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Égypte : à la recherche d’un Nasser

Après des années de végétation, des années d’avilissement, l’Égypte semble reprendre vie. Son peuple sort massivement dans la rue. Des élites politiques égyptiennes semblent vouloir reconquérir le lustre et la souveraineté égyptienne d’antan.

L’Égypte, considérée comme étant le plus important Pays du monde arabe.
L’Égypte, un des piliers de l’Histoire.
L’Égypte, une des plus vieilles et jadis majestueuses civilisations.

Après des années de végétation, des années d’avilissement, l’Égypte semble reprendre vie. Son peuple sort massivement dans la rue. Des élites politiques égyptiennes semblent vouloir reconquérir le lustre et la souveraineté égyptienne d’antan.

Existe-t-il un Nasser contemporain ?

Sur le tombeau de Nasser, il est écrit : « Serment pour Gamal, le plus chéri des hommes, le libérateur des travailleurs, le chef de la lutte ! Serment sacré, inébranlable. Par Dieu et par la patrie, nous jurons que la voie de ta lutte sera notre voie (…) Nous jurons de travailler à la puissance et à l’unité de la nation arabe. »
L’Égypte et le monde arabe auraient bien besoin d’un nouveau Nasser. Le serment sacré et inébranlable a été oublié depuis trop longtemps.
Où sont donc ceux qui juraient au leader disparu : « que la voie de ta lutte sera notre voie » !
 Et tous ceux qui juraient « de travailler à la puissance et à l’unité de la nation arabe » ?

Gamal Abdel Nasser, ce second président d’Égypte, est considéré comme l’un des plus grands meneurs arabes de l’Histoire. 
Dès son plus jeune âge, il lutta pour l’Indépendance de l’Égypte. À 16 ans, il fut incarcéré après des combats de rues entre indépendantistes égyptiens et la police.
Sa lutte contre la domination étrangère n’eut de répits que lorsque les Anglais plièrent bagages.

Nasser, un leader hors pair. Un communicateur exemplaire. Il savait l’importance d’enseigner la fierté et la solidarité à ses concitoyens. Une sorte de Chávez arabe. À l’instar de Chávez avec son TeleSur et ses émissions radio, il instaura la radio « La voix des Arabes ».

Le parallèle avec le grand leader latino-américain ne s’arrête pas là, tout comme Chávez, il a une formation militaire et tout comme Chávez il fonde un mouvement d’officiers pour soustraire le Pays aux colonisateurs ; le Mouvement des officiers libres. Leur objectif : renverser le roi Farouk 1er, ce roi corrompu, laquais des Britanniques.

Tout comme Chávez, Nasser en plus d’être un nationaliste aguerri est aussi socialiste. Il met en œuvre le « Socialisme arabe ».

Finalement, Nasser, tout comme Chávez, avait toutes les qualités requises pour déplaire aux prédateurs-colonisateurs capitalistes de l’époque.

Les frères musulmans, d’hier à aujourd’hui…


On dit souvent : plus ça change plus c’est pareil… Dans le cas de l’Égypte et des frères musulmans, on peut dire que cet aphorisme s’applique totalement. Nasser fut le second président de la République d’Égypte. Au début de 1954, il fit arrêter son compagnon d’arme qui dirigeait le pays depuis le renversement de Farouk 1er, le général Mohammed Naguib. Celui-ci soutenait un peu trop la confrérie des frères musulmans.

Parenthèse :
il faut entendre ou réentendre Nasser (1). On constate (presque tristement) qu’en 1953, la pensée était plus évoluée qu’aujourd’hui !

Fin de parenthèse.

Laïcité et socialisme

Nasser nationalise, tout comme le font les gouvernements nationalistes et socialistes d’Amérique latine. Il nationalise les industries et procède à une réforme agraire. En plus, il met en œuvre de grands projets de travaux publics, comme le barrage d’Assouan.

On voit ce qu’un président au service de son Pays peut faire. Il travaille aux intérêts de l’Égypte et du monde arabe, tout comme Chávez a travaillé pour l’intérêt du Venezuela et de tout le peuple latino-américain et caribéen.

Nasser un grand leader. L’Égypte d’aujourd’hui et même le monde arabe dans son ensemble se cherchent sûrement un nouveau Nasser.

Ces leaders indésirables !

Un nouveau Nasser serait automatiquement la nouvelle « bête noire de Washington » comme le fut pendant tant d’années (trop peu d’années) ce Chávez de malheur (sic).
De plus, un nouveau Nasser serait aussi la bête noire des islamistes. Ceux-là (2) qui s’empressèrent de détruire (3) la statue de Nasser à Benghazi (4). Un geste significatif (5) ; Nasser que Kadhafi considérait comme son grand frère. Les islamistes ont même renommé l’avenue Nasser de Benghazi !

Cette destruction des vestiges des grands leaders n’a rien pour déplaire à ceux qui tirent les ficelles de la quasi-totalité du monde. On s’applique à faire disparaître tous les hommages rendus à leurs nombreuses bêtes noires.

La révolution…

Il était des millions dans les rues pour nous démontrer la force d’un peuple (certains disent (6) jusqu’à 22 millions). Cependant, la force d’un peuple est bien éphémère si celui-ci n’a pas de leader. Ceux qui tirent les ficelles du monde le savent bien. Il s’applique à mettre hors circuit tout leader charismatique, ces indésirables qui savent canaliser la force de leur population pour que celle-ci prenne en main la destinée de leur Pays et de leur vie.

On s’applique à promouvoir des constitutions ne permettant pas aux dangereux (sic) leaders charismatiques de se faire « réélire ». Qui peut remplacer un Chávez, ou un Nasser, ou un Kadhafi, ou un Gbagbo, un Sankara, un Lumumba (chez nous, Québecois, un Bourgault ou un Lévesque) ? Bien peu ! Les leaders sont uniques !
 Il est facile de trouver de l’étoffe de pion, ces gens cupides et serviles qui se mettent facilement aux services des exploiteurs, mais il est difficile de trouver ces gens qui donnent littéralement leur vie pour leur peuple et pour leur Pays. 
Oui, difficile de trouver de vrais leaders. Ceux qui contrôlent le monde le savent bien. Ils favorisent les constitutions où les mandats présidentiels répétés sont limités. Ainsi, on peut éjecter des gens comme Fernando Lugo au Paraguay (7), la constitution paraguayenne ne permet qu’un seul mandat, la population ne peut se prévaloir d’entériner ou révoquer le Coup d’État puisque la victime ne peut se représenter à la Présidence. On peut alors faire « élire » un pion (8) facilement puisque la seule réelle menace, celui qu’on démet par la force ou par décret (9), ne peut se représenter devant les électeurs grâce à ces constitutions favorisant les changements de pions et empêchant les populations de réélire ceux qui les servent.

Les révolutions ont un besoin vital de leaders. 
Pour que la vraie révolution égyptienne et arabe se poursuive, il est impératif que l’Égypte et le monde arabe se trouvent un nouveau Nasser ou un nouveau Kadhafi.

Les puissants qui contrôlent la quasi-totalité du monde vont déployer tout leur arsenal stratégique, de leur arme médiatique à leur arme économique en passant par leurs manœuvres souterraines pour empêcher l’émergence d’un leader. On sait très bien que les forces d’un peuple s’épuisent un jour ou l’autre. Il n’est pas facile d’être dans la rue. Cela n’apporte ni pain ni beurre sur la table lors des jours de manifestations. On épuise ses réserves à manifester pendant que les puissants, eux, ont tout le loisir de laisser passer le temps. 
Il faut donc des leaders et des équipes politiques structurées pour prendre la relève et accomplir ce que la volonté populaire impulse.

Les tireurs de ficelles ne sont jamais désarçonnés longtemps. Ils possèdent la science de la manipulation et des moyens imposants.

On a pu remarquer que dès que la population égyptienne a eu gain de cause, le bataillon médiatique s’est mis en mode d’attaque pour transformer la victoire du peuple en un odieux Coup militaire. On observe maintenant que les bataillons politique et médiatique travaillent apparemment à restaurer le pion Morsi et « la démocratie », mais en fait ils s’appliquent à détruire le succès de la force populaire.
Des manœuvres du bataillon économique (les « investisseurs », les banquiers et leur FMI) seront probablement mises en œuvre pour contraindre la révolution égyptienne à être « réceptive » à leur demande. 
Si les méthodes « douces » ne suffisent pas, on optera probablement pour le scénario syrien, c’est-à-dire que l’on va favoriser la violence. Des églises coptes vont sauter et des attentats terroristes vont installer un climat malsain de terreur et de violence. 
Heureusement pour le peuple égyptien, les tireurs de ficelles ont probablement été surpris par ce revirement spectaculaire et expéditif. En Syrie, on a pris le temps de creuser pendant des mois (des années) des tunnels et stocker des armes. Une longue planification visant à permettre aux mercenaires et aux fanatiques de renverser le pouvoir. Il serait surprenant qu’un tel scénario ait été planifié en Égypte. Les tireurs de ficelles croyaient sûrement pouvoir compter sur l’armée. Ils ont oublié que les soldats font malgré tout partie du peuple. 22 millions de leurs frères et sœurs ont su les convaincre de prendre le parti de l’Égypte.

Les Égyptiens peuvent-ils vraiment compter sur leur armée ?

Seul le temps peut nous répondre. Les seuls indices que nous ayons sont les réactions médiatiques tonitruantes. Si les laquais médiatiques détruisent l’image de cette armée et que nos gouvernements menacent de représailles ces militaires, nous pourrons nous risquer à dire, sans beaucoup de risque de nous tromper, que ces militaires se sont vraiment mis au service de l’Égypte et de sa population.
Pour l’instant on constate que plusieurs analystes mettent sérieusement en doute le patriotisme et l’honnêteté de l’armée égyptienne. La presse officielle quant à elle souffle le chaud et le froid tout comme nos politiciens véreux et hypocrites. 
Espérons que l’Égypte puisse passer à travers les plaies (10) qu’on va lui imposer.
Espérons que les Égyptiens et les Arabes se trouvent rapidement un leader à la hauteur de leurs aspirations.

Nasser ralliait les foules en leur criant : Irfah Ra’sak Ya Akhi « Relève ta tête mon frère ».

Serge Charbonneau

P.S. : « Pain, liberté et justice sociale » est le principal slogan des manifestions égyptiennes depuis la révolte de 2011 jusqu’à aujourd’hui.

1 – Nasser parle de son entretien avec les frères musulmans sur la question du port du voile

2 – Nasser statue demolished in Benghazi ; street renamed

3 – Vidéo : La statue Jamal Abdel Nasser démolie à Benghazi

4 – Libye : Destruction d’un mémorial en hommage à Nasser à Benghazi

5 – Benghazi Nasser statue smashed

6 – Le Département d’État américain : 22 millions ont manifesté contre Morsi

7 – Paraguay : un coup d’état légal contre Lugo ?

8 – Au Paraguay, le retour au pouvoir du Parti Colorado

9 – Paraguay (juin 2012) – Honduras (juin 2009) : d’un coup d’État à l’autre

10 – Dix plaies d’Égypte

»» http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/a-la-recherche-dun-nasser/
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Venezuela – Chronique d’une déstabilisation
Maurice LEMOINE
A la mort de Chávez, et afin de neutraliser définitivement la « révolution bolivarienne », les secteurs radicaux de l’opposition ont entrepris d’empêcher à n’importe quel prix son successeur Maduro, bien qu’élu démocratiquement, de consolider son pouvoir. Se référant de façon subliminale aux « révolutions de couleur », jouissant d’un fort appui international, ils ont lancé de violentes offensives de guérilla urbaine en 2014 et 2017 (45 et 125 morts), dont une partie importante des victimes, (…)
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Le plus troublant pour moi était la soif de meurtre témoignée par les membres de l’US Air Force. Ils déshumanisaient les personnes qu’ils abattaient et dont la vie ne semblait avoir aucune valeur. Ils les appelaient "dead bastards" et se félicitaient pour leur habilité à les tuer en masse.

Chelsea (Bradley) Manning

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