Aujourd’hui on estime que plus de 4 millions de Cubains sont descendus dans les rues, sur le parcours des cendres, pour rendre hommage à Fidel Castro.
( Sur une population à peine supérieure à 11 millions, au total...)
Ceux qui n’ont pas pu y venir, dans les endroits trop éloignés du parcours, lorsqu’ils ont pu s’exprimer sur les médias occidentaux qui les ont visité, sont allés également dans ce sens, sans nier pour autant les difficultés qui ne sont pas encore surmontées.
Dans chaque quartier, dans chaque localité, il y a les Comités de Défense de la Révolution, où les cubains ont la possibilité de discuter de ces problèmes concrets et de faire remonter leurs revendications en matière de besoins sociaux.
En somme, ce genre de « dictature » qui se préoccupe des conditions de vie des plus humbles, et tente d’y répondre au mieux avec les moyens disponibles, ne serait-ce pas une forme de ce que Marx appelait précisément la « dictature du prolétariat » ?
C’est le fond du débat sur ce point. Sur les diverses formes qu’elle peut prendre selon les conditions concrètes de chaque pays, ce n’est que l’histoire qui tranchera le débat, et en ce qui concerne Cuba, on voit bien que la messe est loin d’être dite, en dépit des diverses visites papales...
Après une brève mise en sourdine, après quelques bémols remarquables, dont celui de Ségolène Royale, le chœur des cris d’orfraies a repris, pour crier "à la dictature", au mépris de la volonté affirmée par le peuple cubain, qui a en quelque sorte massivement "voté", et plus surement encore avec ses millions de pas au long des routes cubaines, que nous ne pourrions le faire avec notre "démocratie" spectaculaire-guignolesque, chassant le dernier locataire de l’Élysée pour mieux se plaindre du prochain, six mois après son élection...
Une démocratie formelle, où tout le monde est sensé pouvoir dire à peu près n’importe quoi, mais où on voit bien qu’elle se trouve rapidement des limites, en pratique, et même carrément des œillères, pour empêcher de faire passer sur les grands médias ce qui dérange la pensée unique, qui est celle du capitalisme, même si elle déguise parfois ses clones en clowns "de gauche"...
Et des limites, et des œillères, surtout, pour déformer les faits grossièrement, comme on le voit à cette occasion, lorsqu’ils ne rentrent pas dans le cadre du tableau...
Lorsqu’une voix reconnue s’élève pour simplement rappeler une évidence, comme vient de le faire Ségolène Royal, tous lui tombent dessus pour tenter de reboucher la brèche...
Cet hommage populaire est un instant de vérité que les capitalistes/impérialistes ont manifestement du mal à avaler, ainsi que les roquets médiatiques et politiques qui aboient pour leur faire de l’écho...
Mais la caravane est passée, c’est le cas de le dire !
Pour autant, il n’y a pas de modèle universel pour le socialisme, et ce sont les grandes leçons que l’on peu tirer de chaque expérience historique qui permettent de faire avancer la suivante positivement.
Pour tous ceux qui refusent de chercher à comprendre, et qui veulent encore appliquer à Cuba des recettes qui ne fonctionnent déjà plus chez nous, face à la crise, il n’y a sans doute pas grand chose à dire, mais pour ceux qui veulent simplement comprendre le paradoxe apparent de Cuba, qui selon les premiers se résumerait à l’histoire d’un peuple féru de dictature, alors qu’il s’agit simplement de la conscience du chemin parcouru, dans des circonstances autrement plus difficiles que les nôtres, il suffit, pour les autres, d’écouter et de lire le dernier discours d’adieu de Raul Castro à son frère, sur la Place de la Révolution à Santiago de Cuba.
Contrairement à ceux de Fidel, les discours de Raul sont brefs, à la fois analytiques et synthétiques, reflétant sa formation marxiste-léniniste ancienne, ce qui ne les empêche pas d’être également charismatiques, émaillés d’anecdotes qui symbolisent et rendent vivants les tournants de l’histoire, les remettant en perspective, dans le temps, et dans la signification globale de son analyse.
C’est aussi pourquoi le "C’est possible" de Raul Castro n’a rien à voir avec le "Yes we can" de Barack Obama, dont on attend en vain les effets, huit ans après son élection, et alors que son tour de piste dans le cirque politique de l’Oncle Sam est déjà terminé... Ce "C’est possible" n’a évidemment rien à voir, non plus, avec le tonitruant "Moi Président" ânonné par notre baudruche nationale François Hollande, déjà dégonflée par le bilan d’un seul tour de piste...
Ce "C’est possible", au contraire, résume l’histoire des obstacles immenses déjà surmontés, et montre donc que ceux à venir peuvent aussi être franchis !
Compte tenu de la difficulté relative des obstacles, ici et à Cuba, on ferait bien mieux de s’en inspirer, plutôt que de mépriser et dénigrer sans connaitre.
Luniterre