Deux mondes.
On constate de plus en plus que sur cette planète il y a deux mondes.
En information, il y a longtemps qu’on note qu’il y a deux mondes. Le monde de Gesca, de Péladeau, de Desmarais ou encore du journal Le Monde et l’autre monde celui du journal Le Monde Diplomatique ou de Vigile, de Presse-toi à gauche, du Grand Soir, etc. Bref, il y a le monde de la presse "officielle" et celui de la presse "alternative".
Les mêmes événements, les mêmes personnages y sont décrits d’une manière si différente qu’on croirait qu’il ne s’agit pas du même endroit, du même politicien ou du même événement.
Gesca, Le Monde et Cie vont nous dire que le Coup d’État militaire au Honduras était "légal" et Le Monde Diplomatique, Le Grand Soir, Presse-toi à gauche ou même Vigile, vont nous dire qu’il s’agit d’un Coup d’État bafouant au pied la démocratie et les droits les plus fondamentaux des Honduriens-nes. Deux Mondes !
Evo Morales nous parle aussi de deux mondes. Celui du vivre « bien » et celui du vivre « mieux en consommant plus ».
A Copenhague, il a déclaré qu’il y avait deux types de Présidents représentant ces deux mondes qui sont comme l’huile et l’eau. Deux mondes bien distincts qui ne se mélangent pas. Le monde de la mort et celui de la vie. Le monde qui dépense des millions à la minute [1], oui « A LA MINUTE » pour TUER et pratiquement rien pour la vie. Et il y a cet autre monde qui réclame que l’on cesse les guerres, que chaque pays rapatrie ses armées pour se défendre chez lui et qu’on mette l’argent de la mort au service de la vie.
Deux mondes bien différents, celui de la vie et celui de la mort
A Copenhague, ces deux mondes s’opposent. Lors de ces rencontres "mondiales", nous assistons à la formation non pas de la pluripolarité souhaitée par le monde du vivre « bien » mais à la formation d’une bipolarité provoquée par le monde du vivre « mieux en consommant et exploitant plus ».
Ce monde bipolaire s’installe de plus en plus.
Il y avait eu un élan d’espoir pour la pluripolarité lors de l’arrivée de Obama qui disait vouloir rendre les États-Unis plus humbles et disait que les États-Unis étaient non plus pour dicter les choses, mais pour écouter. Force est de constater qu’il n’en est rien et que les États-Unis, cette puissance militaire impériale, dictent comme jamais.
Nous sommes basculés dans une bipolarité. Nous avons vécu des décennies de guerre froide avec un monde bipolaire où l’équilibre de la terreur prévalait, maintenant nous sommes replongés dans un autre monde bipolaire, mais cette fois-ci, le déséquilibre des forces prévaut.
Le monde de la mort possède les armes militaires les plus puissantes et les plus sophistiquées de tous les temps. Il possède aussi, comme jamais, la puissance des banques et des systèmes financiers (FMI, BM, OMC). Comme troisième arme, le monde de la mort a su mettre au pas le 4e pouvoir : les médias.
On peut contraindre militairement en tuant massivement. On peut faire chanter financièrement en coupant le commerce ou les liquidités d’un pays. On peut se maintenir au pouvoir en conditionnant l’esprit des gens par des campagnes médiatiques de promotion (guerre d’Afghanistan, d’Irak ou autres) ou de dénigrement (Amérique latine, Afrique, Chine, Russie). La démagogie (radio-journaux-poubelle) est au service de la dictature mondiale.
L’arme militaire, l’arme économique et l’arme médiatique. Trois armes redoutables permettant une dictature mondiale.
Le monde de la vie n’a qu’une seule arme massive : la population.
A Copenhague, les représentants du monde de la mort se sont servi de leur armée médiatique pour endormir une fois de plus, massivement, la population et ainsi rester au pouvoir et poursuivre le saccage de la planète pour alimenter la soif infinie des partisans du vivre « mieux ».
De leur côté, les représentants du monde de la vie ont tenté désespérément d’éveiller les masses. Déjà , avant même le début de cette rencontre (sic) médiatique mondiale, il y avait à Copenhague, des rues pleines de gens qui demandent d’être entendu. Mais pour contrer le monde de la mort, il n’y en a pas encore assez, il en faut plus.
Ce sommet de Copenhague a révélé à quel point les décisions pour la marche du monde sont anti-démocratiques. Devant l’évidence de l’inégalité des forces de décision, les représentants du vivre « bien » ont lancé un appel aux populations mondiales pour qu’elles s’unissent afin de sauver la planète et pour favoriser le monde de la vie pour les générations futures.
C’est la seule arme dont dispose le monde du vivre « bien » : la force du nombre par la solidarité populaire et l’union des peuples.
L’arrivée de l’Empereur.
Copenhague a été, comme hélas le sont souvent ces "rencontres" internationales médiatiques, une grossière farce. Le scénario était écrit à l’avance : On laisse gueuler les fous (sic) qui demandent l’impossible (sic) et on impose, avec l’arme médiatique et avec tout le sérieux dans lequel les représentants du monde du vivre « mieux en exploitant plus » excellent, un petit document habiller en "compromis" difficilement (sic) obtenu à la suite de "négociations" ardues (sic). Avec ce scénario, le monde du vivre « mieux en consommant et exploitant plus » peut poursuivre sa "croissance" et générer ses "profits" sans se soucier des conséquences pour les générations futures. La population aura ainsi l’impression que le "maximum" aura été fait par eux, les dirigeants "responsables" (sic) du monde !
Copenhague, ce fut 11 jours de cirque qui n’ont mené à rien. On savait dès de départ que ce cirque ne mènerait à rien. Ce cirque avait pour but de donner l’illusion que le réchauffement climatique était pris au sérieux. Il faut aussi se demander l’impact qu’à eu la "fuite" stratégique des courriels concernant ce que l’on a rapidement baptisé le "climat gate".
Ces 11 jours n’ont servi qu’à nourrir les médias. C’est le 11e jour à la 11e heure que nous arrive l’Empereur. Il débarque à Copenhague et rapidement il réunit, en catimini, un club sélect de 26 pays ayant le qualificatif supérieur d’« industrialisé ».
Derrière des portes closes, encore une fois, ce club sélect discute de la suite du monde.
Evo Morales déclare : « Ils nous considèrent comme des ennemis »
Chávez s’indigne pour lui et pour cette centaine de pays qui attendaient l’arrivée de l’Empereur pour enfin discuter sérieusement.
Une centaine de pays qui ont attendu pendant une heure et demie dans cette grande salle en espérant voir enfin se pointer l’Empereur. Ils ont tous été estomaqués et indignés d’apprendre qu’une réunion dont ils étaient exclus se déroulait avec l’Empereur. 26 pays, choisis selon des critères impériaux.
Nos médias de masse, une fois de plus, ont fait disparaître de l’information l’émoi créé parmi tous ces pays d’Afrique et d’Amérique latine laissés en plan. Cette manière de faire dictatoriale et non démocratique pour proposer un document où la majorité des pays étaient exclus des négociations a été vertement dénoncée. Dans les médias de masse, on le rapporte du bout des lèvres.
Devant cet affront, les pays de l’Alba se sont alors réunis et ont réquisitionné un amphithéâtre pour livrer une conférence de presse.
Après une quinzaine de minutes, les responsables de la salle on dit aux représentants de l’Alba qu’il fallait qu’ils libèrent les lieux. [2]
http://www.youtube.com/watch?v=Zee3jJ8elJM.
Chávez étonné dit : « Il semble que l’on veuille nous faire sortir d’ici ! »
Il demande : « Il faut sortir d’ici ? Ah ! Oui ! Quelle démocratie ! »
La responsable insiste pour que ces Présidents en conférence de presse libèrent les lieux.
Chávez de rétorquer : « Bon, envoyez-nous des gaz lacrymogènes si vous voulez nous sortir. Ca ne fait pas une demi-heure et alors, on n’a pas le droit de s’adresser à la presse ? » Chávez rit et redit en s’adressant à la responsable voulant l’évincer : « Dis-leur que s’ils veulent nous sortir qu’ils nous envoient des gaz lacrymogènes. Dis-leur que nous sommes des batailleurs. Fermez la lumière si vous en avez envie. Hein ! Nous sommes en train de répondre aux questions des journalistes. Allez, allez ! Allez chercher la police ! »
Chávez à la salle : « Hein ! » et la salle d’applaudir.
Il poursuit en disant : « Il ne faut pas qu’ils se trompent, voyez-vous, cet homme qui est ici en prenant Morales, s’ils coupent la lumière nous continuerons à capella, qu’ils ne se trompent pas, nous resterons ici, à capella. Nous ne sortirons pas d’ici. Même s’ils veulent nous tirer dehors. Nous sommes des guerriers, qu’ils ne se trompent pas et qu’ils ne nous cherchent pas. Qu’ils respectent notre dignité. »
Le tout se termine en donnant la parole à Esteban Lazo, vice-président du conseil d’État de Cuba.
Un événement symbolique qui résume bien l’ambiance de ce sommet climatique de Copenhague. Il y a le climat de l’environnement, mais il y a aussi ce climat politique mondial qui commence aussi à surchauffer.
Le monde du vivre « mieux en contrôlant plus » ne veut rien céder au monde du vivre « simplement bien ».
Vous pouvez écouter la totalité de la conférence de Presse sur TeleSur (recherchez les vidéos du 18/12/2009) [3] http://www.telesurtv.net/noticias/multimedia/video.php, cette chaine de nouvelles continues qui diffuse dans leur totalité tous les discours des Présidents et toutes les réunions internationales des pays latinos américains. Je crois que cette façon de faire devrait être suivie par nos chaînes de nouvelles en continu. Les discours devraient être diffusés dans leur intégralité et les vidéos devraient être mis en ligne dans leur intégralité pour que l’on puisse voir et entendre ce qui se dit.
Juste un exemple, je n’ai pas pu trouver le discours complet de Jim Prentice à Copenhague. Sur TeleSur il est possible de voir le discours « complet » de pratiquement tous les Présidents latino-américains.
Les discours de ces Présidents latino-américains et de ces Présidents africains auraient avantage à être vus et entendus de tous. Il y a bien des gens qui ne disent pas que des niaiseries et des grossièretés. Même les plus diabolisés, tel les Mugabe et les Ahmadinejad peuvent dire des choses très sensées. Parfois ils disent plus que ce que peuvent dire les Sarkozy, Harper, Brown, Obama qui nous offrent toujours des discours classiques insipides et soporifiques.
Obama a dit [4] : « Je ne suis pas venue ici pour parler, mais pour agir ». Il a eu des applaudissements. On applaudit facilement les mots et on oublie d’attendre de voir les actes.
On a applaudi lorsqu’on lui a remis son Nobel de la Paix (sic) comme si les tueries qu’il poursuit n’existaient pas.
On applaudit les mises en scène et les mots, mais on perd facilement de vue, les gestes.
Obama a dit : « Je ne suis pas venue ici pour parler, mais pour agir ». A part avoir dit cela, qu’a-t-il donc fait ?
Il a dit que le réchauffement climatique était pour les ÉU un grave problème mettant en péril la sécurité, l’économie et finalement la planète. Son ordre d’énumération reflète sans doute son ordre de priorité. Voilà les priorités du monde du vivre « mieux en en voulant toujours plus » : la sécurité (sic), L’ÉCONOMIE et la planète.
L’Empereur s’est déplacé à Copenhague, il a parlé et il a dit qu’il agissait.
Sa seule action a été de dire : « signez ce document que je vous ai préparé sinon, je dirai que vous êtes tous responsables de la merde dans laquelle je vous mets. »
Les médias à son service ont rapporté que l’Empereur et son acolyte Sarkozy ont tout fait pour sauver la planète, mais que les irresponsables du monde n’ont pas voulu l’appuyer dans sa démarche "salutaire" (sic).
Dans quel monde vivons-nous ?
C’est notre devoir de citoyen, pour le futur de nos enfants, de prendre conscience de ces deux mondes, le vivre « bien » et le vivre « mieux », pour pousser nos dirigeants à gouverner pour le bien et non pas pour le mieux. Nous vivons suffisamment bien et la planète nous dit que nous ne pouvons espérer mieux.
Serge Charbonneau
Québec