Pour appuyer ce que dit Oscar Fortin sur la double morale, « humanitaire » du côté visible et médiatisé, de l’ONU, voici un texte écrit en août 2011 par Le professeur Bertrand Piarroux, par lequel celui-ci demande une enquête de justice concernant l’épidémie de choléra qui a été à l’origine de milliers de morts Haïtiens, juste après le tremblement de terre. (Son rapport complet, en français, effectué à la demande des « autorités » est téléchargeable ici :
Introduction :
Épidémie de choléra en Haïti : le professeur Piarroux demande à l’ONU de respecter les Haïtiens comme égaux en droit
L’épidémiologiste Renaud Piarroux, auteur d’un rapport de mission concluant à l’origine népalaise de la souche de choléra détectée en Haïti depuis l’hiver 2010, demande à l’ONU de respecter les Haïtiens comme égaux en droit.
Tel est le résumé que nous pouvons faire de la tribune qu’il publie ce 29 août 2011 dans Le Monde, et dont nous faisons écho en la publiant dans son intégralité :
"Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, même les Haïtiens ?
"Nous y voyons plus clair à propos de l’épidémie de choléra en Haïti : deux études scientifiques publiées cet été, l’une relatant l’enquête épidémiologique de terrain que nous avions réalisée au début de l’épidémie et l’autre comparant les souches de choléra isolées en Haïti et au Népal, concluent que le choléra a bien été importé du Népal. En mai, une commission d’experts mise en place par l’ONU avait dressé un tableau consternant du système d’évacuation des latrines du camp de casques bleus népalais situé dans le village de Meille en Haïti. Notamment, elle décrivait que la fosse où sont déversées les matières fécales des soldats se situe dans un espace ouvert - les enfants viennent y jouer - et lorsqu’il pleut, son contenu part dans une rivière où les habitants du village s’approvisionnent en eau. C’est exactement là que l’épidémie a commencé, quelques jours après l’arrivée de soldats népalais, pour se propager de manière explosive sur des dizaines de kilomètres le long de la rivière Artibonite jusqu’à la mer.
Lorsque l’épidémie a éclatée, une grande partie de la communauté scientifique et humanitaire soutenait qu’il était inutile d’enquêter, voire délétère. Quiconque évoquait le lien avec l’arrivée des casques bleus népalais était accusé de participer à l’instrumentalisation de l’épidémie à quelques jours du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010. Pour notre part, conscients que notre investigation épidémiologique n’était pas destinée à établir des responsabilités, nous avions dès le mois de décembre recommandé la réalisation d’une enquête judiciaire sur les origines et le développement de l’épidémie.
Cela a-t-il été fait ? Jusqu’ici non. A quoi bon, puisque le rapport d’experts commandité par l’ONU concluait que l’épidémie de cholera en Haïti n’est la faute ou le fruit de l’action délibérée d’aucun groupe ou individu ? Pas de coupable, pas de responsable, fermez le ban ! Agissant ainsi, l’ONU s’est bien gardée de présenter des excuses, et n’a pas eu à remettre en cause sa manière de fonctionner lors des opérations de maintien de la paix.
Le rapport de l’ONU, comme les deux publications scientifiques, ne sont pourtant que documents scientifiques retraçant l’origine et les voies de propagation de l’épidémie. Leurs auteurs ne sont pas magistrats et une proposition d’innocenter tout le monde n’a pas plus de valeur que n’en aurait eue l’éventuelle désignation de coupables. Ceci ne peut relever que d’une enquête judiciaire, seule susceptible de mettre en évidence les dysfonctionnements précis et les éventuelles responsabilités. Une telle enquête est d’autant plus nécessaire que beaucoup de zones d’ombre subsistent. D’abord, il n’est toujours pas expliqué comment, en l’absence de malades parmi les soldats - c’est du moins ce qu’affirme l’ONU - a pu se déclencher en quelques jours l’épidémie la plus violente jamais décrite depuis quinze ans dans le monde. De même, comment un fleuve au débit supérieur à 100m3/sec a-t’il pu être contaminé sur des dizaines de kilomètres ? Une rumeur en Haïti soupçonne le contractant Haïtien chargé de l’évacuation des déchets d’avoir vidé une fosse septique dans l’eau. Rien ne permet de le confirmer à ce jour, mais rien ne permet de le démentir non plus. Cela n’a tout simplement jamais fait l’objet d’une enquête.
Nous sommes tous d’accord sur le fait que personne n’a délibérément introduit le choléra en Haïti, mais cela ne dispense pas d’établir de manière détaillée les responsabilités individuelles ou institutionnelles. Lorsqu’un avion s’écrase, une enquête est systématiquement diligentée alors qu’il est évident que ni le pilote, ni la compagnie, ni le constructeur de l’avion n’ont volontairement provoqué l’accident. Est-il si incongru de demander la même chose en mémoire des 6000 personnes décédées du choléra en Haïti ? Personne n’aurait contesté la nécessité d’une telle enquête si des faits similaires étaient survenus en Europe ou aux Etats-Unis. D’après la déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1948, tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Monsieur Ban Ki-moon dispose là d’une excellente occasion de traduire en actes les principes fondateurs de l’ONU."
Signée : Renaud Piarroux et Benoît Faucher, Université de la Méditerranée
https://deuxmainshaiti.wordpress.com/
Et voici ce que pensait au moins deux Haïtiens, celui qui écrit et celui qui publie, en septembre 2011 de la présence de la Minustah en Haïti :
http://www.lematinhaiti.com/contenu.php?idtexte=26138
Les « aides humanitaires » de l’ONU ne valent pas les mercenaires, sur le plan des armes de guerre, y compris les « dommages collatéraux regrettables mais la guerre c’est la guerre », l’affaire est entendue. Mais peut-être des armes au moins aussi meurtrières traînent elles par hasard à proximité des « missions » de l’ONU et il serait dà s lors judicieux d’éviter que les « casques bleus » innocents et pacifiques ne jouent avec elles car ils peuvent atteindre la population et pas eux-mêmes. Donc sans s’en rendre compte. Et sans en rendre compte.
Voici des liens pour la photo où l’ont voit les excréments déversés directement dans la rivière, juste avant l’épidémie. (chercher le mot « tanker »)
http://haitirectoverso.blogspot.com/2012/01/haitiune-commission-recommande-la.html
http://www.moun.com/forum4/forum_posts.asp?TID=16685&PN=701
http://solutionshaiti.blogspot.com/2010_10_22_archive.html
Longue vie au professeur Bertrand Piarroux. Ni cholera, ni cancer, ni accident de vélo, ni rien de tout ça. Et que l’année 2012 voit ses voeux exaucés.