En décembre [2019], Assange a frôlé la mort de près. Il n’est pas sorti de l’auberge. Il est actuellement enfermé sous haute sécurité dans une prison britannique, malade et torturé. Il a été extrait de son refuge légal à l’ambassade de l’Équateur le 11 avril 2019 et mis à l’isolement pendant 10 mois. Nous sommes à quelques jours d’une affaire cruciale d’extradition américaine le 24 février 2020, mais il se trouve pratiquement dans un carcan juridique, technologique et de communication, isolé de son équipe d’avocats. Assange a été forcé de rester au Royaume-Uni pendant 10 ans sous prétexte que le Royaume-Uni était obligé d’appliquer un Mandat d’Arrêt Européen (MAE) disproportionné, et désormais obsolète. Le résultat a été une privation catastrophique des droits fondamentaux d’Assange.
Il risque la peine de mort aux États-Unis, quelle que soit la façon dont on prend les choses. Il ne reverra jamais vivant le sol australien ; il sera rapatrié en Australie dans un cercueil s’il devait se retrouver en détention aux États-Unis. Il n’y a aucune possibilité de procès équitable dans ce pays. Mon blog de septembre 2018 décrit la corruption judiciaire en Suède et au Royaume-Uni. Depuis lors, mon hypothèse a été vérifiée par des courriels disponibles sur le site gouvernemental britannique.
Les nouveaux courriels démasquent-ils l’ingérence et la collusion politiques jusqu’aux plus hauts niveaux des tribunaux britanniques, y compris la Cour suprême du Royaume-Uni, dans l’affaire Assange ? La réponse est « Oui », les nouveaux courriers électroniques démasquent l’ingérence et la collusion politiques jusqu’aux plus hauts niveaux des tribunaux britanniques, y compris la Cour suprême du Royaume-Uni dans l’affaire Assange. La Cour suprême du Royaume-Uni est-elle indépendante de la corruption politique des autorités britanniques jusqu’au Premier ministre, au Crown Prosecution Service (CPS) [Service du Procureur], au ministère de la justice et au-delà ? Non. Le Royaume-Uni a fait pencher la balance de la justice contre lui avec des préjugés et une discrimination manifeste. Il n’est pas égal devant la loi au Royaume-Uni. Il existe de nombreuses preuves pour demander une révision si l’équipe juridique d’Assange souhaite demander des comptes aux autorités britanniques et suédoises. Dans le cas contraire, Assange et ses avocats peuvent s’attendre à plus d’injustice, de préjugés et de corruption afin de rationaliser son expulsion illégale du Royaume-Uni vers les autorités américaines enthousiastes qui l’ont piégé de manière extrajudiciaire au cours de la dernière décennie.
Retour arrière : Assange a contesté la proportionnalité de la loi d’extradition, puis l’ancienne loi a été révoquée et remplacée par une nouvelle. Pendant que cette contestation était traitée devant les tribunaux, le CPS a gardé en suspens un grand nombre d’affaires en souffrance, puis a laissé ces personnes bénéficier de la loi révisée, mais pas Assange. La loi révisée n’était pas applicable rétroactivement. Ce n’est pas une coïncidence si Assange est le seul cas qui n’a pas bénéficié de la loi révisée. Il en a été exclu.
Le CPS britannique a accéléré le traitement du dossier suédois du Mandat d’Arrêt Européen d’Assange et a délibérément créé un retard dans le traitement des autres dossiers MAE dont l’issue dépendait d’une résolution de son affaire. Le CPS a manipulé le calendrier et l’ordre des dossiers à traiter dans le cas des MAE pour traiter en priorité celui d’Assange tout en ajournant d’autres dossiers afin qu’Assange ne puisse pas bénéficier des protections prévues par la nouvelle loi. Cela a servi à punir Assange avant qu’aucune accusation ne soit portée ou qu’une culpabilité ne soit établie et à contourner son accès à des protections légales. L’insertion de la ’clause d’exclusion Assange’ pose un problème pour les normes juridiques éthiques du Royaume-Uni. Pour lui, les normes juridiques étaient particulièrement incohérentes, injustes et disproportionnées. Lorsque les procédures opérationnelles standard ne fonctionnent pas de manière cohérente, la raison est politique.
De telles tactiques doivent avoir été orchestrées au plus haut niveau du gouvernement. Lorsqu’une loi a été modifiée et qui pouvait être en faveur d’Assange, elle ne s’appliquait pas à lui, mais seulement aux autres affaires de MAE qui ont été ajournées en attendant l’issue de son cas. Ce courriel authentifie la décision de l’ONU selon laquelle la détention d’Assange était arbitraire. Il est absolument certain que le Royaume-Uni et la Suède ont conspiré pour suspendre des dizaines d’extraditions dans l’attente de l’affaire Assange, puis lui ont refusé de lui appliquer les bénéfices de ces nouvelles mesures.
"Je dois mentionner que le point de droit certifié a des conséquences potentiellement très importantes pour des dizaines d’affaires en cours, notamment en Estonie, en Lituanie, aux Pays-Bas, en Belgique et en Grèce". (page 223) CPS, Royaume-Uni.
Le CPS a truqué l’affaire, pipé les dés, retardé une vingtaine d’autres cas d’extradition pendant que la contestation juridique d’Assange sur les lois d’extradition britanniques était en cours. Le CPS a truqué la file d’attente des extraditions pour l’exclure, puis a rédigé une clause d’exclusion qui a ciblé Assange de manière préjudiciable. Son nom ne figurait pas dans la clause, mais il figure dans ce courriel.
Le Royaume-Uni et la Suède se sont entendus dans une campagne stratégique pour détenir puis extrader Julian Assange, le priver d’une procédure régulière et saboter ses chances de liberté. En conséquence, Assange et son équipe juridique ont été confrontés à une injustice flagrante après l’autre. Le Royaume-Uni n’a pas agi de manière impartiale et a ainsi privé Assange d’années d’innocence présumée, de santé, de liberté de mouvement, de capacité à communiquer avec le monde et de temps avec ses enfants et sa famille. Sa réputation a été détruite et sa base de soutien sévèrement diminuée.
Il est étonnant qu’Assange soit emprisonné dans une prison de haute sécurité, dans des conditions extrêmes qui le privent de ses droits humains et juridiques, parce qu’une soi-disant démocratie refuse de lui permettre de sortir en toute sécurité ou de lui donner l’assurance qu’il ne sera pas extradé vers les États-Unis.
Il est clair que la détention arbitraire d’Assange n’a rien à voir avec les lois, l’habeas corpus, la culpabilité ou l’innocence, ni avec l’application régulière de la loi, mais a tout à voir avec la subversion de la justice au Royaume-Uni. A la lumière de ces courriels, quiconque affirmerait que son incarcération a été imposée par lui-même ou qu’il ’pourrait sortir à tout moment’ pour ’faire face à la justice’ serait en plein délire. Il a été pris dans une nasse par la police qui a employé une tactique pour l’encercler et le menacer tout en prétendant publiquement qu’il était libre de partir. Pourquoi Assange est-il incarcéré sans charge dans des conditions qui équivalent à de la torture et pourquoi le Royaume-Uni a-t-il insisté pour l’arrêter s’il quittait l’ambassade ? Voici ce que la juge Lady Arbuthnota déclaré :
“62. Après avoir pesé les facteurs pour et contre et examiné les arguments de M. Summers [avocat de la défense], je trouve que l’arrestation [d’Assange] est une réponse proportionnée, même si M. Assange a restreint sa propre liberté pendant plusieurs années. Partout, les personnes accusées d’avoir enfreint leur liberté sous caution, et les personnes recherchées en vue de leur extradition, viennent devant les tribunaux pour faire face aux conséquences de leurs propres choix. Il devrait avoir le courage d’en faire autant’.
Mais ça c’est la narrative soigneusement construite par le gouvernement britannique depuis le début. Le Royaume-Uni dépeint Assange comme quelqu’un qui a fui la justice alors qu’en fait les autorités ont contrecarré tous les efforts pour faire avancer la justice ; non seulement pour lui mais aussi pour les deux plaignantes suédois. Pourquoi est-il détenu sans accusation depuis 10 années étouffantes sur la base d’un Mandat d’Arrêt Européen annulé et des conditions de mise en liberté sous caution associées ?
CONTEXTE
Les procureurs britanniques ont avoué avoir détruit des documents de cette affaire. La journaliste italienne Stefania Maurizi a résumé son enquête sur la liberté d’information (FOIA).
Ces courriels confirment que le Royaume-Uni a intentionnellement porté atteinte aux droits juridiques et humains d’Assange, le ciblant spécifiquement pour une vengeance politique. Pendant la majeure partie de la décennie, il a subi des conditions de torture, a perdu des revenus pour son travail de publication et de prise de parole en public, a perdu des amis décédés mais n’a pas été autorisé à assister à leurs funérailles, a perdu de précieuses années avec ses enfants qui ont grandi sans lui et s’est vu refuser l’accès à des soins médicaux urgents. Le Royaume-Uni devrait être tenu pour responsable. Ses pertes sont immenses. Il est le seul journaliste occidental retenu en otage politique dans un pays prétendument démocratique.
LES CONCLUSIONS DE LA FOIA :
a. Wikileaks est une ’organisation médiatique’.
b. Il n’y avait plus de documents à divulguer. Les courriels associés au compte de l’avocat [du CPS] Paul Close ont été effacés, comme l’a rapporté le Guardian.
[ajout du traducteur : ’Mon premier conseil reste qu’à mon avis, il ne serait pas prudent pour les autorités suédoises d’essayer d’interroger l’accusé au Royaume-Uni’, a écrit Paul Close aux procureurs suédois le 25 janvier 2011, ajoutant que ’toute tentative d’interviewer l’accusé dans le cadre de la stricte loi suédoise serait invariablement source de problèmes’. Il conclut donc : ’Je vous suggère donc de ne l’interroger que lorsqu’il se rendra en Suède et conformément à la loi suédoise’.]
c. L’OIC a fait valoir qu’il n’était pas dans l’intérêt du public de divulguer davantage de documents de crainte que cela ne compromette les relations avec d’autres nations, puis a retenu des informations précieuses que nous pouvons partiellement voir maintenant.
En réalité, il est dans l’intérêt du public de découvrir ce qui s’est passé dans les coulisses et de révéler une dissimulation perverse.
POINTS SAILLANTS DES ARCHIVES DES COURRIERS ÉLECTRONIQUES SUÉDOISES
Le débat sur l’application du MAE d’Assange a été ’boosté’ précisément parce que d’autres cas de MAE en suspens allaient être affectés par le résultat. Comme indiqué ci-dessus, le CPS a retardé l’examen d’autres demandes d’extraditions en attendant l’issue de la contestation d’Assange sur la proportionnalité de son cas en Suède.
Le CPS a délibérément exclu Julian Assange du bénéfice de l’extradition lorsque le Royaume-Uni a révisé ses lois sur l’extradition (2014), en vertu desquelles la Grande-Bretagne n’applique plus les MAE contre les personnes qui n’ont pas été formellement accusées d’une infraction pénale. La loi a été révisée pour être proportionnée sur la base de la présomption d’innocence concernant un suspect faisant l’objet d’un MAE. Si une personne n’a pas été formellement accusée d’une infraction, elle ne peut pas être extradée vers un autre pays. L’affaire Assange a été déterminante dans la mise en place de cette révision de loi, mais il en a été exclu de manière préjudiciable [gras rajouté par le traducteur]. Si le précédent juridique révisé avait été appliqué à son cas, il lui aurait permis de quitter le Royaume-Uni, mais une clause d’exclusion a été appliquée rétroactivement. Le Royaume-Uni a en fait retardé d’autres affaires de MAE jusqu’à ce que l’affaire Assange soit (pré-)déterminée, puis a conçu une phrase pour empêcher Assange d’en bénéficier [gras rajouté par le traducteur]. La clause d’exclusion d’Assange limitait l’application de la loi révisée aux affaires en cours ou en attente de MAE et non à celles qui avaient déjà été conclues/jugées ’recevables’. Si son cas avait été traité de manière impartiale, son cas de MAE aurait été déterminé sur la base du nouveau précédent juridique qui prenait en compte la proportionnalité (c’est-à-dire que le Royaume-Uni n’extradera pas une personne non inculpée vers un autre pays, en particulier lorsque d’autres méthodes d’interrogatoire sont disponibles dans le cadre des protocoles européens d’entraide judiciaire (MLA)).
’Le CS (Cour suprême) saura que le résultat aura un impact sur de nombreuses affaires en cours relatives au MAE, quoi qu’il arrive. Les affaires sont régulièrement ajournées en attendant l’issue de l’affaire Assange’. (Paul Close, CPS)
CONCLUSIONS
Si les États-Unis avaient les mains libres, Assange aurait déjà été extradé par les autorités britanniques et transféré aux États-Unis. Mais jusqu’à présent, cela ne s’est pas produit. Assange est maintenant dans une prison de haute sécurité, sans les outils et l’accès aux personnes pour se défendre. Il se trouve parmi des meurtriers, des violeurs, des fraudeurs et des délinquants violents. C’est un nerd : un éditeur, un auteur, un commentateur, un chercheur et un enseignant. La vérité est qu’Assange n’est pas un fugitif mais une souris prise dans un piège habilement conçu et mis en place par les autorités britanniques et américaines. C’est une personne en cage, détenue dans des conditions inhumaines et de torture comme un animal exotique ou un trophée politique.
Le Royaume-Uni a tortu les procédures régulières, réécrit les lois, refusé les divulgations de le cadre de la loi sur la liberté d’information et empêché Assange de se défendre en Suède ou de bénéficier des lois révisées au Royaume-Uni. Les recours juridiques pour son cas ont été épuisés mais ont été faits de manière à compromettre son droit à la justice. Par conséquent, l’affaire est politique, et pas juridique. Assange est un prisonnier politique. Il n’est pas un ’fugitif de la justice’, il est victime d’un abus de pouvoir de la part du Royaume-Uni. Assange avait un ’motif raisonnable’ pour entrer dans l’ambassade de l’Équateur et demander asile parce qu’il cherchait à se protéger d’une inévitable extradition vers les États-Unis après une escale en Suède.
Le Mandat d’Arrêt Européen original le concernant aurait dû être rejeté comme une extradition politique, sur la base de la section 13 de la loi britannique sur l’extradition qui énonce les conditions interdisant l’extradition d’une personne sur la base de ses opinions politiques, mais ce ne fut pas le cas. Les Nations Unies ont condamné la Suède et le Royaume-Uni pour la détention arbitraire prolongée d’Assange. Le Royaume-Uni a rejeté la décision des Nations unies, continue à bafouer ses droits de l’homme et les procédures légales et a insulté le groupe d’experts des Nations unies. Il a exagéré une infraction mineure à la liberté sous caution, l’a condamné à une peine de 50 semaines et aurait dû le libérer sous caution en septembre 2019 [à la moitié de la peine de 50 semaines - NdT].
La violation de la mise en liberté sous caution est conforme aux méthodes sournoises visant à neutraliser stratégiquement Assange pour un Mandat d’Arrêt Européen qui n’est plus en vigueur, et qui avait été émis pour une accusation qui n’a jamais existé. L’arrêt (de la juge) Arbuthnot met sur le même plan une infraction à la liberté sous caution et un motif raisonnable de craindre pour la vie et la liberté d’un homme. Demander l’asile n’est pas un crime. C’était inconvénient pour le CPS. La décision d’Arbuthnot était un effort pour réactiver un MAE qui avait étéofficiellement retiré par la Suède il y a des années.
Selon les mots de Vivienne Westwood, le Royaume-Uni a abusé de ses pouvoirs judiciaires par un ’non-respect du droit’, par lequel le Royaume-Uni a trituré l’application normale de la loi afin d’en exclure Assange.
Assange a bénéficié et bénéficie toujours d’un ’traitement spécial’ aux yeux de la législation britannique, qui était adaptable et aussi fluide que le permettait le système judiciaire britannique. Les précédents courriels récupérés par Maurizi montrent que rien de cette affaire n’était/est typique et que tout a été ’fait à la vitesse de l’éclair’. Le Royaume-Uni n’a pas appliqué la loi de manière égale, équitable ou impartiale.
Assange résiste à des sanctions exponentiellement disproportionnées pour des allégations qui n’ont donné lieu à aucune accusation ou condamnation. S’il s’agissait d’un jeu de société, on pourrait l’appeler ’Etat de non-droit, version Assange’.
C’est comme jouer à un jeu de société avec un tricheur compulsif qui invente les règles, susceptibles d’être modifiées sur un coup de tête, sans préavis mais toujours en faveur du tricheur-menteur. L’approche tactique cohérente du Royaume-Uni a consisté à saper les droits juridiques et humains d’Assange, à mener une campagne de relations publiques qui met en avant son comportement et cherche à faire passer Assange pour un lâche criminel. Liora Lazarus nous livre en détail le mépris affiché pour la décision des Nations Unies.
IMPLICATIONS : Droit et droits de l’homme
Toute condamnation ou tout dommage découlant de l’examen de ces courriels sera mérité. La réputation internationale du Royaume-Uni du gouvernement de Sa Majesté ne devraient pas être plus importantes que la vie d’un éditeur et d’un serviteur du public.
Le Royaume-Uni a été pris en flagrant délit de comportement contraire à l’éthique et préjudiciable à l’égard d’Assange en anticipant la résolution de son cas d’extradition puis en l’excluant des protections juridiques. Les courriels de Paul Close démontrent la stratégie utilisée pour forcer Assange à rester au Royaume-Uni. Retarder l’affaire. Prolonger la détention. Confondre l’histoire. Coordonner les communiqués de presse avec la Suède pour imposer une version diffamatoire des événements. Modifier et improviser des lois en fonction des besoins. Refuser à Assange tout avantage qui lui serait logiquement applicable après la révision d’une loi. Tous les efforts juridiques visant à contester le traitement préjudiciable ont été sabotés jusqu’à la Cour suprême du Royaume-Uni. Regardez de plus près. Paul Close cite une source plus haut placée au sein du gouvernement britannique :
QUESTIONS COMPLÉMENTAIRES
Qui a participé à l’élaboration de la décision de la Cour suprême britannique ? Consultez les adresses électroniques figurant dans le courriel ci-dessus. Il s’agissait d’un effort ’de l’ensemble du gouvernement’ pour subvertir la justice : la Serious Organised Crime Agency , la police métropolitaine de Londres et le Ministère des Affaires Etrangères.
Le système judiciaire britannique est-il intact ? Peut-on faire confiance à la justice britannique maintenant ? Certainement pas Assange ni son équipe juridique. Jusqu’où faut-il que le CPS britannique s’écarte de l’application normale de la justice avant qu’il ne devienne flagrant qu’il ne s’agit plus d’une impasse juridique mais d’une impasse politique qui nécessite une solution politique ? Cela devrait également signaler la nécessité urgente pour le Royaume-Uni de revenir à l’État de droit, à l’application régulière de la loi, à l’habeas corpus, à la présomption d’innocence et au rétablissement des droits fondamentaux d’Assange.
Le Royaume-Uni devrait-il faire face à des accusations pénales en vertu des conventions contre la torture, qui font l’objet de litiges sur une base internationale ? Oui.
Dans la bataille pour l’information, ou le contrôle de celle-ci, Assange est une cible de choix pour les gouvernements qui veulent restreindre l’accès du public. La culture du secret sert de cap d’invisibilité pour davantage d’abus de pouvoir et de corruption. Les gouvernements qui s’opposent à un accès accru à l’information ont intentionnellement et stratégiquement neutralisé Julian Assange depuis 10 ans.
ÉVALUER LE DANGER ACTUEL
Le plus grand adversaire d’Assange sont les Etats-Unis qui veulent le poursuivre pour avoir révélé des documents qui servent le bien public mais compromettent le secret officiel (des gouvernements, des sociétés privées et des personnes). Son travail de journaliste, d’éditeur, d’auteur et de conférencier a pour but de donner du pouvoir à ceux qui ont besoin de protection et de défier ceux qui ont trop de pouvoir et qui en abusent ensuite. Il est donc en tête de liste des opérations de vengeance américaines. Les États-Unis sont un endroit dangereux pour lui. Leur appétit de pouvoir et de domination n’a pas de limites. Les fantasmes de vengeance des États-Unis ne se réaliseraient pas si Assange était tué ; afin d’obtenir la vengeance ultime que l’empire américain souhaite, ils doivent le détruire totalement, ainsi que ses associés et son héritage. Ils doivent le maintenir en vie afin qu’il puisse souffrir sous le poids et la force de la ’justice’ américaine. Assange a obtenu l’asile à l’ambassade de l’Équateur pour éviter d’être extradé vers les États-Unis, où il est certain que ses droits humains et juridiques seront violés. L’abus de pouvoir du Royaume-Uni jusqu’à présent n’est qu’un léger présage de ce qui l’attend si jamais il est extradé aux États-Unis.
Il est possible que les États-Unis exercent des pressions sur les pays pour qu’ils coopèrent dans le but de le mettre en détention afin qu’il soit extradé et poursuivi sur le sol américain. Les États-Unis peuvent revendiquer le ’droit à la poursuite’ en ce qui concerne Assange en tant que cible prioritaire et contraindre les pays à manipuler leur conduite légale pour atteindre cet objectif. D’après les informations contenues dans les courriels du CPS/SPA, il est possible que le Royaume-Uni exerce une vengeance politique, soit de façon autonome, soit de concert avec les États-Unis. La volonté de mettre M. Assange hors d’état de nuire est pratiquement illimitée, bien qu’il n’ait été accusé d’aucun délit dans aucun pays avant mai 2019. N’oublions pas que le Royaume-Uni a pratiquement lancé un assaut contre l’ambassade pour appréhender Assange. Ce fut une réaction tout à fait disproportionnée pour quelqu’un qui n’avait enfreint que les conditions d’une liberté sous caution, une simple affaire de police qui n’aurait pas jamais dû compromettre la Convention de Vienne sur les locaux diplomatiques.
Étant donné la manière dont le Royaume-Uni a traité le MAE de 2010 à son encontre, il est très probable que la procédure d’extradition américaine remonte jusqu’à la Cour Suprême où il perdra. Ni lui, ni son équipe juridique, ni les citoyens du monde ne peuvent raisonnablement espérer qu’une procédure d’extradition US soit traitée avec impartialité. Il n’a aucune raison de faire confiance à la justice britannique. Il serait finalement extradé vers les États-Unis sur la base d’une nouvelle démonstration de ’non-respect du droit’. Il n’aurait pas le moindre espoir : incarcération infernale, torture infernale et version américaine infernale de la corruption infernale, le tout livré avec une puissance infernale.
La version US de l’’Etat de non-droit, version Assange’ éclipsera la version britannique avec toute la puissance et la finesse d’une dictature militaire sociopathe chevronnée.
LES PROCHAINES ÉTAPES POUR GARANTIR LA JUSTICE À ASSANGE
1. Le Royaume-Uni doit abandonner la procédure d’extradition contre Assange. Il n’est pas obligé d’exécuter une demande disproportionnée et politiquement motivée des États-Unis qui entraînerait certainement sa mort, que ce soit à Belmarsh, sur le sol britannique ou aux États-Unis. Assange doit être libéré et se voir accorder un passage en lieu sûr. Il doit au moins pouvoir être libéré sous caution avec un accès légal et informatique sans entrave. Les tribunaux britanniques doivent revoir les décisions juridiques antérieures et corriger le dossier. Personne n’est au-dessus de la loi, y compris les premiers ministres britanniques.
2. L’ACCUSÉ DOIT RECEVOIR L’INDEMNISATION QU’IL MÉRITE. L’indemnisation britannique et suédoise doit s’étendre à : a. la famille d’Assange, qui a souffert financièrement, physiquement et psychologiquement et b. Wikileaks en tant qu’entité médiatique et éditeur de service public à but non lucratif.
3. Lancer une enquête parlementaire sur la ’clause d’exclusion d’Assange’ de la loi d’extradition révisée de 2014. La Cour suprême du Royaume-Uni doit revoir son jugement final et considérer le Mandat d’Arrêt Européen comme invalide. Même si la Suède l’a retiré, le dossier historique doit être corrigé au plus haut niveau.
4. Le Royaume-Uni doit présenter des excuses publiques et formelles reconnaissant les fautes commises et le préjudice causé. Sans une reconnaissance publique de la faute, la réputation du système judiciaire britannique sera encore plus entachée. Un examen judiciaire est en cours et les députés du Parlement britannique pourraient envisager de lancer une enquête pour révéler les abus de pouvoir. Cette enquête pourrait également porter sur le gaspillage des fonds publics et de l’argent des contribuables dépensés pour surveiller, enquêter, poursuivre et harceler M. Assange.
5. Assange pourrait envisager de porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). L’appel devant la Cour suprême du Royaume-Uni portait sur la validité et le statut juridique du MAE. Sur la base des preuves présentées ci-dessus, Assange pourrait faire corriger le dossier et être libéré aujourd’hui.
6. Déposer des plaintes officielles auprès des organismes professionnels qui supervisent l’éthique et la conduite de ses membres. Plus précisément, Paul Close doit être radié de la profession. Son rôle dans l’affaire Assange devrait être étudié de manière approfondie et la UK Law Society devrait avoir la possibilité d’évaluer le degré de malversation de sa conduite.
7. Surveillance : a. La loi britannique sur la liberté de l’information doit être sérieusement examinée. L’ICO doit être contraint de divulguer davantage de documents relatifs à cette affaire, en particulier les communications entre le Royaume-Uni et les États-Unis. Si le Bureau de la Commission de l’information du Royaume-Uni n’est pas contesté, le processus de la FOIA se voit dégradé, ce qui est contre-productif par rapport à son objectif. Les autorités publiques ont l’habitude de refuser par réflexe l’accès à l’information, ce qui est contraire à un véritable intérêt public. Les préoccupations en matière de gestion de la réputation ne devraient pas l’emporter sur le droit des citoyens à accéder aux documents qui sont d’intérêt public. b. La Cour suprême du Royaume-Uni doit être davantage contrôlée. Des éléments indiquent que les décisions de la Cour suprême ont été influencées par les fautes du CPS et par des influences politiques et étrangères. c. Le CPS britannique a besoin d’une surveillance accrue et les personnes responsables de comportements contraires à l’éthique doivent faire face à des conséquences pénales.
8. L’Australie devrait s’employer activement à assurer son passage en toute sécurité et son rapatriement, sous protection, où il pourra recevoir des soins médicaux urgents et passer du temps avec sa famille. Il serait tragique que le seul moyen pour Assange de retourner dans son pays d’origine soit dans un cercueil. Il mérite un retour en héros.
EN CONCLUSION
Il ne fait aucun doute qu’Assange est un otage politique du Royaume-Uni et des États-Unis. La condamnation globale de la conduite du Royaume-Uni doit être ferme et sans équivoque. Les organisations de médias, les affiliés/comités de journalisme, Amnesty, RSF, HRW et d’autres groupes de défense des droits de l’homme doivent sensibiliser davantage à cette affaire afin d’éviter qu’elle n’arrive à d’autres journalistes, éditeurs et militants. Le monde doit condamner l’attaque ciblée et prolongée contre Assange et Wikileaks. La seule chose qui serait pire que la situation actuelle serait que ces informations ne fassent pas l’objet de l’examen public et parlementaire qu’elles méritent et qu’Assange soit extradé vers les États-Unis sur la base d’une perversion flagrante de la justice. Descendez dans les rues devant les bureaux du gouvernement britannique et la prison de Belmarsh pour exiger que le Royaume-Uni libère Assange immédiatement. Il est temps.
Jude Fleming
traduction "encore un mensonge démonté" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles