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Erdogan, le magnifique

Erdogan, le magnifique

par K. Selim, Le Quotidien d’Oran

L’image est saisissante et révélatrice. Tayyip Erdogan, empêché de répondre aux mensonges éhontés du président israélien Shimon Peres, se lève et quitte les lieux en déclarant qu’il ne reviendra pas à Davos. Amr Moussa, représentant qualifié de la Ligue des Etats arabes, s’est levé pour le suivre, mais un geste de Ban Ki-moon l’a remis à sa place, et le secrétaire s’est rassis sans gloire.

Le spectacle, télévisé et reproduit sur Internet, est tout à fait conforme à la vérité politique. L’Etat turc est une réalité et son représentant officiel n’accepte pas qu’on le traite avec désinvolture ni de servir d’alibi à un faux débat destiné à redorer le blason d’un Etat criminel. La Ligue arabe, elle, est une authentique et triste fiction. Son représentant, sachant pertinemment que Tayyip Erdogan avait totalement raison, n’a pas eu la décence - sans parler du courage politique - ni le minimum de panache pour poursuivre son mouvement et quitter une parodie de débat.

Les citoyens turcs, de toutes tendances politiques, qui ont fait un accueil triomphal à leur Premier ministre, ne s’y sont pas trompés. L’attitude calme et ferme de Tayyip Erdogan, Premier ministre élu par son peuple, est en effet source de légitime fierté pour tous les Turcs. Le fait qu’il soit élu démocratiquement par son peuple n’est pas étranger à cette capacité à exprimer clairement une opinion face à une audience triée sur le volet et, sans le moindre doute, acquise à Israël. Tellement acquise qu’elle n’a pas hésité à applaudir quand Shimon Peres, à bout de nerfs et d’arguments, a entrepris de justifier le massacre des enfants.

Contrairement à ce que semblent suggérer certains médias occidentaux, le Premier ministre turc n’a pas attendu Davos pour exprimer la révulsion devant la violence sioniste et l’absence totale de respect du droit réitérée par Israël. Depuis le début de l’agression contre Ghaza, Tayyip Erdogan a dénoncé en des termes les plus clairs le carnage et les assassins. La force de la voix turque révèle les progrès de la démocratie en Turquie, et, naturellement, l’Etat reflète l’opinion des Turcs.

C’est avant tout parce qu’il est réellement soutenu par son peuple que le gouvernement est en mesure d’adopter une attitude ferme et digne. Dans le contraste frappant entre Tayyip Erdogan et Amr Moussa, on constatait à Davos, visuellement, que la force du premier provient de son ancrage démocratique et la faiblesse de l’autre découle d’une légitimité bureaucratique très réduite conférée par un aréopage de potentats.

Le dépit des milieux occidentaux, strictement alignés sur Tel-Aviv et la communauté financière internationale, est à la mesure de leur désarroi face au dévoilement de l’idéologie sioniste et de sa nature criminelle. Ce dépit est d’autant plus grand que la Turquie était le pays de la région qui entretenait les relations les plus étroites avec Israël. Ainsi, l’intégration de la Turquie à l’Union européenne, repoussée avec acharnement pour des raisons « culturelles », serait aujourd’hui, selon les médias, encore plus hypothétique du fait de l’attitude d’Ankara. Il n’est pas sûr que cela empêche de dormir une opinion turque qui sait parfaitement à quoi s’en tenir et qui a pris son parti avec son gouvernement.

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