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Guiyu, la ville aux chiffonniers de l’électronique

Image : Guiyu

Mourir à date fixe : le profit par péremption

«  La réparation vous coûtera aussi cher qu’un appareil neuf », «  désolé mais c’est irréparable », «  ce portable est has-been, tu devrais t’en acheter un neuf »… Ces réflexions courantes sont des avatars de «  l’obsolescence programmée » : un processus par lequel un bien tombe en désuétude pour son utilisateur, parce qu’il est tombé en panne, ou parce qu’il n’est simplement plus «  à la mode ». Cette «  obsolescence programmée » est analysée dans un rapport récemment publié par les Amis de la terre et le Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid [site suspendu. Autre lien en rapport : https://www.fournisseur-energie.com/actualites/dechets-les-enjeux/ - NdR]). Elle est née avec la révolution industrielle et la généralisation du modèle productiviste. Cette philosophie du «  toujours moins bien pour toujours plus » multiplie les astuces visant à rendre un appareil obsolète afin qu’il soit rapidement remplacé par un nouveau produit. Et cette stratégie est clairement planifiée par les marques industrielles. Bastamag, Chris Jordan

On crée maintenant des objets, des programmes, des outils, qui meurent à date fixe… L’ère de l’irréparable. Ou alors, les coûts de réparations sont plus élevés que l’appareil.

Dans le domaine des appareils ménagers, on n’a rien ménagé pour qu’ils ne durent pas. Le bon vieux lave-vaisselle qui durait 25 ans, n’en a plus que pour dix ou 12.

On fabrique de manière immorale en créant des modèles sciemment compliqués, aux pièces souvent imbriquées, de sorte qu’un pièce n’est plus remplaçable. On s’arrange pour qu’ils soient de moins en moins démontables.

Adieu le vieux frigo des années 50, dont certains ronronnent encore.

Le temps et l’argent…

Il fut un temps où les couples achetaient leur «  ménage » pour la vie. Ou presque… Mémé et Pépé mouraient avec leur vieux stock. Maintenant, c’est le vieux stock qui meure trois ou quatre fois.

L’art de fouetter les ventes…

Tout ça par la culture de l’obsolescence…

«  En 2010, un Français achète environ six fois plus d’équipements électriques et électroniques qu’au début des années 1990 et chacun se débarrasse annuellement de 16 à 20 kg de déchets électriques et électroniques »…

L’obsolescence programmée s’appuie aussi sur le besoin de renouvellement perpétuel : l’importance d’être à la mode, alimentée par l’arrivée incessante de nouveaux objets, qui chassent les anciens. Le dernier Ipad rend archaïque les récents smartphones qui eux-mêmes transforment le baladeur MP3 en objet préhistorique. «  L’obsolescence technique incite également les clients au remplacement plutôt qu’à la réparation », confirme Darty, interrogé par l’enquête conjointe des Amis de la Terre et du Cniid. Bastamag, Chris Jordan

Des montagnes de déchets

«  Malgré une interdiction des importations de déchets électroniques, la Chine demeure la décharge des pays développés », souligne aussi le document. Mais désormais, le pays doit aussi faire face à la demande intérieure. A elle seule, la Chine produit déjà environ 2,3 millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) par an, uniquement devancée par les Etats-Unis, qui en produisent 3 millions.

Le phénomène devrait aussi se poursuivre durant les dix prochaines années dans les pays étudiés par le PNUE. En 2020, la quantité de déchets électroniques liés aux seuls ordinateurs hors d’usage devrait bondir de 500 % en Inde, entre 200 et 400 % en Afrique du Sud ou en Chine, par rapport au niveau de 2007. En Chine, les déchets liés aux terminaux mobiles seront par ailleurs 7 fois plus nombreux qu’en 2007, et 18 fois plus nombreux en Inde. Le nombre de déchets liés aux téléviseurs ou aux réfrigérateurs devraient aussi doubler en dix ans en Inde et en Chine. Source

Les chiffonniers du 21ième siècle

Près de 100 000 travailleurs migrants désossent, trient et brûlent les produits informatiques dans des conditions proches de l’esclavage. Sans protection et pour 2 dollars par jour ils mettent leur vie en péril notamment en respirant des substances nocives. Ouvaton,org

Ce qui donne de l’emploi aux …démunis. Et dans des conditions plus qu’insalubres. Une nouvelle race de travailleurs est née : les chiffonniers de l’électronique. Mais les produits recyclables étant de plus en plus «  pauvres », il est de plus en plus difficile de recycler.

Le pire du pire est la décharge où se «  recyclent » les derniers morceaux des ordinateurs. Ils sont payés entre 500 et 600 kuais par mois (50 à 60 euros). 80% des enfants sont atteints d’insuffisante respiratoire et de saturnisme. Les gens sont obligés aussi d’acheter de l’eau en dehors. Ouvaton,org

Guiyu, Chine : le plus grand dépotoir de l’électronique du monde


La ville de Guiyu (Chine) possède 5,500 entreprises de recyclage de matériel électronique (ordinateurs, cellulaires etc). Ces entreprises récupèrent annuellement 1.5 million de livres de composantes.

Cela, au prix d’empoisonnement au plomb, d’un taux de
cancer et de fausse couche anormalement élevé.

80% du matériel provient de l’extérieur du pays.

Gaëtan Pelletier La Vidure

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