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Des attaques dans les colonies qui mettent fin à des mois de calme relatif ?

Nathalie L.

Bonjour

Me voilà donc en France, à la campagne. Je dors à peu près 11 heures par nuit. Faut dire qu’ici, dans ma Normandie natale, je ne suis pas trop emmerdée par les tanks dernier modèle de l’armée israélienne. J’ai décidément de la chance, moi : j’ai un passeport occidental.

Fatiguée certes, mais quand même pas assez pour laisser passer les conneries que j’entends un peu partout ici.

Attaque dans une colonie ( au passage, je vous rappelle que les colonies sont illégales au regard du droit international, et ce depuis l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza en 1967) : 8 morts, dont un bébé. Le lendemain, deux kamikazes se font exploser à Tel Aviv :3 morts, en plus es 2 kamikazes.Et vos journaux de reparler d’un "regain de violence au Proche-Orient"...

Voici un extrait d’une dépêche de l’agence Reuters publiée ce vendredi 19 juillet : "Ces attaques ont mis fin au mois de calme relatif qui régnait en Israël depuis la réoccupation par l’Etat hébreu de sept villes palestiniennes de Cisjordanie. Israël entendait ainsi répondre à une vague d’attentats suicides qui avaient tué 26 israéliens au mois de juin. Au moins 1.447 palestiniens et 559 israéliens ont péri depuis le début de la seconde Intifada, fin septembre 2000."

Un mois de calme relatif ! ! !

Honnêtement j’ai relu le message plusieurs fois pour être certaine d’avoir bien compris...

Un mois de calme relatif ! ! Hahahaha ! ! !

Je viens de le passer dans ces villes palestiniennes réoccupées, ce "mois de calme relatif" ! ! ! Et franchement, je n’avais absolument pas remarqué qu’il était calme, ce mois, ha ça non alors ! !

Je pense à mes amis (français) qui vivent et travaillent dans les territoires : à K., et ses soucis pour continuer, en dépit de tout, ses cours ; a V., qui ne sait plus où donner de la tête ; à C. coincée sous couvre-feu ; à A. elle aussi coincée sous couvre feu, alors qu’elle doit commencer à travailler dans une autre ville ; à J., une jeune volontaire qui ammenait des médicaments et qui a été arrêtée et conduite en prison par les forces israéliennes (une journée) ;à vous aussi L. et Z., pour vos heures sous la mitraille à Deheishe, à faire le tour des copains pour savoir qui a été blessé ; à "S." pour sa nuit de frayeur à Deheishe, quand les soldats israéliens ont fait irruption dans la maison où elle dormait.

Oui Je pense à vous tous qui comme moi avez vécu ce "mois de calme relatif". Si on était tous ensemble en ce moment, on en rirait ensemble...

Difficile de raconter un mois de couvre feu... Un couvre feu, je vous l’ai déjà dit pour l’opération Rempart du mois d’avril, c’est les nerfs à vifs, les larmes qui coulent, les sursauts au moindre bruit, les sirènes des ambulances, celles des jeeps, le crissement des tanks, les soldats israéliens qui hurlent "mamnou’ attajawal"(=interdit de se déplacer) dans les hauts parleurs ;

Le couvre feu, c’est la rue déserte, les voisins qu’on ne voit plus, la peur quand le tank s’arrête tout près, nos journées à guetter les infos pour savoir si demain "ils" lèveront le couvre feu, notre désespoir quand on apprend qu’ils ne le lèveront pas...

C’est tout ça, un couvre feu. Et plus encore. Et ça ne s’arrête pas. Les tanks passent aussi la nuit. Vous dormez entre deux passages de colonnes de tanks.

Un mois de calme relatif, hahaha ! ! ! ! !

Quelques souvenirs qui me reviennent en vrac :

Jeudi 4 juillet : "ils" ont levé le couvre feu. avec A, on a donc vaqué à nos occupations, on a vu nos copains et docilement, comme tous les autres,on est rentré chez nous à l’heure imposée par les autorités israéliennes.Des gosses dans la rue jouaient au foot. La levée finissait à 18h, il était 18h 15. Les jeeps sont passées et ont hurlé "mamnou’ atajawal !" (=interdit de se déplacer, en arabe). Les gosses n’ont pas dû rentrer assez vite. On a entendu un "boum" ; J’ai pensé à une bombe sonore, qui comme son nom l’indique fait du bruit.

Les soldats usent et abusent de ces petites choses pour nous terifier, ou terroriser, pour employer un terme plus à la mode...

A. et moi, on se prépare notre petit narguilé dans le jardin. Le tabac est prêt. Le charbon est sur le feu. Le jasmin embaume, il fait chaud, les pistaches et le jus de fruit sont là . Soirée cool.Tout d’un coup, A. revient vers moi, l’air bizarre. Au même moment, je sens un truc qui me brûle le nez. J’ai l’impression que je vais saigner du nez, ça brûle, je commence à tousser.Pas besoin de se parler, on a compris. Du gaz ! !

Le "boum" de tout à l’heure c’était du gaz ! ! Nous on a eu un tout petit peu de ce nuage. Les gosses eux se sont tout pris.

Vite on file sous le robinet, pour calmer la brûlure. On s’est fait gazés dans le jardin...

Autre souvenir : Deux de mes étudiants bravent le couvre feu, pour venir...prendre des cours de français ! ! Ils apportent leurs bouquins et tranquillement , dans le jardin, on bosse les conjugaisons. Les tanks passent et repassent dans un vacarme assourdissant. On finit la journée en jouant aux cartes avec le fils des voisins. On écoute Oum Kalthoum, Kazem As-Saher, mais aussi I Am. Le narguilé glougloute.

Vers 18h-19h, il leur faut rentrer avant que la nuit ne tombe (vers 20h). un dernier café, et ils partent, en évitant bien sûr les routes. De petits chemins en jardins, ils ont 500 mètres à faire pour gagner le camp de réfugiés de Deheishé où ils habitent. Un jour, ils se sont fait prendre. Questions : - d’ou es-tu ? - Deheishé - contre le mur ! ! !

Ils vont y passer plus d’une demie heure, les mains en l’air et plaqués au mur.

Faut dire que Deheishé est d’après les autorités israéliennes, un "nid de >terroristes". Shadi se fait passer à tabac par un soldat. Jihad montre sa carte de presse, le soldat arrête de taper sur Shadi.

Une demie heure contre un mur. Quelle insolence aussi ! Ils avaient osé braver le couvre feu ! Ils avaient osé vivre alors qu’ils auraient dû rester confinés chez eux ! !

Contre le mur, ils se sont regardés, se sont souri...et ont commencé à >chanter ! ! ! Oum Kalthoum et Kazem, et même quelques chansons nationalistes !

Le soldat a recommencé à frapper, ils ont continué à chanter. Le soldat les >a laissés partir...

Autre souvenir encore : jeudi 11 juillet. ils ont ouvert le couvre feu ! ! ! enfin ! Depuis une semaine, j’ai bien dit UNE SEMAINE, on a eu seulement 4 heures de liberté. On est sortis le jeudi 4 juillet. vendredi et samedi suivant, à la maison. dimanche, 4 heures de liberté de 10H à 14h. lundi, mardi et mercredi, à la maison. Jeudi 11 juillet, ils ont levé le couvre feu de 9H à 14H. Quelle générosité ! !

j’en profite pour faire un aller et retour à Jérusalem récupérer ma paye. Au retour, le soldat examine mon passeport sous toutes les coutures, me demande mon visa alors qu’il l’a sous les yeux, etc.. A la fin, avec un sourire enjoleur, il me dit : "have a nice day" ; Connard ! a été le seul mot qui me soit venu à l’esprit, et grâce à Dieu, je ne sais pas le dire en anglais.. Mais mon anglais déficient me permet quand même de lui dire le fond de ma pensée : "nice day" alors que je n’ai plus qu’une demie heure de liberté avant que les tanks ne reviennent ! ! Mon "nice day", monsieur le soldat, ce sera le jour où vous quitterez les villes que vous occupez ! Le jour où je serai libre d’aller et venir à ma guise.

Dans ma demie heure de liberté, il me faut acheter à bouffer. Direction le supermarché à côté de chez moi."aie, ça brûle, j’ai le nez qui saigne ou quoi ? ? !" Tout le monde pleure. Des gaz ? ? ? ! ! Dans le magasin ? ? ! ! -"Oui, me répond le patron, ils en ont lancé ce matin au début de la levée du couvre feu. Depuis, on n’arrive pas à le faire sortir du magasin. il n’y a pas d’air, et si on met un ventilo, on n’a plus assez d’élecricité pour les congélateurs, alors...." Alors, on achète le fromage et la viande et le chocolat dans le gaz.

Tout ça et encore bien d’autres choses, c’était pendant ce mois de "calme relatif".

Oui, vraiment, on est bien informé en Occident. Comment peut-on comprendre un conflit si on n’entend qu’un son de cloches ? Certains m’ont accusé de faire de la propagande pro palestinienne. Pourquoi ? parce que je ne reprends pas le discours officiel ? Venez voir ce qui ce passe là bas, venez voir, et vous comprendrez.

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