"Si les soldats viennent, ils nous trouveront, leur barrant le chemin"
Gush Shalom
Date : Sun, 14 Sep 2003
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Communiqué de presse 13/9/2003
"Je suis déterminé à prendre des risques personnels et à servir de bouclier
humain, afin de faire échouer le projet du Premier ministre Sharon
d’assassiner le leader du peuple palestinien. Nombreux sont mes amis de la
mouvance pacifiste israélienne prêts à en faire autant."
Ainsi s’exprimait le vétéran des militants pacifistes, Uri Avnery (il vient
de fêter ses 80 ans - ndt) de Gush Shalom (le "Bloc de la Paix" israélien)
alors qu’il arrivait à la Moqa’ata de Ramallah.
"Sharon n’a pas l’intention de "déporter" Yasser Arafat. Ce mot est employé
par euphémisme pour "assassiner" Arafat de sang froid.
Le meurtre d’Arafat, par des militaires sous l’autorité du gouvernement
israélien, serait un terrible désastre pour notre pays. Il pourrait
précipiter une explosion de haine et une effusion de sang dépassant tout ce
que nous avons vu ces trois dernières années. Un tel crime compromettrait
aussi toute chance de paix et de réconciliation entre les deux peuples pour
de nombreuses années, probablement pour quelques générations. Pour des
personnes comme moi, qui se préoccupent de l’avenir d’Israël, il n’y a rien
de plus important à entreprendre, en cet instant, que de faire tout, je dis
bien, faire TOUT ce qui est en mon pouvoir pour empêcher une telle calamité..
Le Premier Ministre Ariel Sharon, le ministre de la défense, Mofaz et leurs
généraux doivent savoir que s’ils envoient leurs soldats ici, il y aura des
militants pacifistes israéliens pour leur barrer le passage" a ajouté Uri
Avnery qui a rappelé que déjà , l’année passée, un groupe de militants de
Gush Shalom avait passé la nuit dans la Moqa’ata pendant une précédente
série de menaces de Sharon à l’encontre d’Arafat.
Avnery a vertement condamné les soi-disant "experts" qui ont affirmé sur les
médias israéliens que "l’expulsion d’Arafat allait ouvrir la voie à
l’émergence de forces modérées". "Soit ces Messieurs sont des menteurs
éhontés, soit ils n’ont pas la moindre compréhension du sujet qu’ils
commentent, pas la moindre conscience du fait objectif que l’assassinat
d’Arafat balayerait, pour une durée considérable, tout signe de modération
dans la société palestinienne.
Uri Avnery est arrivé dans la Moqa’ata dans l’après-midi du 13 septembre
avec un groupe d’une trentaine de militants pacifistes parmi lesquels, deux
membres de la Knesset Issam Mahoul et Ahamad Tibi, Un responsable du parti
Meretz Latif Dori et l’historien Teddy Katz. En même temps qu’eux,
arrivaient un grand nombre de personnalités palestiniennes, partenaires des
Israéliens au sein du Groupe israélo-palestinien pour la Paix. Alors que ces
militants arrivaient, les lieux étaient remplis de milliers de manifestants
palestiniens, exhibant des portraits d’Arafat et des drapeaux des divers
organisations et partis de la société palestinienne, unis, pour l’occasion,
dans une large opposition aux menaces de Sharon à l’encontre d’Arafat.
Les gardes du corps du Président ont frayé un chemin à la délégation
pacifique israélienne au milieu de la foule. Dans le couloir d’accès, les
Israéliens ont rejoint Arafat qui les a accueillis chaleureusement et a
invité Avnery et les deux députés de la Knesset à se présenter avec lui à
une fenêtre. Leur apparition a été saluée par des applaudissements et des
acclamations prolongées. Avnery a offert à Arafat le symbole de Gush Shalom
qui représente les deux drapeaux israélien et palestinien côte à côte - que
le Président palestinien a aussitôt accroché au revers de sa veste.
Arafat a invité les militants pacifistes à dîner, rejoints par le nouveau
Premier ministre Abu Ala. Pendant le repas, Arafat a parlé des accords
d’Oslo, signés dix ans auparavant, et dit : "J’étais alors et reste
aujourd’hui engagé dans l’espérance d’un avenir pacifié, un avenir dans
lequel les enfants de nos deux peuples pourront grandir sans la peur". Abu
Ala a appelé à un cessez-le-feu immédiat, mettant fin aux
explosions-suicides des Palestiniens et aux "liquidations" par les forces
armées israéliennes.
Uri Avnery suggéra au Premier ministre palestinien d’inclure à la
présentation de son nouveau gouvernement, quand il sera formé, un appel
direct au peuple d’Israël. "De nombreux israéliens ont d’ores et déjà
compris la simple réalité : les assassinats ciblés et les liquidations
entraînent directement les explosions-suicides. Celui qui envoie un
hélicoptère de combat assassiner un leader palestinien est aussi responsable
de la mort de civils israéliens par l’explosion-suicide qui s’ensuit.
Sharon, ainsi qu’une majorité de ses ministres et généraux ne veulent pas
d’un cessez-le-feu, mais une guerre totale. Mais, parmi les citoyens
d’Israël qui en ont assez et plus qu’assez de vivre dans la peur, un tel
appel en leur direction pour un cessez-le-feu pourrait trouver un écho."
Trad : JCP jean-claude.perron@wanadoo.fr
