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Gouvernements et marchés : et si on les faisait chanter ?

Puisque la Grèce a capitulé et que monsieur Hollande trahit déjà ses promesses, les peuples de l’Europe doivent désormais se considérer comme seuls pour stopper la machine infernale qui se prépare à broyer les restes de nos déjà piètres conditions d’existence. La tâche ne sera pas aisée et les possibilités d’actions sont limitées, mais nous sommes et resterons quoiqu’il advienne les maîtres de notre destinée- si toutefois nous voulons bien nous donner la peine de nous en rendre compte.

Maintenant, il s’agit de recenser les options qui nous restent, et ne pas se tromper sur la manière de les utiliser.

 la grève générale : Le problème de la grève générale est qu’elle nuit assez rapidement à ceux-là mêmes qui la conduisent, et qu’elle est très mal perçue par ceux qui ne la suivent pas. De plus, le service minimum a considérablement amoindri la force de la grève. Pour fonctionner, elle doit donc être massive, et massivement soutenue, c’est-à -dire très bien organisée.

 les manifestations : les événements récents nous ont montré que même massives elles ne sont d’aucune utilité, et que la durée ou la répétition de celles-ci servent en réalité à permettre un durcissement du conflit qui débouche à terme sur de la répression.

 l’Assemblée Constituante : elle est pour moi le moyen de lutte le plus cohérent en même temps que le plus pacifique, mais prend du temps et demande une implication constante de la part des citoyens. Elle doit s’organiser sur le long terme et parallèlement à d’autres formes de lutte, et surtout n’être pas contrôlée par un pouvoir qui lui retirerait toute sa légitimité.

 Le référendum d’initiative (vraiment) citoyenne : entre réalité théorique et utopie réalisable, le RIC est un outil formidable qui n’a malheureusement aucune chance d’être mis en place par le gouvernement actuel, car il le mettrait en défaut à coup sûr. Pour qu’il soit légitime, il doit être organisé sur toute l’Europe, ce qui implique une organisation très lourde et une solidarité sans faille entre toutes les composantes nationales de ce genre de projets.

 le coup d’Etat : il est bien évident qu’un coup d’Etat ne peut qu’être vecteur de violences et de divisions, et l’illégitimité d’un tel acte est évidente. Il n’est pas besoin d’aller plus loin pour écarter cette option dont personne ne sortirait gagnant.

 la négociation syndicale : il faut être clair là -dessus aussi, il n’y a pas plus à attendre de ce côté-là que de celui du gouvernement, étant donné que c’est le même côté…

 le boycott : le boycott est une forme de lutte commerciale qui peut avoir des effets importants sur le long terme, mais ils sont assez imprécis lorsqu’il s’agit d’un refus global des grandes firmes qui imposent leurs prix à toute la chaîne de production, car elles détiennent à quelques unes pratiquement l’ensemble de la production, ce qui fait qu’à moins de se priver de presque tout, il favorisera inévitablement l’une ou l’autre de ces grandes firmes

 le bankrun : nous avons un peu trop vite oublié la terreur qu’a provoquée cette rumeur lorsqu’elle est venue jusqu’aux oreilles des gouvernements alors en place. Elle n’était pas feinte, car la réalisation d’une telle option remettrait en cause tout l’échafaudage construit par ceux qui organisent le sauvetage des riches. Mais dangereuse, sachant que nous n’avons absolument aucune idée des conséquences d’une telle action.

 le lobbyisme : là aussi un travail de longue haleine, mais qui risque de faire plus de mal que de bien. Jouer le jeu du lobbyisme c’est entrer dans un processus jamais très éloigné de la corruption, et dans lequel la loi capitaliste s’applique pleinement. On peut y perdre non seulement son âme, mais aussi son objectif.

 l’émigration : la situation de l’Europe et ses perspectives économiques étant chaque jour revues à la baisse, il peut être temps de cesser de stigmatiser les immigrés pour penser nous-mêmes à l’émigration, vers les pays «  qui montent » en allant chercher les meilleures conditions de travail là où elles s’améliorent, sachant bien qu’à un moment donné elles se rejoindront avant de se séparer à nouveau, dans l’autre sens.

 la soumission : reste cette option ultime, attendre 5 ans en rongeant son frein, et puis espérer encore que le futur gouvernement ne fasse pas pire que le précédent… Rien de bien certain.

J’oublie certainement certaines options, que peut-être certains commentateurs avertis me rappelleront, mais vous aurez compris qu’à mes yeux la plupart des options sont inutilisables ou inefficaces, et qu’il ne reste donc que celles qui concernent le RIC et l’Assemblée Constituante pour le long terme, et le bankrun ou la grève générale pour ce qui est du court terme. Les deux premières étant l’objectif à atteindre, les deux secondes pourraient être le moyen d’y parvenir. Car en menaçant d’un bankrun assez large pour effrayer les banquiers, en organisant «  autrement » la grève générale, nous pourrions ainsi atteindre la mise en place des réformes structurelles indispensables à la sauvegarde de la démocratie en même temps que les conditions d’application réelle de la volonté des peuples.

Puisqu’ils ne veulent pas nous écouter ni tenir leurs promesses, rappelons-leur qu’il ne doivent leur puissance qu’à notre volonté. Que la rumeur fasse son chemin, et que d’autres choisissent et la date et le lieu pour se retrouver. Et retrouvons-nous.

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr

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RÉSISTANCES AU TRAVAIL
BOUQUIN, Stephen
Stephen Bouquin (coordination) Louis-Marie Barnier, José Calderón, Pascal Depoorter, Isabelle Farcy, Djordje Kuzmanovic, Emmanuelle Lada, Thomas Rothé, Mélanie Roussel, Bruno Scacciatelli, Paul Stewart Rares sont les romans, même de science-fiction, fondés sur l’invraisemblance. Il en est de même avec les enquêtes en sciences sociales. Il existe néanmoins des vraisemblances négligées. Les résistances au travail en font partie. Le management contemporain a beau exalter l’individualisme, (…)
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"Bon, j’imagine que vous ne pouvez tout de même pas tuer vos subordonnés"

seule réponse fournie par les élèves d’une école de commerce de Philadelphie
lorsque le professeur demanda à ses élèves de lui donner un exemple de
comportement repréhensible dans une entreprise.

Cité par Serge Halimi, dans le Monde Diplomatique de février 2005, page 2

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