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France : les expulsions, toujours aussi ignominieuses

Deux femmes expulsées hier, vendredi 9 avril, une adolescente haïtienne et une marocaine enceinte. Chacune vers son pays d’origine, chacune vers un destin extrêmement tendu voire dangereux. L’ignominie des autorités françaises n’a aucune limite, les décideurs et les exécutants scélérats auront un jour à répondre de tout cela.

Une jeune haïtienne expulsée

Une Haïtienne de quinze ans a été reconduite vers Port-au-Prince, hiersoir, ont dénoncé plusieurs associations. Au lendemain du séisme, le ministre de l’Immigration, Eric Besson, avait pourtant assuré qu’il suspendait « toute procédure de reconduite dans leur pays d’origine des ressortissants haïtiens en situation irrégulière ». Lethtana tentait de rejoindre ses parents installés en métropole. Ils avaient lancé une procédure de regroupement familial. Arrivée en Guadeloupe le 5 avril, elle n’a pu sortir de la zone d’attente, ce qui fait dire à la préfecture qu’il ne s’agit pas d’une expulsion mais d’un refoulement puisque la jeune fille n’avait pas encore foulé le sol français. Lethtana appréciera la nuance.

Marie Barbier

Source : laissezpasser.info

Enceinte et frappée, la gendarmerie lui offre une reconduite à la frontière

Les mains dans les poches de sa veste ample, elle protège son ventre. L’oeil aux aguets, elle surveille la porte, les fenêtres, sursaute, se tend, baisse le regard. Drissia est marocaine, enceinte de cinq mois, et sans papiers. Violentée par son compagnon, avec qui elle vit depuis deux ans à Sainte Foy la Grande (Gironde), c’est en se rendant à la gendarmerie pour effectuer un signalement qu’elle s’est vue confisquer son passeport et remettre une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF). Depuis, la jeune femme de 34 ans vit cachée, terrifiée à l’idée d’être renvoyée dans son village où ses parents l’ont répudiée pour sa grossesse hors mariage.

Dès aujourd’hui, Noël Mamère, député-maire de Bègles, a fait parvenir un courrier au préfet, lui demandant de procéder à un nouvel examen du dossier. « C’est un vrai scandale, indigne de notre pays, dénonce-t-il. En infligeant une sorte de double peine à cette femme déjà victime de violence que l’on transforme en fugitive, on a atteint les limites de l’insupportable ». D’autant qu’ayant été reconnu par son père, le bébé à naître est d’ores et déjà français. « Exécuter une mesure d’éloignement à l’égard de cette femme, c’est exécuter une mesure d’éloignement à l’égard de l’enfant, et lui faire courir un risque en l’envoyant au Maroc où rien ne l’attend », appuie l’avocat Pierre Landete.

Arrivée en France en 2008 avec un visa touristique pour voir sa soeur, Drissia s’est rapidement installée avec Antonio, peintre à la retraite de 59 ans. La grossesse avait été désirée, et le couple parlait de se marier. Mais en se rendant en toute confiance à la gendarmerie et en refusant son statut de victime, Drissia est également sortie de l’anonymat. Aujourd’hui elle affirme qu’elle aurait préféré se taire. Non seulement l’administration ne lui a pas accordé sa protection, mais elle a encore accentué sa fragilité. Victime d’un malaise lors de son audition et transportée aux urgences, les médecins ont décelé un risque de « décompensation psychologique ou psychiatrique », et jugé « judicieux dans ce contexte qu’elle bénéficie de conditions optimales pour le suivi et la fin de sa grossesse ». L’Etat français a estimé que c’est hors de ses frontières qu’elle les trouverait.

Laure Espieu

Source : Libébordeaux

http://www.primitivi.org/spip.php?article292

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