Il est des événements qui sont de véritables affaires d’État, mais qui passent, comme si de rien n’était. Tirer les conséquences de tels scandales et accepter leurs implications demanderait en effet une refonte totale de nos sociétés, révélant que la démocratie n’y existe pas, sauf sous ses seules manifestations inoffensives pour l’ordre établi et ses systèmes ploutocrates-mafieux. Nous avons voulu nous replonger dans ces affaires d’État, imbriquant une multitude d’acteurs, différents pays, niveaux de pouvoir, « hommes d’affaires », magistrats…
La première de celles-ci, c’est celle du Kazakhgate, que la commission d’enquête parlementaire [belge - précision LGS] clôturera le 30 mars 2018 par un « non-lieu », imposé par une majorité gouvernementale protégeant certains des siens. On découvrira pourtant, en trois chapitres, un cartel dans lequel on retrouve toujours des personnalités d’une même couleur politique. Certains médias ont déjà dévoilé des pièces éparses de ce système, mais en les reliant nous prenons conscience qu’une nébuleuse traverse les continents, formant une composition politico-mafieuse qui concoure à l’estompement des normes et institutionnalise l’impunité, déterminant de nombreux choix politiques (pensons à tous ces grands projets nuisibles et imposés, de Notre-Dame-des-Landes à Haren) qui ne peuvent que s’opposer au bien commun et à la recherche d’une société décente.
[ Extraits présentés par le Grand Soir ]
Ch. I : Le Kazakhgate
Les débuts
L’histoire kazakhe commence dans les années 90, impliquant personnages politiques et hommes d’affaires. Trafics, grande criminalité, blanchiment d’argent, corruption tournent autour d’une personnalité centrale : Noursoultan Nazarbaïev, président du Kazakhstan. En 2003, James Giffen est arrêté à l’aéroport Kennedy de New York. Proche de l’entourage du président kazakh et de l’ancien premier ministre Nurlan Balgimbayev, celui qui est considéré comme un des magnats du pétrole au centre de la plus grande corruption historique des États-Unis est poursuivi pour violation de la loi anticorruption de 1977. Il est accusé d’avoir détourné plus de 78 millions de dollars des compagnies pétrolières au profit du gouvernement kazakh, ouvrant des comptes en Suisse et ailleurs au nom de Nazarbaïev, d’autres personnages politiques et leurs familles. Lors de son arrestation, Giffen est porteur d’un passeport diplomatique kazakh, alors que le pays de Nazarbaïev, celui que Giffen surnomme « The boss », refuse la double nationalité. N’y voyez aucune contradiction : l’argent les explique toutes. De fait, Giffen devient le principal négociateur du président et même son « banquier », selon les procureurs.(1) C’est à un consortium mené par British Petroleum que Nazarbaïev accordera le droit d’exploitation dans les zones offshore de Kachaganarak et Kachagan. Le procès intenté par les États-Unis contre Giffen portera sur ce que l’on surnommera « la mère de toutes les affaires de corruption ». C’est dire que Nazarbaïev et Giffen ne jouent pas dans la cour des petits. Le premier est une marionnette, comme tant d’autres, que l’Occident a fait et dont il ne peut – veut – plus se défaire, au grand bien des minorités accapareuses de chaque pays, au grand drame des peuples.
La corruption n’est pas un épiphénomène de nos sociétés productivistes, elle lui est consubstantielle
C’est dans ce même contexte postsoviétique où Giffen a fait ses armes, que naît celui qu’on surnommera le « trio Kazakh », constitué de Patokh Chodiev (nationalités kazakh et belge), Alijan Ibragimov (Ouzbek et Belge) et Alexandre Mashkevitch (Israélien et Kazakh). Ceux qui contrôlent un tiers de l’économie kazakh principalement dans le pétrole, le gaz, les métaux et les banques, apparaissent en Belgique en 1991. D’abord Chodiev et son comparse Mashkevitch qui investissent au plat pays via Boris Birshtein et Dmitry Yakubovski, respectivement homme d’affaires israélo-canadien né en Lituanie, criminel notoire lié à la mafia moscovite, l’autre membre du clan Solntsevskaya, le plus puissant de Moscou. Chodiev et Mashkevitch créent plusieurs sociétés, dont PMC Trading Co et Astas et prennent surtout la tête en 1991 de Seabeco Belgium, filiale de la société du même nom appartenant à Birshtein, basée à Hong Kong et active dans le trading pétrolier. Celle-ci, considérée comme une société-écran pour les opérations financières de ce qui est l’équivalent de l’ancien KGB, aura la vie courte, et ferme les portes en 1992, non sans attirer les premières investigations des services de renseignement belges.
Les affaires commencent et les liens avec les politiciens belges se tissent pour, comme il se faut, faciliter les affaires. Un premier contact, Serge Kubla (MR - Mouvement réformateur - parti francophone de droite belge - Note LGS), est cité dans une enquête officielle de 2017. Celui-ci aurait facilité l’acquisition de la nationalité belge pour Patokh Chodiev, qu’il obtiendra en juin 1997. Originaire d’Ouzbékistan, Chodiev a accumulé sa fortune en exploitant les sous-sols de la steppe kazakhe. Vie de milliardaire, rachat du restaurant japonais Tagawa avenue Louise, Chodiev n’aime pas le contraste et s’installe dans une villa de la commune huppée de Waterloo. Il s’entend bien avec son voisin, Serge Kubla, bourgmestre de la ville qui, six années plus tard, lui apportera une aide essentielle, de même qu’à l’époque d’autres affairistes locaux comme Philippe Rozenberg ou Eric Van de Weghe. Pour obtenir le Graal, il est en effet plus facile d’appartenir au crime organisé que d’avoir débarqué sur les côtes méditerranéennes dans un rafiot avec une horde de réfugiés, ces derniers n’ayant pas d’enveloppes à troquer en échange du papier d’identité… Mais si Chodiev sympathise avec son voisin de jardin Kubla, il n’en est pas de même avec la Sûreté de l’État qui l’a dans le collimateur, notamment via Seabelco-Belgium qui rattache l’homme d’affaires à Boris Birshtein, qu’elle soupçonne d’appartenir au crime organisé russe. La société, basée en Suisse, attire les curiosités d’un magistrat helvétique, qui mènera en 1997 une commission rogatoire en Belgique avec des perquisitions dans les locaux de la filiale belge.
(...)
Tractebel et le trio
« Tractebel s’engage à promouvoir des solutions techniques permettant de créer un avenir durable. Découvrez comment nous pouvons vous aider à “donner forme au monde” en respectant notre slogan “Shaping the World”. ». « Façonner le monde », c’est pas beau ça ? Voilà comment celle qui est désormais Tractebel Engie se présente sur son site. Pourtant, derrière le rideau, Tractebel n’est pas si jolie que cela et façonne le monde autrement qu’elle le laisse entendre. En 1996, la cellule belge anti-blanchiment découvre une étrange transaction d’une valeur de 25 millions de dollars, payée par l’entreprise pour pénétrer le marché kazakh. Cet intérêt pour les plaines du Kazakhstan ne semble pas provenir d’une soudaine découverte des charmes de l’ancienne république soviétique, mais bien d’une initiative du trio qui prend contact avec Tractebel : si en 1996, Tractebel rachète quatre centrales électriques au Kazakhstan, elle obtient quelques mois plus tard une concession sur 20 ans pour le transport et le stockage du gaz dans le pays.(3) Le montant de la transaction : 85 millions de dollars, dont 30 seraient tombés dans l’escarcelle de l’État kazakh, le solde dans les poches du trio : du win-win pour cette triade mafieuse indispensable à la pénétration du pays, dans une économie de « concurrence libre et non faussée », libre et non faussée pour certains, dont le paysan kazakh ne fait sans aucun doute pas partie. Il n’avait qu’à demander la nationalité belge.
(...)
Sarko, la France et les hélicos
Un peu plus tard, le 26 octobre 2010, Paris et Astana négocient quelques affaires juteuses, portant sur la vente de 45 hélicoptères EC 145 du groupe Eurocopter (EADS(6)) et 290 locomotives du groupe Alstom, pour la coquette somme de 2 milliards d’euros. L’occasion pour le président kazakh de tenter de sortir ses copains du pétrin belge, qui risquerait de grandement compromettre leurs futures affaires : « Je signe si tu interviens en faveur de mes amis poursuivis en Belgique ».(7) Échange de bons procédés interlopes entre « amis », qui savent qu’en s’entraidant provisoirement, chacun en tirera bénéfice, au grand malheur des peuples français et kazakh, les premiers ayant été convaincus par la propagande médiatique que ces ventes d’hélicoptères-tueurs seront une bonne chose pour la croissance, les seconds qu’elles leur permettront de se défendre contre de méchants voisins.
Ça ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd, et l’homme collectionneur de scandale, Nicolas Sarkozy, mis en garde à vue le 20 mars 2018 pour le financement occulte de sa campagne présidentielle de 2007, fait jouer ses relations pour accélérer le processus législatif belge et permettre au trio kazakh de bénéficier d’une « transaction pénale élargie ». La pression se propage et s’exerce sur des relais, mettant en branle les procédures de facilitation dans l’objectif de faire avancer le processus et d’aboutir à la relaxe : Damien Loras, conseiller Asie centrale de Sarkozy, connu comme « l’officier traitant » de Patokh Chodiev, contacte Jean-François Étienne des Rosaies pour qu’il lui trouve un avocat d’affaires international. Le choix se portera sur Catherine Degoul. Loras et des Rosaies montent donc une équipe technique (judiciaire et financière) et politique, entre la France et la Belgique. Outre Damien Loras, pilote du dossier, des Rosaies, intermédiaire, Catherine Degoul, avocate chapeautant le volet judiciaire, s’ajoute le vice-président du Sénat belge de l’époque, Armand de Decker, ainsi que le cabinet d’avocats Toosens. Pour se faire aider, De Decker aura recours à Jonathan Biermann, un de ces anciens attaché parlementaire, échevin de la commune dont De Decker est bourgmestre, et avocat spécialisé en droit commercial. Bien impliqué dans le Kazakhgate, il représentera « Natalia Kazegueldina, la femme de l’ex-Premier ministre kazakh, mise en cause dans le dossier de blanchiment d’argent Tractebel »(8) . Il touchera de l’avocate de Patokh Chodiev, Catherine Degoul, la coquette somme de 160.000 euros.
(...)
CH II – Les terrains de jeu africains
Il n’y a pas que dans les steppes d’Asie centrale que l’on peut faire de très juteuses affaires en profitant de la quasi-absence d’État organisé. En Afrique aussi, des régions entières sombrent dans une anarchie propice à des pratiques douteuses, mais très rentables. Et, ici encore, on trouve trace de nos comparses Kazakhs et, souvent aussi, des responsables d’État belges, toujours de la même couleur politique.
Liens troubles en RDC
Didier Reynders, aidé par l’homme d’affaires belge, Georges Forrest, soutiendrait Moïse Katumbi Chapwe(29), riche homme d’affaires et ex-gouverneur du Katanga, comme candidat pour succéder à Joseph Kabila. On sait que derrière les soutiens politiques se cachent souvent des intérêts économiques, qu’on déguise sous toutes sortes de belles paroles humanitaires, où « les Droits de l’homme » ont une place de choix. L’objectif de ce soutien serait notamment dans le cas présent de faire tomber Semlex.(30) Cette entreprise, qui se présente comme fournisseuse de « solutions sécurisées pour l’identification des populations par la biométrie », est dirigée par Albert Karaziwan.(31) L’hom me, qui vit à Bruxelles, ne joue pas dans la cour des petits : outre Semlex, il possède des sociétés liées à l’immobilier (Leignon Synergie, Matison), aux technologies de la sécurité (Profabel), des structures aux fonctions troubles (comme Parcomatic(32)), ou encore dans la distribution de parfum ou de produits de beauté (Elkaur international S.A.). Comme tout homme d’affaires qui se respecte, il entretient ses relations en siégeant dans divers conseils d’administration, et son image en étant membre de l’association sans but lucratif « Optimistes sans Frontières », « dont le but est de promouvoir l’optimisme et la pensée positive dans le monde ».
Personne n’est vraiment embêté, car la corruption est tellement ancrée, pénètre l’appareil d’État, les différentes hiérarchies, que la dénoncer c’est faire face à un système totalement capable d’intégrer et digérer ces dénonciations
(...)
Les milliards libyens
Alexandre Djouhri, celui qui exécutait les basses œuvres de Sarkozy, notamment la campagne électorale de Sarkozy en 2007 et son financement libyen, a été arrêté en janvier 2018 à l’aéroport de Londres. Alexandre Djouhri est l’objet d’un mandat d’arrêt européen émis par la justice française, notamment pour « blanchiment d’argent » dans le cadre de l’enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne de l’ex-président français Nicolas Sarkozy en 2007. Il est celui qui est au courant de tout le système Sarkozy/Dominique De Villepin, constituant du pain bénit pour le Président Macron qui veut nettoyer tout sur sa droite. Djouhri a été cité dans le cadre de la mise en examen de son ami Claude Guéant, dans une affaire de ventes de tableaux flamands dans laquelle Guéant aurait perçu 500.000€. Dans le cadre du financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, on trouve également la revente d’une villa de Mougins à Béchir Saleh (surestimée et achetée également par la filiale suisse du fonds souverain libyen Libyan African Investment Portfolio, fonds souverain le plus doté d’Afrique), dont une partie de la vente – près de 500.000 euros – ira à De Villepin.
(...)
Euroclear et l’argent libyen
Il y a deux clans pro-occidentaux ennemis en Libye. Le premier est dirigé par le général Khalifa Haftar, lié à la CIA. L’autre l’est par Fayez al-Sarraj, Premier ministre libyen, qui n’a pas d’armée, mais dirige quatre milices salafistes. Didier Reynders a rencontré Fayez al-Sarraj à Bruxelles en févier 2017(47), pour rappeler le soutien de la Belgique à son gouvernement d’union nationale (GNA). Ça, c’est officiellement. On sait que quand les politiciens occidentaux rencontrent ceux du « Sud », des contrats se préparent. Qu’en a-t-il été de la question de l’argent libyen gelé dans les comptes d’Euroclear, lors de cette rencontre ? Selon certaines informations, al-Sarraj aurait demandé à récupérer les 16 milliards, ce qu’aurait refusé Didier Reynders, acceptant seulement qu’il touche les intérêts (500 millions/an) des fonds, qui seraient placés au Luxembourg. Cela aurait permis à al-Sarraj de financer ses quatre milices, mais aussi des dépenses luxueuses dans une capitale européenne en particulier. Des politiciens belges toucheraient des commissions, selon nos informateurs. « Les quatre comptes gelés chez Euroclear auraient engendré, un an après le 16 septembre 2011, près de 300 millions d’euros [entre 350 et 500 millions] d’intérêts, coupons et dividendes considérés comme “libérables” par le gouvernement. Parallèlement, à l’automne 2012, quelque 235 millions d’euros ont quitté les comptes libyens gelés. Euroclear aurait-elle transféré des intérêts sur un autre compte interne mis à la disposition de son client, l’Arabe Banking Corporation ? Ou (sic) ces 235 millions ont-ils quitté Euroclear ? Et si tel est le cas, pour aller où ? ».(48) Ce qui est sûr, c’est que dividendes et intérêts ne sont pas gelés...
(...)
Ch III - Le réseau bleu en Belgique
Didier Reynders sait s’entourer des bonnes personnes. La cheffe de cabinet Affaires générales du vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Alexia Bertrand, est la fille de Luc Bertrand, président du comité exécutif de Ackermans & van Haaren et président du conseil d’administration de DEME, notamment.(54) Outre sa fonction d’avocate, elle est aussi administratrice de Ackermans & van Haaren, tâche pour laquelle elle aurait touché pas moins de 80.000€ en 2016. Didier Reynders et Luc Bertrand sont de vieux amis, qui se sont rencontrés alors que le premier présidait la SNCB (à partir de 1986). Le second doit être content de voir sa fille à un poste si stratégique. Conflit d’intérêts ? Les médias avaient déjà évoqué sa position pour le moins ambiguë dans un contrat d’éolien offshore, mais avant également, alors qu’Alexia Bertrand était la négociatrice pour Reynders dans le secteur des réformes bancaires, où AvH a des intérêts. Si DEME investit partout dans le monde, son attention pour l’Arabie saoudite s’est accrue ces dernières années, pays que l’entreprise souhaite faire profiter de son expertise en matière portuaire. Un hasard alors si la Belgique a soutenu l’adhésion de l’Arabie saoudite à la Commission des Droits des femmes de l’ONU ?
(...)
Où est l’argent, où va l’argent ?
Les directions que prennent les fonds émanant de ces transactions auxquelles les protagonistes réussissent toujours à donner une façade légale, ne s’encombrant d’aucune considération morale et de principes, sont multiples. On a vu que les achats/ventes d’œuvre d’art servent à blanchir de l’argent (cf. Guéant), mais aussi l’immobilier (cf. le trio kazakh, la vente de la villa à Béchir Saleh dans le cadre de la campagne présidentielle de Sarkozy de 2007) ou les fuites fiscales vers les législations de complaisance. Mais on ne voit pas pourquoi ces pratiques criminelles ne seraient propres qu’à la France.
Dans les affaires belges, l’art, l’immobilier et les paradis fiscaux font partie du décor. Enfin, ce n’est pas parce qu’on fait de la politique qu’on ne peut pas apprécier les belles choses...
(...)
La mainmise sur la Sûreté de l’État
Le terrorisme constituera une sorte d’aubaine pour le crime financier organisé, faisant du parquet « uniquement un parquet antiterrorisme où l’on n’a pas senti beaucoup chez lui la fibre “lutte contre la criminalité financière” ».(66) Celui qui dit cela est l’ancien président de la Cellule de Traitement des Informations financières (CTIF), Jean-Claude Delepière, qui dénoncera devant la commission d’enquête parlementaire Kazakhgate « l’existence d’un système empêchant la production de résultats dans l’affaire Tractebel-Chodiev, et dans bien d’autres affaires financières, alors que les éléments sont connus depuis parfois plus de vingt ans ». Il évoque notamment, mais nous n’en saurons pas plus, car cela a été traité en huis clos, « l’existence d’un certain milieu, y compris dans l’entourage des hautes sphères de l’État ». Delepière estime que la politique de lutte contre la criminalité financière en Belgique est inefficace et qu’« on est en train petit à petit de casser l’outil », tout comme l’état « hibernatus » dans lequel serait l’OCDEFO.
(...)
Conclusion : toujours les mêmes
Ne trouvez-vous pas que dans cette histoire les mêmes protagonistes reviennent toujours ? Tout un réseau de connaissances, de l’argent, toujours pas loin, des condamnations, des versements occultes… Tout est là en suffisance pour pousser l’enquête plus loin. Mais c’est comme si nous étions devant un chien renifleur qui a senti la drogue dans la valise du voyageur, mais dont le maître tire sur la laisse pour l’éloigner et empêcher la découverte. On sait qui tire la laisse et pas mal des faits qui veulent être occultés. La majorité vote en faveur du rapport de la Commission parlementaire le 30 mars 2018 établissant un non-lieu dans l’affaire du Kazakhgate : dans le rapport, le seul membre du MR critiqué, mais pas incriminé, est Armand De Decker, qui aurait seulement fait preuve « d’un manque de déontologie ». Les forces en présence ont dû fortement tirer sur la laisse pour éloigner le chien. Pourquoi ? Parce que dans un système de corruption institutionnalisée, il existe une forme de solidarité obligée, les uns tenant les autres par des secrets partagés, des connaissances communes des pratiques occultes, un peu comme dans un jeu menaçant : « si je tombe, tu tombes ». Comme le dira l’ancien PDG d’Elf : « Si tout le monde se sert du gâteau, plus personne ne peut plus rien dire ».(74) C’est sans nul doute ce qui se passe en Belgique, aboutissant à des résultats absurdes, comme celui de la Commission parlementaire sur le Kazakhgate.
(...)
Eric Arthur Parme - KAIROS
Lire enquête complète : http://www.kairospresse.be/article/bienvenue-en-ploutocratie-kazakhgate-afrique-reseaux-le-mr-tous-les-etages
Soutenez la presse libre !
Le journal Kairos est un journal papier, que vous pouvez trouver dans une série de points de vente. Il ne peut réaliser des articles que parce qu’il est acheté ou parce qu’on y est abonné !