Peuplée de près de 16 millions d’habitants, premier producteur et premier exportateur mondial de cacao (43% de la production mondiale), gros exportateur de café, de bois tropicaux, bananes et produits agricoles, la Côte d’ivoire qui est en général décrite comme le pays le plus prospère et le plus prometteur des pays d’Afrique de l’ouest, agonise.
« Nous savons très bien par expérience, nous l’avons vu dans d’autres pays pas très loin de la Côte d’Ivoire, que c’est l’engrenage de la violence, c’est le bain de sang et c’est la ruine du pays…L’évolution des évènements sur le terrain nous montre quelle est l’urgence de déboucher sur une solution politique et non militaire » a déclaré M.Pierre A. Wiltzer (ministre délégué à la coopération et la Francophonie) au Burkina Faso le 30 novembre dernier.
La crise Ivoirienne qui dure bientôt trois mois commence à laiqser des séquelles. C ’est tous les secteurs économiques du pays qui sont affectés. 65 milliards de Fcfa de manque à gagner , annonce un rapport du ministère d’état, ministère de l’économie et des finance.
La DGI(direction générale des impôts) annonce une moins value de 32 milliards pour la seule période d’oct.- déc. 2002. Le BIC (bénéfice industriel commercial) qui promettait en septembre une plus value de 7,1 milliards pour environ 28 milliards/an ne réalisera que 20 milliards. Les opérateurs économiques ne devant plus payer ni taxes ni impôt au titre de la loi en cas de dégradations de leurs résultats. Même marasme à la douane, qui enregistre une moins-value de 23 milliards. Si la DGCPT (direction générale de la comptabilité publique et du trésor) perd près de 10 milliards, les recettes non fiscales pour les produits du pétrole et du gaz, tombent à 2,4 au lieu de 20 milliards prévu à l’année. Mais aussi pour cause de baisse des activités ce sont 1200 PME /PMI qui risquent de fermer. Les hôtels, bars, restaurants cherchent des clients désespérément. Les banques ont arrêté leurs concours à l’économie de l ’état. Que dire des fuites de capitaux. Compte tenu de l’occupation du nord, du centre et ouest, par les rebelles, la campagne des cultures ,coton, canne à sucre, anacarde et autres est gravement affectée. La main d’oeuvre y devient rare. Le cacao, produit au sud, à l’ouest et à l’est dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial(1,2 million de tonne /an) va connaître une baisse de 25% de sa production observée en sept 2002.
Et devant ce chaos économique c’est le silence total des ex-amis de la Côte d’Ivoire ; si 1/3 de la production de cacao est contrôlé par les multinationales américaines : CARGILL et ADM, il y a plus grave, aux yeux de Washington. « La menace qui pèserait sur le port de San pedro, objectif affiché des nouveaux rebelles(MPIGO et MJP ) » inquiète les américains non pas à cause des hangars de stockages de cacao qu’ils y possèdent mais près des côtes on a décelé beaucoup de pétrole. (parisien du 9/12/02).
« La Côte d’Ivoire offre un potentiel intéressant » a reconnu le patron de VANCO ( société américaine de forage en eau profonde) M. Gene van Dyke. Et de poursuivre « les réserves détectées au large de la Côte d’Ivoire, Ghana, Gabon, Sénégal…pourraient atteindre 100 milliards de barils , l’équivalent de celles de l’Irak dans 4 à 5 ans ». « On comprend que les USA veuillent à tout prix éviter un dérapage de la crise ivoirienne, menaçant la stabilité de toute la région », conclut le journal.
Mais si les anciens alliés des régimes de Moboutou, Bokassa, Houphouët qui n’hésitaient pas à voler au secours de leurs poulains en Afrique quand ceux-là brillaient d’Or et de diamant…le font aujourd’hui , l’addition de la crise ivoirienne si elle n’est pas très salée pour les pays de la sous région, elle risque d’être beaucoup amer pour l’impérialiste. Tout le monde y gagne et tout le monde y perdra peut-être. Et ce sera la fin, ça sera fini. A dieu l’éléphant d’Afrique.