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Élections municipales au Portugal : attention aux effets d’optique !

L’appréciation du résultat des dernières élections municipales au Portugal demande d’abord que l’on précise un cadre institutionnel et politique bien différent de celui de la France :

Il y a trois niveaux de souveraineté locale qui correspondent à trois votes différents ; tout d’abord, ce que l’on nomme les « concelhos », qui peuvent correspondre aux communes, et pour lesquels se déroulent deux votes - celui pour la Cà mara (l’exécutif de la Mairie) et celui pour l’Assemblée municipale (le « parlement communal ») - qui ne coïncident pas toujours exactement au niveau des résultats puisque les dimensions locales et humaines jouent un rôle important-. Ces élections se déroulant à la proportionnelle intégrale, les membres de l’exécutif (vereadores) sont donc déterminés en fonction des résultats de chaque liste, ce qui signifie que des membres de l’opposition y figurent en fonction des suffrages obtenus. Mais les décisions de l’exécutif sont soumises au vote de l’Assemblé municipale dont la composition reflète également à la proportionnelle le résultat du scrutin. Troisième niveau les « freguesias », que l’on pourrait traduire par mairies d’arrondissement mais dans toutes communes et pas seulement dans les grandes villes, et où là -aussi la proportionnelle intégrale a cours.

Ensuite, contrairement à ce qui existe en France depuis longtemps, il n’existe non seulement aucune liste commune de gauche entre le PS, la CDU (alliance qui regroupe les communistes et les verts au Portugal) et le « Bloco de Esquerda » (qui pourrait être rapproché, encore qu’avec des différences, du NPA) comme non plus, aucune pratique de désistement républicain, du fait de la proportionnelle.

Ceci étant précisé, les résultats montrent d’abord une grande stabilité car si le PS revendique la victoire en nombre de voix et de mandats, la droite fait de même concernant le nombre de mairies (Cà maras) ce qui lui permettra de continuer à présider l’Associação Nacional dos Municà­pios Portugueses (ANMP), l’équivalent de l’association des maires.

Si le PS progresse globalement en nombre de mairies, passant de 109 à 131, la droite garde la tête puisque le total des mairies de droite s’établit, toutes formations confondues à 140, néanmoins en baisse de 17 mairies par rapport au scrutin de 2005.
Pour le PS, la victoire à Lisbonne, avec la majorité absolue, est un des faits marquants tandis que le PSD (principale formation de droite) peut se prévaloir du même fait à Porto (deuxième ville du pays).

Pour le PS, deux autres victoires significatives, puisqu’il s’agit de capitales de « district », équivalent des départements en quelque sorte, Figueira da Foz dans le centre au détriment du PSD, et Beja, dans l’Alentejo-sud, bastion historique des communistes depuis les premières élections libres de 1974.

Le PSD gagne lui sur le PS, la capitale du district de Faro, capitale de l’Algarve, à l’extrême sud.

Le paradoxe étant qu’à Beja, la CDU perd la majorité en améliorant son score, 41,66 %, et son nombre de voix, mais la droite dans ces cas-là vote utile sur le PS pour battre les communistes, le score de la droite s’effondrant par rapport aux dernières législatives, en profitant du changement de tête de liste à la CDU.

Même scénario pour une autre perte douloureuse à Aljustrel, aussi dans le district de Beja, grand centre minier, où la CDU perd une mairie qu’elle avait toujours dirigée malgré 46,79 % des voix !

Autre perte sensible, celle de Marinha Grande, grande ville ouvrière autrefois centre de l’industrie verrière, que la CDU avait reconquis au PS en 2005 mais où elle a pâti de divisions internes, le maire ayant démissionné à mi-mandat en désaccord avec la CDU. Elle est devant le PS en nombre de voix sur l’ensemble des freguesias de la ville mais perd la mairie avec le même nombre de mandats que le PS.

Néanmoins, elle peut s’appuyer sur des résultats importants, surtout après les législatives où malgré le gain d’un député, son résultat n’avait pas été à la hauteur de ses espérances. Elle reconquiert deux mairies dans l’Alentejo sur le PS, Alvito dans le district de Beja, et Crato, dans le district de Portalegre, et surtout une mairie très symbolique, celle d’Alpiarça, dans le district de Santarém, ancien bastion rouge perdu depuis trois mandats au bénéfice d’un PS allié avec la droite, où elle gagne la majorité absolue tant à la Mairie qu’à l’assemblée municipale. Elle renforce aussi significativement ses positions dans le sud, en particulier dans le district de Sétubal, où elle avait gagné son député supplémentaire, notamment dans la grande ville ouvrière de Barreiro, reprise au PS en 2005, où elle gagne cette fois avec la majorité absolue. Elle conserve également la grande ville d’Almada, voisine du Barreiro et partie de la banlieue ouvrière de Lisbonne lui faisant face dans l’estuaire du Tage, où le PS avait fortement investi, en mettant comme tête de liste une figure nationale du parti.

L’autre point positif concerne la manoeuvre amorcée par tout l’establishment visant à marginaliser la CDU, ce qui lui a valu un ostracisme médiatique sans précédent, et à faire la promotion du B.E. comme nouvelle force montante à la gauche de la gauche, en pariant sur l’effondrement de la CDU.

Non seulement le BE échoue de façon claire avec une seule mairie conservée, et encore par le biais de l’ancienne maire de la CDU passée au BE, comme il se retrouve, contrairement aux législatives, nettement derrière la CDU, tant à Lisbonne qu’à Porto, où il ne disposera d’aucun mandat, contrairement à la CDU.

La CDU se voit ainsi confirmée comme la troisième force politique du pays, derrière le PS et le PSD.

Dans le contexte portugais et européen, ce résultat est loin d’être négligeable.
Il peut également comporter quelques enseignement par rapport à certains débats en cours, tant dans la gauche européenne qu’au niveau de la France, en particulier pour celle qui persiste à s’inscrire dans une visée alternative.

Tout d’abord, force est de constater, toutes proportions gardées, que ce n’est pas dans la dilution de l’identité révolutionnaire ni dans une « chosification » à l’italienne que réside le salut, loin s’en faut, et le résultat des élections européennes, pour ne pas parler non plus des élections en Allemagne, trouve là une confirmation.

Ni non plus le pari dans une compétition médiatique visant à apparaître aux yeux de la pensée dominante comme des politiques « ouverts et présentables » mais dans plutôt dans l’affirmation d’une dimension de classe claire et d’un ancrage social fort.

Pour autant, on ne manquera pas de remarquer, et cet élément est particulièrement pertinent pour la France, du fait d’un vécu commun à gauche inscrit dans l’histoire, les difficultés que peut poser à l’ensemble de la gauche dans la perspective d’un rassemblement majoritaire, l’arrimage d’un PS aux options sociales-libérales et ses alliances objectives avec la droite.

Cela ne rend assurément pas le combat de toutes les forces de gauche engagées dans une perspective transformatrice plus aisé, malgré un mouvement social puissant et organisé comme celui qu’a connu le Portugal ces derniers mois. D’abord parce que cette politique « sociale-libérale », au Portugal plus libérale que sociale d’ailleurs, engendre des dégâts sociaux considérables mais aussi parce qu’elle brouille durablement les repères et fait le lit de la droite et du capital.

Ne pas s’y résigner peut aussi être une des conditions de changements politiques plus importants.

Pedro DA NOBREGA

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