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Ganzouri ... La punition pour tout le monde (Dar Al Hayat)

Illustration : Habib Haddad

Certains se sont posé la question : de savoir pourquoi la révolution en Tunisie a réussi, alors que la Révolution égyptienne continue à échouer. Une réponse convaincante ne devrait pas se limiter au fait que la Tunisie a choisi "une constitution d’abord", tandis que l’Egypte se dirige vers "des élections législatives d’abord", parce que la crainte des forces égyptiennes laïques que des islamistes obtiennent la majorité parlementaire s’est effectivement réalisée en Tunisie, où les islamistes ont surgi au premier plan, malgré "une constitution d’abord". Il existe donc d’autres raisons qui ont fait que la Tunisie avance dans le processus politique et récolte les fruits de la Révolution, tandis que l’Egypte en arrive à un moment où elle cherche en vain une issue jusqu’à présent.

Les élections égyptiennes, qui commencent aujourd’hui, peuvent représenter un moyen de sortir d’une partie de la crise politique, mais elles ne vont certainement pas y mettre un terme, et en fait il existe des craintes qu’elles n’empire. Et c’est quand on cherche d’autres façons d’en sortir et de trouver des solutions raisonnables que les soucis majeurs surviennent - c’est le fait qu’aucune solution ne sera trouvée avec l’approbation de toutes les parties, et que certains continueront à les rejeter et à s’y opposer. Ainsi, la crise va s’aggraver, les problèmes vont devenir de plus en plus complexes et la boule de neige va augmenter de taille. Les Egyptiens disent souvent que leur révolution a fait ressortir le meilleur en eux, et cela est vrai. Mais elle a aussi fait ressortir le pire ! Et peut-être ce qui a le plus résulté des crises successives qui ont eu lieu depuis que la Révolution a éclaté le 25 Janvier, c’est l’absence de confiance entre la plupart des acteurs. En effet, aucun n’est plus rassuré de ce qui émane des autres parties en termes de décisions, de déclarations et de promesses, demeurant convaincu que les positions exprimées par ces parties diffèrent de leurs positions réelles. Ce qui accroît l’effet de l’absence de confiance est le fait que chaque partie se comporte comme si elle était la seule ayant de l’influence, et comme si les parties restantes n’avaient aucune influence du tout ! Lorsque l’on observe les positions de toutes les parties du jeu politique, on trouve qu’il n’y a aucune exception à cette règle. En effet, le Conseil militaire se comporte sans aucune considération pour les réactions des forces politiques de différentes lignes, et imagine que chaque décision, mesure, déclaration et modification de la Constitution qu’il ferait devrait être acceptée et bien accueillie. Même quand il rencontre des personnalités de l’opposition, des forces politiques ou des coalitions de jeunes pour discuter de quelque chose, il en ressort à la fin avec une décision qui contredit les demandes faites par la majorité des personnes présentes, si ce ne sont pas toutes ! Il est vrai que l’armée a parfois cherché à satisfaire telle ou telle partie, afin d’éviter une réaction qui renverserait la situation
ou compliquerait les choses, en étant seulement surprise que d’autres parties expriment leur rejet, mais le style de l’armée dans la gestion de la période de transition a mis toutes les parties en colère. Et ce n’est pas uniquement qu’ils soient insatisfaits de la façon dont elle a géré la période de transition, alors qu’ils ont également ressenti des doute sur ses intentions, se méfiant de ses positions, et de peur d’une "manigance" qui pourrait avoir pour but ultime de garder l’armée au pouvoir pour toujours !

Les Islamistes des différents groupes et partis, pour leur part, considèrent que leur "religiosité" devrait être suffisante pour rassurer les autres forces. Ainsi, les Coptes, par exemple, devraient être rassurés, car ils ne trouveront rien de mieux que le règne des islamistes ! D’autre part, un aspect de la crise égyptienne est relié aux craintes de nombreux mouvements qui ont fini par être appelé "les forces laïques" - les craintes que les islamistes ne contrôlent à l’avenir complètement le parlement, et par conséquent le gouvernement. Ces mêmes forces laïques se comportent parfois sans considération pour le fait qu’il y ait un mouvement islamiste qui jouit d’une popularité notable dans la rue, et ont donc affiché des sentiments contradictoires, entre leur désir que les militaires quittent le pouvoir et que les élections parlementaires soient retardées, de sorte qu’ils pourraient se connecter avec la rue pendant un moment et gagner la capacité de rivaliser avec les islamistes ! Peut-être la mesure prise par les forces laïques, qui ont une grande influence sur la place Tahrir maintenant, et à laquelle la plupart de ceux présents place Tahrir sont affiliées, de former un "gouvernement de salut national", composé de noms que les islamistes n’approuvent pas, constitue une démonstration d’une telle analyse. Sinon, qu’arriverait-il si les islamistes prenaient la décision d’organiser une marche d’un million de participants sur la place Tahrir ou sur toute autre pace et annonçaient la formation d’un "gouvernement de salut islamiste" pour affronter les "forces de gouvernement laïc" ? (.

Telle est la situation : chaque partie agit en son propre sans considération pour les circonstances, les peurs et l’influence des autres parties, et sans prendre soin d’atteindre des consensus, comme ils en avaient tous convenu auparavant pour renverser le régime de Moubarak. Ce n’est pas un secret que l’armée a cherché à sélectionner un premier ministre d’un gouvernement de salut national qui recueillerait l’approbation de toutes les parties, mais cela a échoué. En effet, chaque fois qu’elle se serait renseignée sur un certain nom, elle aurait trouvé ceux qui s’y opposent au point de faire des menaces. La punition pour tout le monde a donc été la nomination du Docteur Kamal Ganzouri.

Lundi 28 novembre 2011

Mohammad Salah - (Dar Al Hayat)

Source :Ganzouri… Everyone’s Punishment

Traduction par un lecteur assidu du Grand Soir

URL de cet article 15256
   
Roberto Saviano. Gomorra. Dans l’empire de la camorra. Gallimard, 2007.
Bernard GENSANE
Il n’est pas inutile, dans le contexte de la crise du capitalisme qui affecte les peuples aujourd’hui, de revenir sur le livre de Roberto Saviano. Napolitain lui-même, Saviano, dont on sait qu’il fait désormais l’objet d’un contrat de mort, a trouvé dans son ouvrage la bonne distance pour parler de la mafia napolitaine. Il l’observe quasiment de l’intérieur pour décrire ses méfaits (je ne reviendrai pas ici sur la violence inouïe des moeurs mafieuses, des impensables tortures corporelles, (…)
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(Cité dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955/1979.)

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