Sur Cyberpresse on peut lire : « Evo Morales : populiste ou héros de la cause autochtone ? » [1]
En décembre 2006, un anti progressiste notoire, Gwynne Dyer, avait écrit un article totalement semblable s’intitulant : « Chavez, révolutionnaire ou populiste ? »
Les articles de la presse voulant discréditer ces dirigeants progressistes qui font perdre des milliards aux compagnies mondiales, ne se renouvellent pas beaucoup.
Combien de fois a-t-on vu le qualificatif "populiste" pour décrire les dirigeants populaires du monde entier ?
« Chavez : démocrate populiste ? », Mars 2004, article de Talleyrand.
On a parlé d’Aristide comme étant un populiste, de Nestor Kirchner, de Cristina Fernandez, de Rafael Correa et de tant d’autres. On qualifie de populistes tous ceux qui sont le moindrement populaires et qui font chier les chantres du néolibéralisme.
En décembre 2006, en réponse à Gwynne Dyer, j’écrivais « Chavez révolutionnaire ou populiste ? Mais on s’en fout ! », [2] un article disparu des archives de Gesca.
Je disais :
« Populiste ou révolutionnaire ?
Mais on s’en fout !
L’important est que la démocratie soit sauvegardée et que les conditions de vie des laissés pour compte s’améliorent.
Le Venezuela un pays riche, qui flotte sur l’or noir.
70% de la population vivait dans des conditions de pauvreté incroyable.
Les riches roucoulaient et les pauvres mouraient dans leur merde.
C’était avant Chavez. Certain, comme notre journaliste indépendant vivant à Londres, s’offusque que Chavez redistribue l’argent du pétrole dans ses missiones. Il semble dire : « quel gaspillage ! ».
L’art de forger l’opinion publique se raffine. Nous avons des professionnels de la tournure bien placée.
Gwynne Dyer n’a certainement pas été discuter avec les indigènes, les pauvres, les personnes âgées du Venezuela. Tous ces exclus ont retrouvé leur dignité humaine, ils sont devenus des citoyens à part entière. Ils ont maintenant des droits : droit de parole, droit de se faire soigner, droit d’avoir des médicaments, droit d’aller à l’école, droit de pouvoir manger à leur faim et droit de vote.
Chávez, révolutionnaire ou populiste ?
On s’en fout et ils s’en foutent !
Ils sont mieux, c’est tout. »
Je terminais en disant :
« La désinformation est subtile, n’en soyez pas victime. »
Aujourd’hui encore, je peux dire :« La désinformation est subtile, n’en soyez pas victime. »
Le conditionnement médiatique de l’opinion publique ne se renouvelle pas.
Aujourd’hui on titre : « Evo Morales : populiste ou héros de la cause autochtone ? »
C’est un article anonyme, comme la plupart de AFP (l’Agence de Franche Propagande) qui nous aiguille le sentiment.
On peut lire :
« Le socialiste Evo Morales, grand favori pour remporter un second mandat présidentiel dimanche en Bolivie, s’est forgé en quatre ans une image de champion de la cause autochtone adulé par ses partisans, mais dépeint comme populiste par ses détracteurs. »
Dans le cas d’Evo Morales, on ne peut jouer le coup de la fraude électorale. Monsieur Morales est nettement le favori de la population bolivienne. La réalité ne peut être masquée. Tout ce qui reste pour éviter que l’opinion mondiale voit ses politiques comme étant des politiques de bon aloi qui donneraient une certaine crédibilité au dangereux (sic) socialisme, c’est de le traiter de populiste.
C’est stupide et enfantin, mais malheureusement efficace.
On va même jusqu’à le diminuer physiquement :
« Morales, « l’Amérindien noir et laid au nez de perroquet ».
On tente de minimiser la grossièreté en soulignant que c’est « selon ses propres termes ».
On dit aussi que si Morales a du succès, ce n’est pas à cause de la brillance de ses discours, ( ONU 2008 [3], ONU 2009 [4] ), mais ce serait plutôt dû à sa notoriété sans mesure dans son petit pays andin, acquise par un discours pro-amérindien plein d’inimitiés avec les États-Unis ou encore d’amitiés avec l’Iran et le Venezuela.
On dit que « pour 60% des habitants, de souche amérindienne, d’un des pays les plus pauvres d’Amérique latine, Evo est surtout « l’un des leurs ». »
Est-ce une faute ?
Si les multinationales ne peuvent plus faire ce qu’ils veulent des richesses de la Bolivie, OUI, c’est une grave faute.
On dit que Evo Morales est un Aymara né il y a 50 ans dans un foyer démuni, sans eau courante ni électricité sur l’Altiplano sud, qui n’a jamais terminé l’école, a gardé des troupeaux de lamas et subsisté comme joueur de trompette itinérant.
Allo Président, n’est-ce pas ?
On dit aussi qu’il a fini « leader syndical des cultivateurs de coca, qu’il est toujours. »
En plus d’être Président populiste, il est aussi « leader syndical des cultivateurs de coca ». On voit quel genre de sale (sic) individu il peut être !
On le décrit aussi comme étant un « frondeur social de premier plan ».
Pour preuve il a depuis placé l’Amérindien, la « refondation » autochtone du pays, ou « la deuxième et définitive » décolonisation de l’Amérique, au coeur de son projet et d’une nouvelle Constitution.
Il a même dit aux investisseurs : « On veut des partenaires, non plus des maîtres ».
Un front de boeuf ce chiqueur de coca de Morales !
Imaginez dire de telles choses aux investisseurs, ces missionnaires qui veulent « développer » le pays.
On poursuit en disant : « Fiers de sa fermeté, ses partisans louent sa modestie, sa chaleur, sa proximité avec le peuple. »
Fermeté ou pas, ses partisans et j’en suis, louent sa réelle modestie et sa chaleur humaine. Il suffit d’écouter ses nombreux discours pour réaliser que ses partisans ne surestiment pas naïvement l’homme.
On dit : « Et ses proches, dont le vice-président Alvaro Garcia, « intellectuel du régime », saluent sa force de travail et sa qualité d’écoute. »
« L’intellectuel du régime »
Rien de moins. C’est depuis la nuit des temps de la guerre froide qu’on a des « intellectuels du régime ». Quand je dis que la presse de dénigrement ne se renouvelle pas…
Et ce n’est pas tout, ne reculant devant aucune caricature on poursuit en disant :
« Pour ses opposants, Morales est un autocrate en puissance, un populiste habité d’une mission historique. Mais qui reste un poids plume, dépendant de son mentor vénézuélien Hugo Chavez. D’où les surnoms dont ils l’ont affublé : « Chavez Light » et « Première Dame du Venezuela ». »
C’est presque incroyable qu’un média "sérieux" publie de telles absurdités !
Imaginez, quiconque oserait écrire de telles niaiseries se ferait ridiculiser. Mais lorsqu’il est question de dénigrement des "régimes" socialisant, on publie de telles insanités et on joue les gens sérieux !
Le pire c’est que bien peu de gens parlent espagnol et connaissent vraiment Evo Morales.
On peut ainsi totalement aiguiller le jugement de ces bonnes gens.
Si on diffusait un seul des discours de ce Président, véhiculant les plus grandes valeurs humaines, écologiques et morales, bien des gens se soulèveraient contre un tel article de salissage et de diffamation.
On dit :
« Le discours dramatique contre « l’empire » américain ou une opposition « putschiste, fasciste », inquiète ou amuse. Mais il peut aussi marquer les esprits… »
On arrête les gens qui nient l’Holocauste, on devrait aussi arrêter les gens qui nient les méfaits de l’empire américain en Amérique latine.
AFP marque vraiment les esprits et de façon méthodique et fulgurante.
Cet article de AFP illustre de façon éloquente que cette agence mondiale d’information (désinformation) internationale manipule l’opinion publique dans le but de miner la crédibilité des Présidents qui refusent d’être au service des prédateurs néolibéraux.
Il faut écouter Evo Morales et surtout il faut faire confiance à l’intelligence des Boliviens et Boliviennes.
Le résultat du vote de dimanche nous montrera que cette population a pris sa destinée en main et qu’elle sait reconnaître ceux qui la servent de leur mieux.
Serge Charbonneau
Québec