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Désacraliser l’Université Libre de Bruxelles

Le mardi 7 février, se tenait un « débat » à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) sur le thème « L’extrême droite est-elle devenue fréquentable ? » auquel Caroline Fourest, l’islamophobe et « sérial menteuse » était invitée au coté d’Hervé Hasquin sous la « modération » de Guy Haarscher.

Pour moi, participant actif de l’action « Burqa bla bla » /« Burqa pride », la réponse à la question « L’extrême droite est-elle devenue fréquentable ? » est clairement : « Oui » !

Désacraliser l’Université Libre de Bruxelles

par Nordine Saïdi

Le mardi 7 février, se tenait un « débat » à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) sur le thème « L’extrême droite est-elle devenue fréquentable ? » auquel Caroline Fourest, l’islamophobe et « sérial menteuse » était invitée au coté d’Hervé Hasquin sous la « modération » de Guy Haarscher.

Pour moi, participant actif de l’action « Burqa bla bla » /« Burqa pride », la réponse à la question « L’extrême droite est-elle devenue fréquentable ? » est clairement : « Oui » !

Il suffit de voir le nom des intervenants !

Hervé Hasquin, ancien professeur à l’ULB connait très bien son sujet. Déjà en 1990, il disait : « On ne peut nier, tout particulièrement en Région bruxelloise, que la densité d’étrangers extra-européens, très éloignés de nos traditions culturelles et philosophico-religieuses, posent d’autant plus de problèmes que beaucoup d’entre eux ne sont pas soucieux de s’intégrer dans nos populations (…). Le « seuil de tolérance » (…) a été atteint à maints endroits. »

Guy Haarscher, membre du Rappel (Réseau d’action pour la promotion d’un État laïque.) chroniqueur régulier de la revue Regards du Centre Communautaire Laïc Juif, membre fondateur de l’association « Les Amis Belges de Shalom Archav », dont les statuts stipulent être « Attachée inconditionnellement à l’existence de l’Etat juif. » (http://www.shalomarchav.be/IMG/pdf/doc-8.pdf )

Caroline Fourest dans sa fameuse chronique du Wall Street Journal, du 2 février 2005 intitulé « The War For Eurabia », déclarait : « En Europe, [Les islamistes] tirent avantage de la liberté d’expression et de la démocratie tout comme de l’échec des Arabes à s’intégrer. Ici, ils recrutent comme bon leur semble. […] L’Occident est utilisé comme un formidable camp de base pour recruter de nouvelles troupes. Avec elles, les islamistes espèrent prendre leur revanche en Orient ».

Des « lumières » pour l’ « illuminé » d’Anders Breivik, qui a développé dans son manifeste les mêmes idées que celle de Caroline Fourest sur l’ « Eurabia ».

En quelque sorte, ce jour-là était bien un fameux « mardi noir ».

« Ce noir constat m’oblige à prendre des risques, à libérer ma pensée, à devenir un journaliste, un fugitif, un dénonciateur, un haut-parleur, trop souvent placé au centre du viseur » (Shurik’n).

Face à cette tribune libre, un groupe d’une cinquantaine de personnes dont je faisais partie, a décidé d’organiser une action citoyenne afin de ne pas laisser la parole raciste se déverser sans aucune résistance. Caroline Fourest a un grand espace médiatique contrairement à ceux qu’elle stigmatise.

Un véritable lynchage médiatique, qui n’a d’autre but que de noyer toutes revendications légitimes de stricte égalité et de respect de tous les citoyens, en ce compris les citoyens belges issus de l’immigration, s’est opéré en moins de 24 heures. Tous les violons de l’intelligentsia étaient réglés afin de condamner unanimement cette action plus humoristique qu’autre chose.

Le chahut est-il à ce point une méthode indigne que tous les médias ont trouvé une occasion de se ridiculiser, alors que l’ULB a toujours été le théâtre de nombreux chahuts ?

Souhail Chichah met le doigt où ça fait mal

Souhail Chichah sera-t-il licencié parce que nous avons dénoncé et chahuté cette réunion nauséabonde ?

Si un tel déferlement de violence est organisé et orchestré à si grande échelle à l’encontre d’un seul individu, c’est que le discours politique critique qu’il véhicule met le doigt là où cela fait mal !

Souhail Chichah, chercheur à l’Université libre de Bruxelles a le mérite de ne pas s’aligner parmi les nombreux défenseurs de l’État d’Israël…

Il ne se passe pas de semaine sans que l’islam ne soit dénigré et les musulmans stigmatisés par ces mêmes défenseurs de l’État d’ Israël.

Cette action citoyenne aura eu le mérite de faire tomber les burqas sous lesquelles se cachent les problèmes sociaux et de dévoiler la parole islamophobe ainsi que le racisme structurel de cette société.

Notre groupe, qui n’avait aucune homogénéité, fut qualifié unanimement d’« islamiste »,« terroriste », « fanatique », qui aurait commis un « attentat » en ce « mardi noir », où « nous avons été pris en otage », alors qu’il aurait suffi de parler de gens opposés à l’islamophobie.

On peut dire que nous avons fonctionné sur les modèle des « Occupy » qui est un mouvement de résistance de gens de diverses couleurs, sexes et convictions politiques, sans meneur. La seule chose que nous avons tous en commun, c’est d’être ces 99% qui se refusent à tolérer plus longtemps la rapacité et la corruption des 1%.

La forme ayant pris plus de place que le fond, venons-en au réel débat !

Si je dois décrire la composition du groupe de Burqa Blabla, je dirai qu’il s’agissait surtout des personnes issues majoritairement du …croissant pauvre de Bruxelles.

Ces même communes où se concentrent les plus pauvres, où se trouve la plus grande concentration de chômeurs, la plus haute densité de population, le plus faible niveau de scolarité, la population la plus jeune, et où l’espérance de vie même y est moindre.

Bruxelles compte plus de cent cinquante nationalités et plusieurs langues. Cette particularité ne peut nous faire oublier que le problème fondamental est celui de la répartition des richesses et non le problème de l’origine nationale, de la religion, de la langue ou de la culture.

Nous refusons d’être caricaturés à des fins idéologiques afin d’attiser les peurs et la haine.

Decolonize U(l)B

Hasquin nous a demandé : « Vous êtes membres de la communauté universitaire ? »

Nous lui répondons : « Hasquin, on n’est pas des chiens ! Si tu veux débattre, tu nous invites devant ! Le temps des colonies, c’est fini ! ».
Personnellement, je ne suis pas de la maison, mais j’en paye le loyer. A ce que je sache l’ULB est une université essentiellement financée par l’État, en l’occurrence la Communauté française, donc par mes impôts. De plus ceux qui ont construit cette université, les vrais « bâtisseurs » n’y ont certainement pas envoyé leurs enfants.

Les « sujets » des études sociologiques ne représentent même pas 5% de la population de l’université, nous refusons d’être sujets mais acteurs du débat.

Un de nos slogans est aussi « Cours Fourest ! Cours ! ». En effet, courez, fuyez, dégagez, car nous construisons aussi chaque jour nos universités et le monopole de la parole ne vous est plus réservé.

Il existe plusieurs noyaux de résistance à la pensée dominante du moment, les premières étincelles se sont embrasées dans les pays arabes, où des centaines de milliers de personnes ont occupé les places et les rues afin de rappeler à leurs gouvernements que le peuple détient le véritable pouvoir.

Les « sans-voix » se font entendre partout, ils sont leur propre « porte-parole », tout un chacun est son propre représentant.

L’objectif de ces « lumières » du temple de l’U(l)B n’est pas de lutter contre le racisme, ni même contre l’antisémitisme, mais de taire les voix de tous ceux qui osent crier trop fort.

Camarades, frères, arrêtez de vous demander pourquoi vous avez du mal à mobiliser dans les quartiers. Vos discours paternalistes et islamophobes peuvent parfois être repoussants.

Vous n’intégrez pas les différences et la spécificité des gens des quartiers. Le fait d’être traités comme des étrangers est la critique la plus fréquemment avancée parmi nous et ce toujours sous le prétexte de défendre l’égalité des sexes et de protéger la culture occidentale.

En tous cas, les enfants d’immigrés se sentent de plus en plus réprimés et surveillés. Dans cette atmosphère de racisme croissant, les musulmans et musulmanes sont pointés du doigt. Nous sommes des enfants d’immigrés et d’ouvriers, nous avons une double raison d’avoir une conscience de classe.

Camarades, il s’agit d’une lutte des classes où les prolétaires sont majoritairement musulmans. Mais quand ceux-ci s’organisent et expriment leur colère, pour la gauche, ce n’est jamais de la bonne manière. Comme souvent, la gauche a cru bon de se distancier de l’action, soit en la condamnant sur le fond, soit en la condamnant au nom de considérations tactiques[1]. Une partie d’entre elle va même jusqu’à exiger des sanctions contre les protestataires.

C’est votre propre liberté, que d’assister, en spectateur servile à la mise à mort d’un homme dont le seul vrai crime aura été d’affirmer, avec d’autres, sa citoyenneté et sa vision égalitaire de la société.

Je le crie et continuerai à chaque fois que la parole islamophobe sera invitée à Bruxelles : on lui montrera qu’elle n’est pas la bienvenue.

Nordine Saïdi

Porte parole d’ ÉGALITÉ

[1] Le PS espère quant à lui que les « autorités de l’ULB feront au plus vite toute la lumière sur ces événements indignes d’une des plus grandes universités du pays, et que les mesures seront prises pour éviter que de telles méthodes puissent un jour se reproduire ».

PTB : Il est très clair que l’action menée à l’ULB contre Caroline Fourest a été contre-productive. Elle n’a en rien permis de révéler son discours nauséabond. Elle a permis de la faire passer pour une victime et a fait passer un message confus selon lequel ce serait des « intégristes musulmans » qui étaient à la base de l’action.

Henri Goldman : Le chahut de l’ULB fut un merveilleux cadeau à Caroline Fourest qui en est sortie à son avantage [1]. Comme l’écrivait sur son mur Facebook Mohssin El Ghabri, un ancien président du Cercle des étudiants arabo-européens : « C’est non seulement une faute stupide et irresponsable mais c’est aussi une trahison des combats menés en faveur de la liberté d’expression lorsque celle-ci était menacée par les thuriféraires de Fourest ». Il me semble que ce n’est pas trop demander à ceux et celles qui ambitionnent d’agir sur le réel d’anticiper les conséquences parfaitement prévisibles de leurs actes [2].

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