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Cuivre, Zambie et Katanga : le pillage complice de Glencore et la BEI

Le docu « Zambie : à qui profite le cuivre ? » mouille l’Europe

C’est un film ahurissant qu’a diffusé France 5, mardi soir. L’enquête « Zambie, à qui profite le cuivre ? » montre comment la banque européenne d’investissement (BEI) finance en Afrique le leader mondial des matières premières, Glencore, soupçonné d’évasion fiscale. Afrique, pauvreté, pollution, comptes dissimulés, et pourtant, Alice Odiot et Audrey Gallet ont réussi, pour leur premier documentaire, à illustrer parfaitement ce qu’on appelle la « malédiction des ressources naturelles » :

« Comment un pays riche en matière première peut-il être pauvre ? » (Voir la vidéo)

http://www.pluzz.fr/zambie--a-qui-profite-le-cuivre--.html

Reprenons l’histoire au début : l’économie de la Zambie, l’ancienne Rhodésie du Nord devenue indépendante en 1964, repose en grande partie sur l’extraction du cuivre, dont le cours baisse drastiquement les années 80.

Les mines sont privatisées dans les années 90, sous pression de la Banque Mondiale. La mine de Mopani tombe dans l’escarcelle de Glencore, leader mondial des matières premières.

C’est ici qu’intervient la BEI, la banque publique de l’Europe, à laquelle souscrivent les 27 Etats membres. En 2005, elle accorde à la mine de Mopani un prêt de 48 millions d’euros, en vue de moderniser la fonderie, de réduire les émissions de dioxyde de soufre et de maintenir l’emploi.

Glencore, un géant qui lève des milliards en bourse

Or, en 2009, quand les journalistes arrivent sur place, que trouvent-elles ? Des milliers de salariés mis au chômage ou passés en contrat d’intérim, des problèmes de santé alarmants dus à une poussière persistante, la désertification des services publics et une révolte qui commence à gronder.

Guidées par Christopher, licencié de la mine, et Savior, économiste courageux, elles partent en quête d’explications à ce désastre cautionné par la BEI. En remontant les filières opaques de l’évasion fiscale, elles découvrent :

* que Mopani appartient à une société-écran, basée dans îles vierges britanniques et filiale de Glencore, le géant suisse des matières premières ;

* que Glencore réussit l’exploit de ne déclarer aucun bénéfice en Zambie depuis dix ans, alors que les cours du cuivre sont au plus haut et l’extraction du minerai extrêmement rentable ;

* malgré tout, l’introduction en bourse la semaine dernière a été saluée comme la troisième la plus importante de l’histoire européenne.

Dans le salon de Christopher, qui se demande s’il va le mois prochain payer l’école de sa fille OU sa facture d’électricité, l’un des envoyés de Bruxelles admet qu’en Europe, « une entreprise ne serait pas autorisée à opérer ainsi ».

Plaintes, audit, la BEI surveille Glencore

Depuis fin mai, des députés européens se mobilisent. Cinquante d’entre eux demandent un moratoire sur les aides à l’extraction minière. Anne-Sophie Simpere, des Amis de la terre, qui a accompagné l’enquête du film, estime que :

« La BEI n’a aujourd’hui ni les normes, ni les procédures, ni les capacités d’évaluer et de suivre les projets miniers qu’elle finance en Afrique. Tant que des normes et procédures strictes et contraignantes ne seront pas en place, des cas comme Mopani pourront se reproduire. »

L’Europe va-t-elle entendre cet appel ? Sur le terrain judiciaire, cinq ONG, dont, en France, Sherpa, ont porté plainte contre Glencore pour évasion fiscale. Une plainte contre la pollution est déposée en Zambie, et une « class action » (recours collectif) va démarrer en Grande-Bretagne. Mais « c’est David contre Goliath », reconnait Anne-Sophie Simpere.

Convoqué pour s’expliquer devant le parlement européen, le président de la BEI, Philippe Maystadt a déclaré :

« Si la fraude fiscale, selon la loi zambienne, était avérée, cela exposerait Mopani à des pénalités financières en Zambie. »

Il ajoute que la BEI refusera toute nouvelle demande de financement émanant de Glencore ou d’une de ses filiales. La BEI précise avoir « pris très au sérieux les soupçons d’évasion fiscale » et lancé une enquête indépendante.

Chaque Européen engouffre 10 kg de cuivre par an

La réalisatrice croit peu à des sanctions contre le géant Glencore. Et maintient qu’elle n’a pas eu de réponse à l’une des questions essentielles de son enquête :

« J’ai demandé la preuve que les travaux ont bien réduit la
pollution car sur place tout le monde me dit que c’est pire qu’avant. Or, la BEI m’a renvoyée vers Glencore, qui ne m’a pas
fourni de comparatif avant-après.

Les seules mesures indépendantes dont on dispose témoignent d’un taux de dioxyde de soufre en 2009 qui est 72 fois supérieur aux normes. »

Aujourd’hui gênée par cette situation, la BEI répète que l’outil qu’elle a financé (un des fours de la mine) « fonctionne et qu’il est moins polluant ». Ce que la banque ne dit pas, ce sont les intentions cachées de ce type de prêts. Alice Odiot décrypte :

« L’UE a besoin d’investir dans les mines afin de devenir client privilégié face à la concurrence des agences chinoises. Le cuivre s’épuise, alors qu’on en commande 10 kg par an par Européen, notamment pour les ordinateurs, les voitures… »

â–º « Zambie, à qui profite le cuivre ? » mardi 31 mai à 20h35 sur France 5 - film produit par Yami 2 - avec la participation de Stéphane Horel.

Par Sophie Verney-Caillat

Deux ONG suisses accusent Glencore de dépouiller la RDC

La population congolaise du Katanga extrait les richesses de son sous-sol dans des conditions déplorables, selon l’enquête d’Action de Carême et de Pain pour le prochain

Filiale du conglomérat établi en Suisse Glencore, la société Katanga Mining Limited (KML) exploite l’une des mines les plus dangereuses du bassin du cuivre en Afrique. Les cours d’eau et la nappe phréatique sont contaminés par de l’uranium, du soufre, des résidus d’explosifs et du diesel. Plus grand chiffre d’affaires en 2010 en Suisse avec 145 milliards de dollars, Glencore, qui a son siège à Baar (ZG), a été épinglé jeudi par Action de Carême et Pain pour le prochain (PPP) au niveau du respect des travailleurs, de l’environnement, comme de la fiscalité. Cette société, qui est l’un des plus grands fournisseurs et négociants de matières premières au monde, s’assure un approvisionnement exclusif de six gisements clés du Katanga. Et ne verserait entre 2010 et 2013 qu’un million de dollars d’impôts au Congo RDC, dénoncent les principales oeuvres d’entraide suisses.

« J’ai été extrêmement choquée au fil de cette enquête. Cela va bien au-delà de tout ce que j’avais vu et entendu jusque-là en termes d’indifférence aux droits humains et à tout principe d’éthique économique. » Engagée à PPP, Chantal Peyer vient de mettre un terme au rapport intitulé « Contrats, droits humains et fiscalité : comment une entreprise dépouille un pays. Le cas de Glencore en RDC ».

« Nous prenons nos responsabilités »

Après le textile et sa campagne Clean Clothes dans les années 1990, son étude sur l’industrie électronique en 2007, la Campagne de Carême des oeuvres d’entraide s’est concentrée cette année sur les matières premières, « où l’on rencontre les abus les plus extrêmes », commente-t-elle. Le constat : les richesses minières des pays du Sud sont pillées par des entreprises comme le conglomérat zougois. En outre, « les mineurs creusent des trous et des tunnels, presque à mains nues et sans aucun équipement de sécurité. Pour descendre dans les mines, dont la profondeur peut aller jusqu’à 40 mètres, les mineurs n’ont pas d’échelle […] pour des salaires risibles, 3 à 5 dollars par jour en moyenne », détaille l’enquête menée au Katanga et rapportée dans la trentaine de pages qui ont été adressées à la presse comme à Glencore et KML. Interpellée à son sujet, la maison mère réfute les informations mentionnées dans le rapport. « Tous les employés de KML suivent des formations et des règles de sécurité, indique par courriel un porte-parole de Glencore. En ce qui concerne l’environnement, nous prenons nos responsabilités. […] KML paie des impôts à différents niveaux. Soit plus de 60 millions pour 2010. »

Gabrielle Desarzens/Protestinfo

L’article chez lui : Cuivre, Zambie et Katanga : le pillage complice de Glencore et la BEI

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