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De l’or au bitcoin

Le cours du bitcoin vient d’atteindre un nouveau record en dépassant les 17 000 dollars. Cette performance est d’autant plus impressionnante qu’en début d’année son cours n’était que de 860 dollars, soit un facteur vingt. Nombre de commentateurs voient dans cet engouement une bulle qui ne tardera pas à éclater.

Le Bitcoin est une invention assez remarquable qui peut se résumer en deux choses. C’est un système qui fonctionne grâce à des clés cryptographiques et grâce à des transactions directes (en pair à pair). Autrement dit, c’est un système qui permet de garantir des transactions financières, en se passant du contrôle des banques centrales, et par la même occasion de leurs taxes et des impôts. Quand Bitcoin a démarré en 2009, il a été vu une énième tentative de monnaie électronique alternative. Sauf qu’en 8 ans, le système a pris de l’ampleur. La création de la monnaie fonctionne selon un processus qui veut qu’à intervalle régulier des Bitcoins soit créés, et quand 21 millions de Bitcoins auront été mis en circulation, le processus de création s’arrêtera. Mais le code Bitcoins prévoit une division par deux de la rémunération tous les 210 000 blocs (l’entité de base de Bitcoin) minés (débloqués), soit approximativement tous les quatre ans. Et c’est ainsi que l’on peut comprendre que le Bitcoin n’est pas une monnaie virtuelle car la création des Bitcoins se traduit par une action bien réelle : le déminage. Aussi étrange que cela puisse paraître pour une monnaie non métallique, le Bitcoin a besoin de mines. Non pas de trou dans le sol dont on extrairait des Bitcoins, mais plutôt d’un hangar plein de microprocesseurs qui tournent et effectuent des calculs mathématiques pour le réseau Bitcoin ; sachant que c’est la « mine » qui effectue le calcul le plus vite qui est récompensé en Bitcoins.

Il est intéressant de faire une analogie de l’évolution entre l’or et le Bitcoin : à la question de l’espace dans le minage traditionnel (trouver le bon filon), a été substitué la question du temps (calculer le plus vite possible), à celle de la puissance physique et mécanique du minage traditionnel (avoir des hommes et des machines qui creusent) s’est substitué la puissance de calcul (une dizaine de personnes suffise pour faire tourner une mine de Bitcoin). De l’or au Bitcoin, c’est une page du monde qui a été tournée. Au départ, le minage pouvait être accompli par des particuliers, mais aujourd’hui, la concurrence est telle que seuls quelques sites industriels avec une énorme puissance de calcul peuvent être rentables. Et ces mines coûtent très cher en énergie car non seulement il faut alimenter les machines en électricité, mais il faut aussi les refroidir. L’exemple de la plus grande « mine » est paradigmatique : face au ralentissement de l’économie chinoise de ces dernières années, une centrale hydro-électrique a été aménagé pour l’alimentation d’une mine de Bitcoin. Le climat froid du Tibet a permis de limiter la nécessité de climatisation.

L’idée initiale du Bitcoin était de créer un projet monétaire alternatif libertarien qui avait la volonté de s’affranchir de la collusion hégémonique Banque/Etats en créant une monnaie privée. Mais ce projet, faut-il s’en étonné, s’est transformé en spéculation, c’est à dire qu’aujourd’hui, c’est la réserve de valeur qui prend le pas sur la fonction d’échange de la monnaie ce qui entraîne de la thésaurisation plutôt que de l’injection dans l’économie réelle. Les avantages sont nombreux : pas de frais bancaire, pas de taux de change. C’est une monnaie dont les transactions sont totalement transparentes mais pas anonymes. Les opérations sont instantanées. C’est pour tous ces avantages que la première poussée des Bitcoins a été la crise chypriote en mars 2013 où des capitalistes (souvent russes) qui possédait les comptes à Chypre ont choisit cet intermédiaire pour rapatrier les devises alors que les banques locales leur interdisait et que les non initiés se faisaient plumer, même chose en Grèce un an après. Un second coup de pouce fut l’inflation en Argentine qui, peu de temps après, dépassait 10 %, l’état ayant mis en place un contrôle des changes, le Bitcoin était la parade idéale notamment pour commercer avec les pays limitrophes.

Le Bitcoin n’aurait sûrement jamais existé si le dollar n’avait pas été décroché de l’or en août 1971. D’ailleurs par certains aspects, le Bitcoin fait penser à l’or. Déjà car la production des Bitcoins a été programmé pour se tarir petit à petit, un peu comme les filons d’or. Une question qui n’est pas annexe est de savoir qui a créé cette monnaie. Officiellement, c’est une personne se cachant sous le pseudonyme Satoshi Nakamoto, qui annonce son système en 2008 et publie le code source accessible en 2009. Mais des rumeurs laissent à penser que des industries notamment de microprocesseurs (on parle de Motorola) sont à l’origine. Historiquement ce ne serait pas la première fois que des commerçants créent des lettres de change pour faciliter le commerce. Au moyen âge, la lettre de change était très utilisée comme moyen de paiement dans le commerce international et donc entre deux pays avec des devises différentes. Le commerçant qui allait dans un autre pays se faisait remettre une lettre de change par un banquier de son pays. La somme à récupérer (auprès d’une banque du pays destinataire) était libellée dans une autre devise, de sorte qu’une opération de change avait bien lieu dans la transaction. Son utilisation fut adoptée rapidement parce que cela permettait d’éviter un transport de monnaie et les risques inhérents. Mais cette fois ci, dans le monde hyper connecté, la démarche est démultiplié jusqu’au jour où la confiance s’effondrera, où les détenteurs de Bitcoins dévalorisés exigeront d’être payé en dollars (eux-mêmes dévalorisés), seront incapables d’honorer leurs dettes, et feront en faillite. Les grandes banques, elles, après avoir empoché leurs commissions, seront épargnées.

NDLR : Le mot « bit » est la contraction des mots anglais binary digit (« chiffre binaire »), avec un jeu de mot sur bit, « petit morceau ». Á bon droit, on devrait dire “ la bit coin ” en français puisque le pot “ pièce ” est féminin.

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Circus politicus
Christophe Deloire, Christophe Dubois
A quelques mois de l’élection présidentielle de 2012, les Français sont saisis d’angoisse à l’idée que la fête électorale débouchera sur une gueule de bois. La crise aidant, la politique se révèle un théâtre d’ombres où les signes du pouvoir servent surtout à masquer l’impuissance. Qui gouverne ? Qui décide ? Circus politicus révèle les dessous d’un véritable « putsch démocratique », une tentative de neutralisation du suffrage universel par une superclasse qui oriente la décision publique. (…)
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« (...) on a accusé les communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu’ils n’ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante de la nation, devenir lui-même la nation, il est encore par là national, quoique nullement au sens bourgeois du mot. »

Karl Marx, Friedrich Engels
Manifeste du Parti Communiste (1848)

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