Je suis tombé sur un article paru sur Yahoo actualité, indiquant que Alexis Corbière, avait "fondu en larmes" devant un reportage sur les employés de Carrefour qui se battent contre un nouveau plan social... En lisant les commentaires accrochés et devant l'ignominie écrite, m'est venue l'envie impulsive d'écrire un texte qui cherche à expliquer que ce qui spécifie un militant, ce sont les larmes. Je précise que je ne connais pas Alexis Corbière, on n'a du se croiser une fois, et que de fait je n'ai rien à en attendre. il ne s'agit pas non plus d'un texte pro-Corbière, ou pro-insoumis, juste un texte qui s'appuyant sur mon propre parcours, tends à dévoiler pourquoi au delà des jours de la semaine, le dimanche matin, il nous arrive de nous lever tôt. Dans cette histoire au long cours, les communistes ont longtemps été les porte drapeaux des dimanches où on se lève tôt... pour diffuser l'Huma. J'espère que chaque militant se reconnaitra dans ce texte, où la plume s'est trempée dans les larmes de mon cœur.
Pour être militant, il faut d’abord du cœur, le laisser parler, le laisser pleurer, ne pas détourner les yeux devant les violences du réel qui frappent notre quotidien tant à l’entreprise que sur les trottoirs des avenues marbrées des « métropoles du business ».
Puis il faut s’interroger et chercher à comprendre pourquoi et comment cette violence est apparue, aller au-delà des explications superficielles actuelles sur « le coût du travail », « la dette publique », « le cout des fonctionnaires », « les chômeurs tricheurs », « l’excès des règles », « l’alignement des planètes », la « Révolution numérique » ou plus anciennes mais matricielles : « c’est la volonté de Dieu », « c’est la main invisible du marché » et autres fadaises « l’invasion islamique » qui visent à enfermer l’individu sur lui-même d’où le danger des religions et des croyances : « La religion est le soupir de la créature accablée, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’un état de choses où il n’est point d’esprit. Elle est l’opium du peuple.” (Karl Marx)
Dans le même mouvement, il faut lire, beaucoup lire... des analyses et des pensées différentes, pour en mesurer la profondeur, car c’est dans les abysses de l’écriture que se nichent les lames profondes de l’Histoire humaine qui déclenchent les tsunamis sociaux appelées Révolutions (1789, 1830, 1848, 1870, 1917, 1944). Et la prochaine se prépare, comme toujours discrètement, pour rejaillir sur le devant de la scène, au moment où les propagandistes de tout poil, achetés à vil prix, pour nier le réel, s’y attendent le moins.
Il faut aussi écouter les acteurs de terrain, syndicalistes, associatifs, celles et ceux qui au quotidien fabriquent du social avec leurs mains usées et leurs regards malicieux.
Il faut de plus voyager pour mesurer les différences entre pays, continents, et constater aussi les similitudes de « l’humanité en marche » vers son horizon dénommé, depuis Spartacus, Emancipation.
On constate alors que loin d’être invisible, les inégalités, à la source des violences sociales observées, ont une explication rationnelle qui fait système, car la polarisation des richesses d’un pôle très minoritaire (le 1 % qui s’approprie 82 % des richesses créées par les prolétaires associés) s’appuie sur la généralisation et l’approfondissement de la pauvreté à un autre pôle, tel qu’ a pu l’écrire le penseur-philosophe Victor HUGO : « c’est de l’enfer des pauvres, qu’est fait le paradis des riches ». C’est donc par la planification de la pauvreté que les richesses extrêmes s’accumulent : « accumulez, accumulez, c’est la loi et les prophètes » nous précise Karl Marx, qui fut pourchassé par toutes les polices d’Europe pour ses écrits, d’une indécente actualité.
Après alors, on peut parler, on peut déclamer, protester, se révolter, s’insurger, refuser de se soumettre à cette loi de la jungle du « profit d’abord » et avec une force décuplée, car fondée sur un raisonnement construit par ce cheminement qui spécifie « Homo-Sapiens » .
Mais à l’origine, ce sont bien les « larmes du coeur » qui forgent les armes de la lutte qui nous font devenir militants, car on ne peut vivre heureux, sur un océan de malheurs.
Ce sont ces siècles de larmes et de questions qui nous font devenir militants.
On ne nait pas militant, on le devient.
Aux militants actuels et futurs militants, le 14 Février 2018, Fabrice