélérateurs du changement politique, social et économique » déclara-t-elle le 15 février 2011[30].

En plus des formations relatives au cyberespace, des activistes arabes ont été initiés aux techniques de CANVAS afin de maîtriser des manifestations dans l’espace réel. Un cas d’école est celui de l’Égyptien Mohamed Adel, le porte-parole du « Mouvement du 6 avril »[31]. En effet, il a affirmé, dans une entrevue accordée à la chaîne Al Jazeera (diffusée le 9 février 2011), qu’il avait effectué un stage chez CANVAS durant l’été 2009, bien avant les émeutes de la place Tahrir[32]. Il se familiarisa avec les techniques d’organisation des foules et les comportements à avoir face à la violence policière : « J’étais en Serbie et je me suis formé à l’organisation de manifestations pacifiques et aux meilleurs moyens de s’opposer à la brutalité des services de sécurité », a-t-il confié dans cette interview. Par la suite, il forma à son tour des formateurs [33]. Cette information a été confirmée par Srdja Popovic : « Oui, c’est vrai. On a notamment formé des jeunes du Mouvement du 6 avril », a-t-il avoué à un journaliste suédois [34].

Mohamed Adel et Srdja Popovic (Serbie, 2009)
Photo extraite du documentaire intitulé : « Monde arabe : l’onde de choc » [35]

C’est pour cette raison que des « méthodes d’action non-violente » recommandées par CANVAS ont été largement observées lors des manifestations qui ont ébranlées les rues arabes. En particulier, le poing d’Otpor, signature de CANVAS, a été très abondamment utilisé par les cyberactivistes arabes, de l’Atlantique au Golfe.

Algérie 2011 : la « printanisation » avortée

Tout comme les pays arabes de la zone MENA « Middle East and North Africa » (littéralement, « Moyen-Orient et Afrique du Nord ») selon la classification de la NED, l’Algérie n’a pas été épargnée par la vague « printanisante » de 2011 car, il faut se le dire, ce pays est un des (si ce n’est le) plus convoités de la région. Les mêmes réseaux ont été activés et les officines citées auparavant s’attendaient à ce qu’elle tombe dans l’escarcelle de l’« exportation de la démocratie ».

Néanmoins, le « printemps » n’a pas eu prise sur la population algérienne à cause, probablement, de la mémoire douloureuse d’une certaine décennie noire et sanglante qui a endeuillé toute la nation. Pourtant, les acteurs de la révolte ont été à l’œuvre.

La contestation du gouvernement en place a été organisée par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), regroupant divers partis politiques, ONG et syndicats. Parmi les signataires de la première mouture du CNCD (elle s’est divisée par la suite), on trouve la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP), le parti « Rassemblement pour la culture et la démocratie » (RCD), le parti « Front des forces socialistes » (FFS), Fodil Boumala, l’association « SOS Disparus » et le Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) [36].

La consultation des rapports annuels de la NED montre que la LADDH a reçu des subventions américaines en 2002[37], 2004[38], 2005[39], 2006[40] et 2010[41] (voir le tableau suivant).

Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme (LADDH)

Année

Montant ($)

2002

20 000

2004

---

2005

20 000

2006

40 000

2010

37 000

Le SNAPAP, quant à lui, est en étroite relation avec le Solidarity Center (une des quatre composantes de la NED) comme cela est expliqué dans la page « Algérie » du site de cet organisme[42].

Le 4 mars 2011, en plein embryon de « printemps » algérien, la directrice du Département international du Solidarity Center, Cathy Feingold, a écrit une lettre au Président Abdelaziz Bouteflika. Elle lui a fait part de son inquiétude concernant la violence policière contre les « manifestants pacifiques » en Algérie en précisant que « nous [le Solidarity Center] notons avec une vive préoccupation que, parmi les personnes blessées récemment, figurait le dirigeant syndical M. Rachid Malaoui président du secteur public de l’union syndicale nationale autonome du personnel d’administration publique (SNAPAP) »[43].

Cathy Feingold envoya une seconde lettre au Président Bouteflika en date du 14 octobre 2011. Le nom « du militant CNCD de premier plan », M. Malaoui, y est cité trois fois[44]. Et madame Feingold semblait bien renseignée sur l’activisme politique algérien (probablement en temps réel).

De son côté, le RCD est un parti dont le président était Saïd Sadi lorsque les manifestations antigouvernementales occupaient les rues algéroises. Le nom de ce politicien a été cité dans le câble WikiLeaks 07ALGIERS1806[45], daté du 19 décembre 2007. Ce document montre que Saïd Sadi a eu des discussions politiques assez « poussées » avec l’ambassadeur américain à Alger.

Le rédacteur du câble y nota que Saïd Sadi comparait le gouvernement du président Bouteflika à « une bande de Tikrit », allusion faite à Saddam Hussein et sa région d’origine en Irak. L’ex-chef du RCD alla jusqu’à demander un « soutien extérieur » : « Sadi a averti les États-Unis des dangers à long terme de garder le silence sur ce qu’il percevait comme la détérioration de la démocratie algérienne, comme en témoignent les élections locales. De l’avis de Sadi, un soutien extérieur est essentiel à la survie de la démocratie et l’engagement productif de la jeunesse algérienne - 70 pour cent de la population - dans la vie politique et économique ».

Sur son compte Twitter, Fodil Boumala, cofondateur de la CNCD, se présente comme « écrivain-journaliste, cyberactiviste, militant des droits de l’Homme, opposant politique indépendant, Fondateur de Res Publica II (ONG) sur Facebook & YouTube »[46]. Ajoutons à cela que Boumala s’est fait connaître du public algérien en animant des émissions politiques à la télévision nationale algérienne.

Le 20 janvier 2012, une conférence intitulée « Le printemps arabe, un an après : révolte, ingérence et islamisme » a été organisée à Montréal[47]. En plus de ma personne, Fodil Boumala et Mezri Haddad (à partir de Paris, via Skype) étaient les conférenciers invités.

Le débat a été très animé et les échanges très vifs. C’est pendant un de ces échanges que Fodil Boumala déclara que, lors d’un de ses voyages aux États-Unis, il a été reçu par le président Obama en personne. Il est vrai que l’administration américaine a facilement ouvert les portes de ses plus prestigieux bureaux aux cyberactivistes arabes qui ont été reçus par des responsables de premier plan. Si l’aveu de Fodil Boumala s’avère véridique, il doit être un des rares à avoir obtenu une rencontre à ce niveau d’importance.

Hillary Clinton et le cyberactiviste égyptien Bassem Samir (Washington 2010)

Selon le site e-Joussour, « SOS Disparus », cet organisme dont le nom apparaît dans la liste des fondateurs du CNCD, est « une association algérienne de soutien et de conseil juridique et administratif aux milliers de familles de victimes de disparition forcée en Algérie [...]. « SOS disparus » a vu le jour en 2001, suite à la création, en 1998, en France, du Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA) à l’initiative d’un petit groupe de familles de disparus. Notre association travaille en collaboration constante avec le CFDA qui est l’interface entre les familles algériennes et les instances internationales de protection des droits de l’Homme, telles que l’ONU ou la Commission africaine des droits de l’Homme »[48].

Ainsi, « SOS disparus » travaillerait en étroite collaboration avec le CFDA qui est une association de droit français enregistrée à Paris (France).

D’autre part, sur le propre site du CFDA, on peut lire qu’« en septembre 2001, le CFDA a pu ouvrir son premier bureau en Algérie, sous le nom de SOS Disparu(e)s, structurer le mouvement des mères de disparu(e)s et offrir à toutes les victimes une assistance dans leurs démarches administratives et judiciaires ainsi qu’une assistance psychologique. Depuis, un autre bureau de SOS Disparu(e)s a été ouvert à Oran et plusieurs comités de familles ont été créés dans le reste du pays »[49].

Force est donc de constater que « SOS disparus » n’est finalement qu’une « succursale » algérienne du CFDA, sa maison-mère française.

Il faut se rendre à l’évidence que le CFDA n’est pas inconnu de la NED, bien au contraire. De tous les organismes figurant dans la liste « Algérie » de la NED, c’est celui qui a reçu le plus régulièrement des subventions américaines. Le tableau suivant les résume.

Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA)

Année

Montant ($)

2005

40 000

2006

43 500

2007

46 200

2009

38 200

2010

40 000

2011

40 000

À préciser que le CFDA et « SOS Disparus » mènent souvent leurs actions ensemble, dans des coalitions qui regroupent d’autres associations au profil similaires comme « Soumoud » et « Djazaïrouna »[50] ,[51].

Finalement, notons que le RAJ a bénéficié d’un financement de 25 000$ de la NED en 2011[52].

Algérie 2019 : la « printanisation » en marche

Depuis le 22 février 2019, les rues algériennes connaissent une effervescence sans précédent. Certaines personnes prétendent même qu’ils n’ont pas été témoins de telles manifestations populaires depuis l’indépendance du pays. La presse nationale et internationale ne tarit pas d’éloge sur la maturité politique de la jeunesse algérienne, son haut sens de l’humour et son organisation exemplaire.

Les médias et de nombreux « analystes » frayant dans les plateaux de télévision ont aussi mis de l’avant la « spontanéité » de la révolte. Une telle assertion relève d’une incompétence abyssale, d’une mémoire courte ou d’un parti pris pour un agenda précis.

De la spontanéité des révoltes non-violentes

« Ces manifestations ont un air spontané. De là vient leur force. Pourtant, presque chaque détail en est pensé [...]. Quelques ingrédients savamment agencés et à peine un an de préparation se révèlent plus efficaces que les bombes ».

Contrairement à ce que l’on peut penser, ces phrases n’ont aucune relation avec l’Algérie ou les révoltes de la rue arabe. Elles sont tirées d’un article qui a été écrit en janvier 2005 par Régis Genté et Laurent Rouy et qui traitait des révolutions colorées[53] et dont les conclusions corroborent celles de G. Sussman et S. Krader citée au début de ce travail[54].

Toujours à ce sujet, voici le commentaire d’Ivan Marovic, ancien activiste serbe d’Otpor et formateur à CANVAS : « Les révolutions sont souvent considérées comme spontanées. Il semble que des gens sont simplement allés dans la rue. Mais c’est le résultat de plusieurs mois ou années de préparation. C’est très ennuyeux jusqu’à ce que vous atteigniez un certain point où vous pouvez organiser des manifestations ou des grèves de masse. Si cela est soigneusement planifié, au moment où elles commencent, tout est fini dans quelques semaines »[55].

Dans une de ses nombreuses conférences publiques, Sjrda Popovic explique que : « On vous a menti concernant le succès et la spontanéité des révolutions non-violentes. Lorsque vous voyez un jeune dans la rue en train de fraterniser avec la police ou les militaires, quelqu’un y a pensé avant »[56].

À propos des manifestations actuelles en Algérie, Michaël Béchir Ayari, chercheur et analyste politique ne croit pas à la spontanéité du mouvement : « A Alger, rares sont les manifestants qui affirment que ce mouvement est entièrement spontané. La plupart d’entre eux disent ne se faire aucune illusion quant à la présence d’acteurs de l’ombre issus de différents secteurs de la société algérienne, qui alimentent ce mouvement à défaut de l’avoir suscité. Nombre de ces acteurs participent en effet à ces protestations ou les soutiennent discrètement. »[57]

En fait, l’apparente spontanéité de ces mouvements populaires est non seulement « séduisante », mais elle s’accompagne toujours d’un effet de surprise et l’incrédulité de bon nombre de personnes est humainement compréhensible. En effet, rien ne vaut une belle révolte spontanée et populaire pour l’imaginaire collectif et le romantisme révolutionnaire. La révolte de David contre Goliath, la revanche du faible contre le puissant, du petit peuple armé de sa foi contre le tyran omnipotent...

Pourtant, l’ancien président américain Franklin D. Roosevelt (1882-1945) nous avait bien averti : « En politique, rien n’arrive par accident. Si quelque chose se produit, vous pouvez parier que cela a été planifié ainsi ».

Et le cas algérien ne fait certainement pas exception comme il sera expliqué ci-après.

De la participation des cyberactivistes algériens à la « ligue arabe du Net » et aux formations de CANVAS

Il n’y a aucune raison pour que des Algériens n’aient pas été associés au programme d’« exportation de la démocratie ». L’Algérie est un pays jeune, riche et géostratégiquement très important. Elle est gouvernée par une classe politique qui ne diffère pas de ses voisins « printanisés » en plus d’être le dernier bastion du « front du refus » arabe.

La consultation de la liste des participants du second « Arab Bloggers Meeting » qui a eu lieu à Beyrouth et qui a été cité précédemment montre que des cyberactivistes algériens y ont participé[58]. Cela a été corroboré par l’illustre cyberactiviste tunisien Slim Amamou à qui on a demandé s’il avait eu des contacts ou des échanges d’expériences avec d’autres cyberdissidents dans le monde arabe dont l’Algérie : « D’abord, les liens étaient tissés bien avant la révolution [tunisienne]. C’est-à-dire que la révolution n’a pas commencé en décembre 2010. [...] Et on se supporte mutuellement [...] le réseau existe déjà. Les cyberdissidents et les activistes égyptiens sont nos amis. Et on a des amis au Bahreïn, en Syrie, au Yémen...En Algérie, moi personnellement, j’en ai pas beaucoup, mais je suis sûr qu’il y a des connexions déjà préétablies [...]. Ça, c’est avant la révolution. Ils nous ont supportés et on les a supportés [...]. Et c’est mutuel : quand on a besoin d’eux, on les trouve ; quand ils ont besoin de nous, ils nous trouvent. Et c’est tout un réseau, il n’y a pas de frontière. Après la révolution, les liens sont toujours là et ils augmentent encore » [59].

Dans un article publié dans le New York Times du 13 février 2011, David D. Kirkpatrick et David E. Sanger rapportent les propos de Walid Rachid, un des membres du « Mouvement du 6 avril » égyptien : « Tunis est la force qui a poussé l’Égypte, mais ce que l’Égypte a fait sera la force qui poussera le monde ».

Walid Rachid mentionne aussi que des membres de son mouvement ont échangé leurs expériences avec des mouvements de jeunesse similaires en Libye, en Algérie, au Maroc et en Iran[60].

En ce qui concerne les formations de CANVAS, Mohamed Adel a reconnu s’être rendu en Serbie avec quatorze autres militants Algériens et Égyptiens[61].

En résumé, on peut donc affirmer que des activistes algériens ont été formés à la maîtrise du cyberespace dans le cadre de l’« exportation de la démocratie » vers le monde arabe, mais aussi aux techniques d’action non-violentes, tout en maintenant de solides contacts avec leurs homologues dans les pays arabes « printanisés ».

De la dualité de la communication dans les révoltes non-violentes

Dans un article fouillé sur le mouvement Otpor, Slovodan Naumovic explique que l’action politique de ce mouvement consiste à élaborer des campagnes de communications dites positives et négatives : « La première consiste à construire un capital de sympathie et de confiance [du mouvement] auprès de la population. [...] La seconde campagne, dite négative, s’appuie sur des techniques pleines d’imagination, d’humour et de bonne humeur, qui utilisent souvent des procédés satiriques pour souligner l’absurdité du régime. L’action négative consiste à définitivement discréditer le régime auprès de l’opinion. »[62]

Cette dualité a été largement utilisée dans les manifestations des rues arabes, mais aussi récemment en Algérie.

Plusieurs actions ont été réalisées sur le terrain afin de de donner une image attrayante et sympathique du mouvement et, ainsi, élaborer une campagne de communication positive. Citons par exemple l’enthousiasme, la bonne humeur, l’insistance sur le caractère non-violent et bon enfant des manifestations, la distribution de bouteilles d’eau, le balayage des rues, etc.

Quelques exemples de campagne positive

À noter que ces procédés sont conformes aux « méthodes d’action non-violente » préconisées par le manuel de CANVAS, en particulier, les numéros 7, 8, 28, 32 et 37.

À propos du point concernant le nettoyage des rues qui a été plébiscité par la presse nationale et internationale, il est à noter qu’il s’agit d’une pratique très usitée dans les manifestations non-violentes.

Déjà, en 2003, le mouvement géorgien Kmara avait fait du nettoyage des rues son cheval de bataille à travers des campagnes baptisées « Clean Up Your Street » et « Clean Up Your Country » (« Nettoyer vos rues » et « Nettoyez votre pays »). Ces actions simples et pratiques ont toutes contribué à la vulgarisation des objectifs du mouvement KMARA et en ont fait un nom de marque en très peu de temps[63].

Plus près de nous, les activistes égyptiens ont aussi utilisé cette méthode pour s’attirer la sympathie du peuple et donner une image positive de leur mouvement.

Ceux qui connaissent l’Égypte (et Le Caire en particulier) savent que le maintien de la propreté des rues est le pire échec des gouvernements successifs de ce pays. Une jeunesse qui nettoie les rues est non seulement le symbole d’un gouvernement incompétent mais surtout le rêve d’un avenir propre, sain et rayonnant de bonheur.

C’est un peu le cas de l’Algérie où la propreté des villes laisse à désirer, c’est le moins qu’on puisse dire.

De la fraternisation avec l’« ennemi » dans les révoltes non-violentes

Dans le vocabulaire de CANVAS, la non-violence a pour ennemi les institutions qui sont censées utiliser la violence dans les régimes autocratiques, en l’occurrence la police et l’armée. Pour Sjrda Popovic, il est crucial pour les manifestants de ne pas apparaître menaçants et agressifs envers les piliers de la force que sont la police et les militaires : « Dès le début, nous avons agi avec beaucoup de fraternisation envers la police et l’armée, en leur apportant des fleurs et des gâteaux, plutôt que de crier ou de jeter des pierres. Ce modèle a fonctionné efficacement dans le monde entier, notamment en Géorgie et en Ukraine. Une fois que vous comprenez que ² les policiers ne sont que des hommes en uniforme de police², votre perception change et la persuasion opère. »[64]

Comme précisé par Popovic, cette façon de sympathiser avec les détenteurs de la force est très efficace et conforme aux principes de la lutte non-violente. Voici quelques exemples en relation avec la distribution de fleurs.

Et la fraternisation ne se limite pas à offrir des fleurs.

Ces deux dernières photos sont à comparer avec les suivantes :

De l’humour dans les révoltes non-violentes

Une des caractéristiques les plus remarquées lors des manifestations algériennes est certainement celle de l’humour. Les pancartes, les slogans et les accoutrements témoignent d’une créativité sans bornes et d’un sens aiguisé de l’humour.

Cependant ce trait de caractère n’est pas propre à l’Algérie : il fait partie intégrante des méthodes de revendication utilisées dans la lutte non-violente.

Sjrda Popovic considère que l’humour est un outil très puissant : « L’humour fait vraiment mal parce que ces gars-là se prennent au sérieux. Quand vous commencez à vous moquer d’eux, ça fait mal. »[65]

Selon le directeur de CANVAS, « [La créativité et l’humour sont] absolument cruciaux. L’humour et la satire, marques de fabrique d’Otpor, ont réussi à faire passer un message positif, à attirer le plus large public possible et à donner à nos adversaires - ces bureaucrates à la tête grise et carrée - un air bête et ridicule. Plus important encore, il a brisé la peur et inspiré la société serbe épuisée, déçue et apathique de la fin des années 90. »[66]

Cet humour a aussi été visible dans les pays arabes qui ont connu des mouvements de contestation. Voici quelques exemples en provenance d’Égypte.

Un autre humour, plus noir celui-ci, porte le numéro 44 et est intitulé « Simulacre de funérailles » dans le manuel de CANVAS. Il a été utilisé en Algérie le 1er mars 2019 pour simuler les funérailles du président Bouteflika drapé dans un drapeau marocain :

L’analyse des différentes actions menées lors des manifestations de la rue algérienne montre que d’autres points de la liste des « 199 méthodes d’action non-violente » de CANVAS ont été utilisés sur le terrain. Il serait cependant fastidieux de les énumérer tous dans ce travail.

Du financement récent de la NED

Après les retentissantes révélations des financements octroyés aux activistes arabes par la NED et les autres organismes d’« exportation » de la démocratie lors du « printemps » arabe, on aurait pensé que ces « banquiers de la révolte » cessent leurs activités ou, du moins, deviennent plus discrets. Il n’en est rien.

Le dernier rapport annuel de la NED, relatif à l’année 2018 et concernant l’Algérie, montre que 3 organismes algériens ont été financés (voir le tableau suivant).

Financement NED 2018 (Algérie)

Organisme

Montant ($)

Center for International Private Enterprise (CIPE)

234 669

Fédération Euro-Méditerranéenne Contre les Disparitions Forcées

30 000

Association Djazairouna

26 000

Sur le site officiel du CIPE[67], on peut lire :

« Le CIPE est l’un des quatre instituts principaux du National Endowment for Democracy et une filiale de la US Chamber of Commerce.[...] Au CIPE, nous pensons que la démocratie est à son apogée lorsque le secteur privé est en plein essor. En collaborant avec nos partenaires locaux, dont des associations professionnelles, des chambres de commerce, des groupes de réflexion, des universités et des organisations de défense des droits, le CIPE contribue à créer un environnement favorable à la prospérité des entreprises. Cela ne peut se produire que lorsque les institutions fondamentales de la démocratie sont fortes et transparentes. Nous sommes là pour aider à construire ces institutions. C’est notre mission. C’est notre force. »

Ainsi, on voit bien que le CIPE est aussi un organisme dont la mission est d’« exporter la démocratie ».

En Algérie, le CIPE est en relation avec le think tank CARE (Cercle d’Action et de Réflexion autour de l’Entreprise) :

« En Algérie, cette organisation locale est le partenaire de longue date de CIPE, CARE (le cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise), une association d’entreprises et think tank algériens. Ces consultations ont révélé que, contrairement à de nombreux pays où CIPE travaille, le consensus sur les problèmes en Algérie était proche de 100%. »[68]

La « Fédération Euro-Méditerranéenne Contre les Disparitions Forcées » (FEMED) est une organisation internationale domiciliées en France. Elle regroupe 26 associations issues de 12 pays différents. En Algérie, les associations affiliées sont le CFDA, « SOS Disparus », Djazaïrouna et Somoud[69].

La présidente de la FEMED est Nassera Dutour, la fondatrice et (actuellement) porte-parole du CFDA.

Il est inutile de rappeler que le CFDA et « SOS Disparus » ont été des membres actifs du CNCD en 2011.

Tout récemment, en marge de la révolte populaire algérienne, un collectif d’organisations a vu le jour sous le nom de « Collectif de la société civile algérienne pour une sortie de crise pacifique ». Parmi les membres de ce regroupement, on trouve : la LADDH, le RAJ, Djazaïrouna, Somoud, « SOS Disparus » et le SNAPAP[70].

Toutes ces organisations ont (ou ont eu) un lien avec la NED.

Du rôle du cyberespace dans les révoltes non-violentes

Il va sans dire que c’est l’espace réel qui est le théâtre des manifestations et que c’est dans cet espace que se gagnent les batailles contre le pouvoir en place. Voici ce que dit Sjrda Popovic à ce sujet : « La lutte non-violente se gagne dans le monde réel, dans les rues. Vous ne changerez jamais votre société vers la démocratie si vous vous asseyez et cliquez » [71].
Néanmoins, l’utilisation du cyberespace, cet espace éthéré et libéré, a permis de coordonner les efforts, d’organiser les actions à mener sur le terrain, de partager les informations et de transmettre les instructions pour que les manifestations soient conformes aux principes de base de la lutte non-violente comme expliqué précédemment.

En outre, les campagnes positive et négatives décrites auparavant ont eu lieu sur Internet, via les réseaux sociaux. À vrai dire, les actions de ce type lancées dans le cyberespace ont été plus virulentes et plus nombreuses que celles dans l’espace réel. En effet, le cyberespace ne dort pas et fait abstraction des notions de temps et de géographie. Les vidéos, les chansons, les parodies de chansons, les sketchs et les clips détournés ont été (et sont toujours) très efficaces.

À cet effet, il est important de préciser que certaines vidéos n’avaient rien d’un travail amateur. Bien au contraire, elles ont été réalisées par des professionnels et ont certainement demandé un support matériel et financier.

En ce qui concerne les instructions données aux manifestants pour se conformer aux exigences de la lutte non-violente sur le terrain, des vidéos ont été distribuées sur Internet. Par exemple, celle qui a circulé pour la préparation de la manifestation du 1er mars 2019 et intitulée « Quelques recommandations pour la marche de demain 01/03/2019...partagez mes frères »[72], donne 16 instructions. Parmi elles :

-Il est interdit d’insulter ou d’injurier
-Il faut éviter les slogans religieux / racistes / régionaux
-Toutes les formes de violence ou de vandalisme sont interdites
-Il est totalement interdit de porter des cagoules
-Toute personne doit avoir le drapeau national
-Utilisez le téléphone dans le sens de la largeur pour réaliser des vidéos de 1 à 2 minutes de la marche et envoyez-les aux pages
-Apportez des bouteilles d’eau potable + du vinaigre[73] en cas d’utilisation des gaz lacrymogènes
-Nettoyez les rues après la fin des marches
-N’oubliez pas de télécharger l’application VPN pour éviter les coupures d’Internet

Il est intéressant de noter que le début et la fin de la vidéo sont ponctués de termes qui attestent de l’appartenance à un groupe : « nos buts », « notre cause », etc.

Finalement, la vidéo se termine par une signature : le poing d’Otpor « algérianisé ».

D’ailleurs, ce poing a été utilisé dans les appels aux manifestations (tout comme en 2011) et dans les affiches et banderoles :

Cette vidéo n’est pas sans rappeler les directives similaires du « Mouvement du 6 avril » transmises via Internet ou distribuées aux manifestants sur la place Tahrir dont voici quelques exemples :

Quelques directives mises à la disposition des manifestants égyptiens (2011)

De la pérennité politique des cyberactivistes après la « révolution »

Autant la méthode de la lutte non-violente est d’une efficacité redoutable dans la destitution des autocrates, autant elle n’a aucune incidence sur la période qui s’en suit.

Dans un article sur les révolutions colorées écrit en 2007 par le journaliste Hernando Calvo Ospina dans les colonnes du Monde diplomatique, on peut lire : « Dans ces pays du "socialisme réel", la distance entre gouvernants et gouvernés facilite la tâche de la NED et de son réseau d’organisations, qui fabriquent des milliers de "dissidents" grâce aux dollars et à la publicité. Une fois le changement obtenu, la plupart d’entre eux, ainsi que leurs organisations en tout genre, disparaissent sans gloire de la circulation » [74].

Tout comme leurs « confrères » qui ont mené les révolutions colorées, les cyberactivistes arabes ont disparu de la scène politique. Leur rapide évanescence est due au fait que ces dissidents n’ont aucune « compétence » (et donc aucune utilité) dans les événements qui suivent la chute des régimes en place. Il faut comprendre que la formation des dissidents par les organismes américains d’« exportation » de la démocratie est exclusivement centrée sur l’étêtement des régimes et non sur l’action politique qui en résulte.

En Tunisie, le cyberactiviste Slim Amamou a été nommé secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports trois jours après la fuite du président Ben Ali, dans le premier gouvernement Ghannouchi[75] post-bénalien. Comme ce gouvernement comportait encore de nombreux anciens ministres du président déchu, on lui a reproché d’être un vendu[76]. Il a été fustigé sur Internet pour ne pas avoir démissionné du gouvernement comme l’ont fait d’autres membres.

En Égypte, Ahmed Maher (cofondateur du « Mouvement du 6 avril ») et Mohamed Adel ont été emprisonnés en décembre 2013 pour avoir violé une loi anti-manifestation promulguée le mois précédent [77]. En mars 2014, ils comparurent devant la cour pour faire appel de la sentence de trois ans de prison tout en accusant leurs geôliers de les avoir battus et maltraités [78]. Mais en vain : la peine infligée aux deux leaders du « Mouvement du 6 avril » a été confirmée le mois suivant [79]. Toujours sur les rives du Nil, le cyberdissident Alaa Abdelfattah vient d’être libéré après 5 ans de prison[80].

La figure de proue de la contestation yéménite, Tawakkol Karman[81], coule des jours paisibles en Turquie alors que son pays est à feu et à sang. Il faut juste préciser que son Prix Nobel n’était certainement pas étranger à son obtention de la nationalité turque.

Main dans la main : Tawakkol Karman et Hillary Clinton
Photo prise au Département d’État (Washington), le 28 octobre 2011

En Syrie, un des activistes les plus visibles dans les médias occidentaux était Radwan Ziadeh[82]. Membre du Conseil National Syrien (CNS) et financé par la NED, ce dissident syrien a failli être expulsé des États-Unis (où il vit) car sa demande d’asile avait été refusée en 2017[83].

Hillary Clinton et Radwan Ziadeh

L’analyse des événements qui ont suivi aussi bien les révolutions colorées que le « printemps » arabe montrent de manière très claire que l’idéologie de résistance individuelle non-violente développée par Gene Sharp n’est efficace — lorsqu’elle fonctionne — que dans le renversement des autocrates. Par contre, cette idéologie montre une grande faiblesse dans la mesure où elle ne répond en aucun cas à la situation de chaos qui suit ce type de bouleversement politique. Dès que le rôle attribué aux activistes s’achève, ce sont les forces politiques en place, à l’affût de tout changement majeur, qui occupent le vide créé par la disparition de l’ancien pouvoir.

Alors que la révolte tunisienne était qualifiée de jeune, dynamique et « facebookienne », le président actuel de la Tunisie est, à plus de 92 ans, le plus vieux président du monde.

En Égypte, le gouvernement de type militaire a restreint les libertés individuelles beaucoup plus que du temps du président Moubarak.

Le Yémen, la Libye et la Syrie sont des pays détruits et leurs citoyens vivent qui la violence, qui l’insécurité, qui l’exil.

Faut-il pour autant dire que les manifestations algériennes vont nous mener aux chaos ? Qu’elles n’étaient pas justifiées ? Que la jeunesse n’a pas raison de déboulonner les autocrates qui ont figé le pays dans une léthargie morbide ?

Bien sûr que non. Sauf que l’histoire montre que les révoltes non-violentes ne donnent pas les résultats escomptés car elles servent des agendas (intérieurs ou extérieurs) autres que ceux du pays. Il est donc très important de faire en sorte que cette contestation populaire soit fondamentalement intrinsèque et ne servent que l’Algérie et uniquement l’Algérie.

De l’élection à la mode du « like »

Dès le début des manifestations, les noms de personnes susceptibles de « guider le destin du pays » ont inondé le cyberespace. Les uns avançaient un pion, les autres un autre comme s’il s’agissait de voter pour un candidat de téléréalité. Aucun programme présenté, aucune vision expliquée ni aucun embryon d’agenda politique. Les messages, les photos et les vidéos partagés à satiété (probablement par des trolls cyberactivistes), propulsent certaines personnes au statut suprême de sauveur de la nation.

Et pourquoi ne pas proposer un gouvernement clés en main pendant qu’on y est ? C’est ce qui a été avancé par le Comité d’initiatives et de vigilance citoyennes (CIVIC) dans le journal El Watan tout en parachutant le directeur dudit journal au poste de Ministre de la liberté d’expression [84] ! Un nouveau ministère taillé sur mesure, n’est-ce pas ? Quand on connaît l’engagement de ce journal pour la « printanisation » des pays arabes, il y a de quoi se demander ce que deviendra l’expression même de la liberté.

Sur cette même liste apparaît un nom porté aux nues par tous les bons génies du cyberespace : M. Mustapha Bouchachi. Inconnu du grand public il y a quelques semaines à peine, le voilà catapulté aux plus hautes fonctions d’un état en devenir.

Il faut savoir que M. Bouchachi a été président de la LADDH de 2007 à 2012 et que les rapports de NED montrent que cette ligue a été financée pendant sa présidence.

D’autre part, son prédécesseur à la tête de la LADDH, M. Hocine Zahouane, l’a accusé d’être en relation avec le Département d’État américain : [85]

« M. Bouchachi a été convoqué par le département américain des affaires étrangères pour faire un voyage en Turquie et à Oman afin d’assister aux explications fournies par Condoleezza Rice et Saoud Al Fayçal sur la politique américaine sur le Grand Moyen-Orient. »[86]

Dans ce gouvernement fictif, le portefeuille de la Culture et des Arts revient à nul autre que l’écrivain Kamel Daoud. Celui-là même qui avait traité ses compatriotes de « violeurs en puissance » dans l’affaire de Cologne et qui s’était posé la question « En quoi les musulmans sont-ils utiles à l’humanité ? »[87] ne cesse d’encenser les manifestants en mettant en exergue leur politesse, leur ordre, leur sens écologique, le respect des autres et, surtout, l’inexistence de harcèlement sexuel lors des manifestations[88]. N’avait-il pas affirmé que « le monde dit « arabe » est le poids mort du reste de l’humanité » ? Et de quelle culture va-t-il être le défenseur et le promoteur ? Celle qu’il dénigrait naguère ?

Ces trois personnes mentionnées précédemment ne sont évidemment pas les seules dont les noms et les vidéos sillonnent le cyberespace, bien au contraire. D’anciens membres du CNCD ainsi que de notoires islamistes sont sortis de leur hibernation politique, surfant sur la vague de la contestation et se trémoussant sur les flonflons des « Irhal » et « Dégage ».

Les médias sociaux nous ont aussi inondé de « candidatures » étonnantes comme celles d’animateurs de talk-shows ou des commentateurs sportifs comme si la capacité à gérer un pays se mesurait avec la vigueur des onomatopées émises lorsqu’un but est marqué.

Alors que l’Algérie vit des moments critiques, cette course aux fauteuils et ce retournement de veste conjoncturel est bassement indécent. On ne peut pas critiquer un système électoral basé sur la « chkara »[89] et le remplacer par un autre basé sur le « like ».

Conclusion

Les manifestations pacifiques qui ont secoué notre pays et qui ont ébranlé le « système » délétère qui le gouvernait ont montré un visage très positif de notre jeunesse. Réussir à « dégager » un pouvoir politique moribond dans la joie et la bonne humeur, sans aucun incident notable, est non seulement exemplaire, mais aussi salutaire pour l’avenir de l’Algérie.

Cependant, le modus operandi de ces manifestations conforme aux principes fondamentaux de la lutte non-violente de CANVAS montre que 19 ans après la Serbie et 8 ans après le début du « printemps » arabe, l’Algérie connait à son tour une révolution colorée. Ce mode opératoire témoigne ainsi de l’existence d’un groupe de cyberactivistes formé par des officines d’« exportation de la démocratie » et actif aussi bien dans l’espace que dans le cyberespace.

Et la seule réponse à cette affiche :

est le célèbre tableau de René Magritte :

Ce groupe, ainsi que certaines ONG algériennes, doivent comprendre que le fait d’œuvrer pour des intérêts autres que ceux de son pays ne peut mener qu’au chaos et les exemples sont nombreux.

Lorsqu’en 2000, on demanda à un jeune militant serbe d’Otpor son avis sur les États-Unis — qui avaient aidé et formé le mouvement —, il répondit qu’il était contre ce pays, mais que ça ne le gênait pas trop d’être partiellement contrôlé par la CIA[90]. Ce point de vue diffère légèrement de celui de Slim Amamou qui, lui aussi, avait reconnu avoir été aidé par les Américains mais qu’il « se foutait complètement » de la CIA[91].

Quelle naïveté ! Les financements octroyés par ces organismes « démocratisants » n’ont rien de philanthropiques, mais profitent aux pays donateurs. Une fois que les gens acceptent l’argent, ils acceptent aussi les conditions qui l’accompagnent.

Selon plusieurs observateurs, ces intérêts pour lesquels travaillent les cyberactivistes peuvent être aussi bien intérieurs qu’extérieurs (ou une combinaison des deux). Dans tous les cas, l’intérêt de notre pays doit être placé au-dessus de toute autre considération.

L’analyse des « révolutions » non-violentes dans les autres pays indique que la phase qui suit celle de la chute du pouvoir est beaucoup plus cruciale que la précédente. C’est d’elle que dépend la réussite ou l’échec d’une révolte. L’arrogance, l’entêtement et l’obstination sont de très mauvais conseillers dans cette période.

Faisons en sorte que ce soulèvement populaire soit un vif succès, pour qu’une Algérie nouvelle apparaisse. Une Algérie pleine de promesses pour un peuple qui a tant espéré.

Ahmed Bensaada

»» http://www.ahmedbensaada.com/index....

[1] Chamseddine Bouzghala, « "Poetic protest", histoire d’une photo qui a marqué la mobilisation algérienne », France 24, le 9 mars 2019, https://www.france24.com/fr/20190309-poetic-protest-photo-danseuse-mobilisation-algerienne

[2] Khalid Mesfioui, « Manif anti-système à Alger : ce beau couple qui a dansé sous la pluie », Le 360, le 23 mars 2019, http://fr.le360.ma/monde/video-manif-anti-systeme-a-alger-ce-beau-couple-qui-a-danse-sous-la-pluie-186597

[3] G. Sussman et S. Krader, « Template Revolutions : Marketing U.S. Regime Change in Eastern Europe », Westminster Papers in Communication and Culture, University of Westminster, London, vol. 5, n° 3, 2008, p. 91-112, http://www.westminster.ac.uk/data/assets/pdf_file/0011/20009/WPCC-Vol5-No3-Gerald_Sussman_Sascha_Krader.pdf

[4] Lire, par exemple, Ian Traynor, « US campaign behind the turmoil in Kiev », The Guardian, 26 novembre 2004, http://www.guardian. co.uk/world/2004/nov/26/ ukraine.usa

[5] Voir l’excellent documentaire de Manon Loizeau, « États-Unis à la conquête de l’Est », 2005. Il peut être visionné à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=4NOdoOQsouE

[6] Pour plus de détails, lire Ahmed Bensaada, « Arabesque$ - Enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes », Ed. Investig’Action, Bruxelles (Belgique), 2015 – Ed. ANEP, Alger (Algérie), 2016, Chapitre 2 : Les révolutions colorées.

[7] F. William Engdahl, « Géopolitique et “révolutions des couleurs” contre la tyrannie », Horizons et débats, n° 33, octobre 2005, http://www.horizons-et-debats.ch/33/33_16.htm

[8] Michael Barker, « Activist Education at the Albert Einstein Institution : A Critical Examination of Elite Cooption of Civil Disobedience », Indymedia, 21 juillet 2012, http://www.indymedia.ie/article/102162

[9] National Endowment for Democracy (NED), « Idea to Reality : NED at 25 », http://www.ned.org/about/history

[10] Ruaridh Arrow, « Gene Sharp : Author of the nonviolent revolution rulebook », BBC, 21 février 2011, http://www.bbc.co.uk/news/world-middle-east-12522848

[11] Mikael Holter, « Peace Institute Says Nobel Rankings Favor Sharp, Echo of Moscow », Bloomberg, 2 octobre 2012, http://www.bloom berg.com/news/2012-10-02/peace-institute-says-nobel-rankings-favor-sharp-echo-of-moscow.html

[12] TVC, « Academic Gene Sharp nominated for Nobel Peace Prize », 9 octobre 2013, http://www.tvcnews.tv/?q=article/academic-gene-sharp-nominated-nobel-peace-prize

[13] Michael Barker, Op. Cit.

[14] Maidhc Ó. Cathail, « The Junk Bond “Teflon Guy” Behind Egypt’s Nonviolent Revolution », Dissident Voice, 16 février 2011, http://dissidentvoice.org/2011/02/the-junk-bond-%E2%80%9Cteflon-guy%E2% 80%9D-behind-egypt%E2%80%99s-nonviolent-revolution/

[15] Disponible en plusieurs langues (dont l’arabe et le farsi), ce manuel est téléchargeable gratuitement à partir du site officiel de CANVAS

[16] Slovodan Naumovic, « Otpor ! Et « La révolution électorale » en Serbie », Socio-anthropologie, 2009, N°23-24, p. 41-73, https://journals.openedition.org/socio-anthropologie/1248

[17] Ahmed Bensaada, « Liban 2005-2015 : d’une « révolution » colorée à l’autre », 14 septembre 2015, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=323:liban-2005-2015-dune-l-revolution-r-coloree-a-une-autre&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[18] Bryan Farrell et Eric Stoner, « How We Brought Down a Dictator », Yes ! Magazine, 7 octobre 2010, https://www.yesmagazine.org/peace-justice/how-we-brought-down-a-dictator

[19] Slovodan Naumovic, Op. Cit.

[20] William J. Dobson, « The Dictator’s Learning Curve : Inside the Global Battle for Democracy », Random House Canada Limited, Toronto, 2012

[21] Eva Golinger, « La grève de la faim à la mode de Washington », Mondialisation.ca, 2 mars 2011, http://www.mondialisation.ca/index.php ? context=va&aid=23482

[22] Pour plus de détails, lire un des livres de Ahmed Bensaada : « Arabesque américaine - le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe », Éd. Michel Brulé, Montréal (Canada), 2011, « Arabesque$ - Enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes », Ed. Investig’Action, Bruxelles (Belgique), 2015 – Ed. ANEP, Alger (Algérie), 2016.

[23] « Wael Ghonim : Creating A ’Revolution 2.0’ In Egypt », NPR, 9 février 2012, https://www.npr.org/2012/02/09/146636605/wael-ghonim-creating-a-revolution-2-0-in-egypt

[24] Pierre Boisselet, « La “ligue arabe” du Net », Jeune Afrique, 15 mars 2011, http://www.jeuneafrique.com/192403/politique/la-ligue-arabe-du-net/

[25] Pour de plus amples informations, lire Ahmed Bensaada, « Arabesque$ - Enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes », Ed. Investig’Action, Bruxelles (Belgique), 2015 – Ed. ANEP, Alger (Algérie), 2016, Chapitre 3 : Les nouvelles technologies.

[26] Heinrich-Böll-Stiftung, « Second Arab Bloggers Meeting 2009 », 8-12 décembre 2009, http://lb.boell.org/en/2014/03/03/second-arab-bloggers-meeting-statehood-participation

À noter que cette formation a été cofinancée par l’OSI de G. Soros

[27] Pour voir les photos du « Second Arab Bloggers Meeting 2009 », https://www.flickr.com/groups/1272165@N24/pool/with/4193262712/

[28] Ahmed Bensaada, « Les États-Unis et le « printemps » arabe », Politis (n°2, pp. 59-61, Octobre-Novembre 2011), http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=147:les-etats-unis-et-le-l-printemps-arabe-r&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[29] Movements.org, « About » http://www.movements.org/movements/pages/about/

[30] « Hillary Clinton milite pour la liberté sur Internet », Le Monde, 16 février 2011, http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/02/16/hillary-clinton-militepour-la-liberte-sur-internet_1480855_651865.html

[31] Fondé par Ahmed Maher et Israa Abdel Fattah, le « Mouvement du 6 Avril », a été le fer de lance de la contestation populaire en Égypte et le principal artisan de la chute de Hosni Moubarak.

[32] Al Jazeera, « People & Power — Egypt : Seeds of change », 9 février 2011, http://www.youtube.com/watch?v=QrNz0dZgqN8&feature=player_ embedded

[33] Ibid.

[34] Tomas Lundin, « La révolution qui venait de Serbie », Svenska Dagbladet, 2 mars 2011, http://www.presseurop.eu/fr/content/article/522941-la-revolution-qui-venait-de-serbie

[35] Sofia Amara, « Monde arabe : onde de choc », Canal + (Spécial Investigation, 52 min), 2011.

[36] Algeria Watch, « Pour une Coordination nationale pour le changement et la démocratie : Communiqué », 23 janvier 2011, https://algeria-watch.org/?p=34161

[37] Sourcewatch, « Algerian League for the Defense of Human Rights », http://www.sourcewatch.org/index.php?title=Algerian_League_for_the_Defense_of_Human_Rights

[38] Ibid.

[39] NED, « Algeria », 2005 Annual Report, http://www.ned.org/publications/annual-reports/2005-annual-report/middle-east-and-north-africa/description-of-2005-gra-1

[40] NED, « Algeria », 2006 Annual Report, http://www.ned.org/publications/annual-reports/2006-annual-report/middle-east-and-northern-africa/description-of-2006--1

[41] NED, « Algeria », 2010 Annual Report, http://www.ned.org/publications/annual-reports/2010-annual-report/middle-east-and-north-africa/algeria

[42] Solidarity Center, « Algeria », http://www.solidaritycenter.org/content.asp?pl=863&sl=407&contentid=861

[43] Cathy Feingold, « Letter from AFL-CIO International Director Cathy Feingold to Algerian President Abdelaziz Bouteflika, », 4 mars 2011, http://www.solidaritycenter.org/files/algeria_cflettertobouteflika030411.pdf

[44] Cathy Feingold, « Letter from AFL-CIO International Director Cathy Feingold to Algerian President Abdelaziz Bouteflika », 14 octobre 2011, http://www.solidaritycenter.org/files/algeria_cfletter101411.pdf

[45] WikiLeaks, « Câble 07ALGIERS1806 », http://wikileaks.mediapart.fr/cable/2007/12/07ALGIERS1806.html

[46] Twitter, « Fodil Boumala », https://twitter.com/FodilBoumala1

[47] Conférence « Le printemps arabe, un an après : révolte, ingérence et islamisme », Université du Québec à Montréal, 20 janvier 2012, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=152:conference-q-le-printemps-arabe-un-an-apres-revolte-ingerence-et-islamismeq&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[48] e-Joussour, « SOS disparus », http://www.e-joussour.net/node/1104

[49] Collectif des Familles de Disparu(e)s en Algérie (CFDA), « Historique et présentation », http://www.algerie-disparus.org/index.php?option=com_content&view=category&layout=blog&id=20&Itemid=131

[50]Appel de la « Coalition d’associations de victimes des années 1990 », 8 octobre 2011, https://www.ldh-france.org/wp-content/uploads/IMG/pdf/cp-marche-declaration.pdf

[51] Adlène Meddi, « Algérie : les victimes des violences des années 1990 élaborent une contre-charte », El Watan, 24 septembre 2010, https://histoirecoloniale.net/Algerie-les-victimes-des-violences.html

[52] NED, « Algeria », 2011 Annual Report

[53] Régis Genté et Laurent Rouy, « Dans l’ombre des “révolutions spontanées” », Le Monde diplomatique, janvier 2005, http://www.monde-diplomatique.fr/2005/01/GENTE/11838

[54] G. Sussman et S. Krader, Op. Cit.

[55] Tina Rosenberg, « Revolution U », Foreign Policy, 16 février 2011, http://www.foreignpolicy.com/articles/2011/02/16/revolution_u

[56] TEDxKrakow, « Srdja Popovic - How to topple a dictator », YouTube, 22 novembre 2011, https://www.youtube.com/watch?v=Z3Cd-oEvEog

[57] Michaël Béchir Ayari , « En Algérie, la rue met le pouvoir face à ses contradictions », ICG, 7 mars 2019, https://www.crisisgroup.org/fr/middle-east-north-africa/north-africa/algeria/en-algerie-la-rue-met-le-pouvoir-face-ses-contradictions

[58] Heinrich-Böll-Stiftung, « Second Arab Bloggers Meeting 2009 », Op, Cit.

[59] Algérie-Focus, « Interview de Slim404, le blogueur tunisien devenu ministre », 28 juin 2011, http://www.youtube.com/watch?v=t9nr-TMKx1c&feature=player_embedded

[60] David D. Kirkpatrick et David E. Sanger, « A Tunisian-Egyptian Link That Shook Arab History », New York Times, 13 février 2011, http://www.nytimes.com/2011/02/14/world/middleeast/14egypt-tunisia-protests.html?pagewanted=1&_r=2

[61] Sofia Amara, « Monde arabe : onde de choc », Op. Cit.

[62] Slovodan Naumovic, « Otpor ! Et « La révolution électorale » en Serbie », Op. Cit.

[63] Kandelaki, G. and G. Meladze, « Enough ! Kmara and the Rose Revolution in Georgia ». In Joerg Forbrig and Pavol Demeš (Eds.), Reclaiming Democracy. Civil society and Electoral Change in Central and Eastern Europe. Pp. 101- 125. Washington DC (2007), http://georgica.tsu.edu.ge/files/01-Politics/Rose%20revolution/Kandelaki&Meladze-d.u.pdf

[64] Bryan Farrell et Eric Stoner, « How We Brought Down a Dictator », Op. Cit.

[65] TEDxKrakow, « Srdja Popovic - How to topple a dictator », Op. Cit.

[66] Bryan Farrell et Eric Stoner, « How We Brought Down a Dictator », Op. Cit.

[67] Center for International Private Enterprise (CIPE), https://www.cipe.org/

[68] CIPE, « Algeria », https://www.cipe.org/projects/algeria/

[69] FEMED, « Associations algériennes membres de la FEMED », https://www.disparitions-euromed.org/fr/content/les-associations-alg%C3%A9riennes-membres-de-la-femed

[70] El Watan, « Collectif de la société civile algérienne pour une sortie de crise pacifique : Feuille de route pour l’instauration de la nouvelle République », 20 mars 2019, https://www.elwatan.com/edition/actualite/collectif-de-la-societe-civile-algerienne-pour-une-sortie-de-crise-pacifique-feuille-de-route-pour-linstauration-de-la-nouvelle-republique-20-03-2019

[71] TEDxKrakow, « Srdja Popovic - How to topple a dictator », Op. Cit.

[72] YouTube, « Quelques recommandations pour la marche de demain 01/03/2019...partagez mes frères », mise en ligne le 28 février 2019, https://www.youtube.com/watch?v=csqyMPGIOKs

[73] Remarque : la 7e directive concernant le vinaigre pour se protéger des gaz lacrymogènes avait été une recommandation des cyberactivistes tunisiens aux cyberactivistes égyptiens comme le rapportent Kirkpatrick et Sanger, Op. Cit.

[74] Hernando Calvo Ospina, « Quand une respectable fondation prend le relai de la CIA », Le Monde diplomatique, juillet 2007

[75] Mohamed Ghannouchi était premier ministre du gouvernement tunisien sous la présidence de Ben Ali.

[76] Lea-Lisa Westerhoff, « Slim Amamou : Ministre gazouilleur », Écrans, 10 février 2011, http://www.ecrans.fr/Ministre-gazouilleur,11973.html

[77] Laura King et Amro Hassan, « 3 prominent Egyptian activists say they have been abused in prison », Los Angeles Times, 10 mars 2014, http://www.latimes.com/world/worldnow/la-fg-wn-egypt-activists-abuse-20140310-story.html#axzz2vne85KIB

[78] Ibid.

[79] AFP, « En Égypte, peines de prison confirmées pour plusieurs figures de la révolte de 2011 », Libération, 7 avril 2014, http://www.liberation.fr/monde/2014/04/07/en-egypte-peines-de-prison-confirmees-pour-plusieurs-figures-de-la-revolte-de-2011_993736

[80] Egypt Today, « Activist Alaa Abdel Fattah released after 5 years in prison », 29 mars 2019, https://www.egypttoday.com/Article/2/67644/Activist-Alaa-Abdel-Fattah-released-after-5-years-in-prison

[81] Pour plus de détails, lire Ahmed Bensaada, « Arabesque$ - Enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes », Ed. Investig’Action, Bruxelles (Belgique), 2015 – Ed. ANEP, Alger (Algérie), 2016, pp. 132-14

[82] Ibid, pp. 148-158

[83] The Washington Post, « Syrian activist was State Dept. ally ; now US won’t grant him asylum », 2 juillet 2017, https://www.recordonline.com/opinion/20170702/syrian-activist-was-state-dept-ally-now-us-wont-grant-him-asylum

[84] Nazef Ali , « Amendement et mise en œuvre de l’appel du CIVIC », El Watan, 27 mars 2019, https://www.elwatan.com/edition/contributions/amendement-et-mise-en-oeuvre-de-lappel-du-civic-27-03-2019

[86] Tahar Fattani, « Zehouane s’en prend au FFS l’accusant d’instrumaliser les droits de l’homme », L’expression, le 21 mars 2010, https://www.djazairess.com/fr/lexpression/74347

[87] Pour plus de détails, lire Ahmed Bensaada, « Kamel Daoud, Cologne contre-enquête », Ed. Frantz Fanon, Alger, 2016

[88] France Inter, « Kamel Daoud livre son analyse des manifestations en Algérie et sur le régime Bouteflika », 8 mars 2019, https://www.youtube.com/watch?v=KDBaCmlwxk4

[89] Étymologiquement « le sac ». Ce terme réfère à la corruption.

[90] Gérard Mugemangando et Michel Collon, « “Être en partie contrôlé par la CIA ? Ça ne me dérange pas trop” », Investig’Action, 1er octobre 2000, http://michelcollon.info/Etre-en-partie-controle-par-la-CIA.html

[91] Algérie-Focus, « Interview de Slim404, le blogueur tunisien devenu ministre », Op. Cit.


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