En appeler à la démocratie réelle contre la démocratie historique vue comme formelle pose problème.
Le problème n’est pas tant de fond que de pédagogie.
Il en est de la démocratie aujourd’hui comme il en fut du socialisme il y a quelques décennies.
Bien avant 1989 (9 nov : ouverture du mur de Berlin) et 1991 (fin de l’URSS), des groupes politiques critiquaient le "socialisme bureaucratique" au nom d’un socialisme authentique plus démocratique, plus porteur d’égalité et de liberté, etc. Mais dans la vie réelle on continua de nommer socialisme le "socialisme réellement existant". Les partisans d’un socialisme d’émancipation ont donc du changer de vocabulaire. En général en ajoutant un qualificatif à socialisme : démocratique ou autogestionnaire, ou "arc-en-ciel", etc...
Il en est de même pour la démocratie. Des groupes dénoncent la démocratie formelle actuelle au nom d’une démocratie réelle. Mais pour une très grande fraction de la population la démocratie c’est la "démocratie réellement existante" qui a pour base commune un système électoral qui délègue le pouvoir du peuple-citoyen à des élus . Les systèmes démocratiques, dit abusivement représentatifs, se distinguent sur divers points mais partagent le point commun de l’élection de citoyens, de membres désignés comme tels par les Etats.
La montée de la citoyenneté et de la démocratie est positive là ou elle n’existait pas, comme en Espagne, en Grèce, au Portugal, il y a quelques décennies, et aujourd’hui en Tunisie. Mais les peuples-classe voient aussi qu’il s’agit d’une démocratie "basse intensité" (S Amin) ou résiduelle (C Delarue) bien différente d’une démocratie véritable, d’une alter-démocratie.
L’alter-démocratie porte une extension considérable de l’intervention des citoyens. Elle emporte aussi une réappropriation de domaines ou elle était inexistante. En ce sens là ou l’oligarchie recule et laisse place au peuple-classe, un espace de démocratie nouveau apparait. Le saut qualitatif repérable constitue l’alter-démocratie.
La démocratisation est le moyen de la lutte pour aller vers l’alter-démocratie, une démocratie qualitativement différente de l’actuelle, qui ne ressemble qu’assez peu à celle que l’on connait, qui est surtout la chose de l’oligarchie.
Il s’agira dit Yves Sintomer de REFONDER la démocratie là ou elle existe de façon restreinte et de la FONDER là ou elle n’existe pas, au plan mondial notamment. Mais aussi, ajoutons-nous, dans les grandes entreprises capitalistes.
Christian Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article2590