Défendre la démocratie.
S’il n’y avait qu’une seule raison pour justifier le NON, pour moi ce serait celle-là : voter un texte qui "constitutionnalise" des dispositions qui relèvent normalement de l’exercice courant de la politique, pouvant faire l’objet de modifications au gré des alternances ou de l’évolution de la société, c’est enterrer un peu plus la démocratie, déjà bien mise à mal dans la construction européenne.
Et tout ce qui fait reculer la démocratie fait le lit de la bête immonde. En ce sens, même si sa posture lui interdit d’appeler à autre chose qu’au NON, Le Pen a bien évidemment tout intérêt au OUI, qui va affaiblir la démocratie, renforcer la distanciation entre politiques et technocrates européens d’un côté, populations de l’autre... on s’étonnera après de la désaffection des peuples pour la Politique (avec un petit ou un grand P, hélà s et justement).
J’ai lu le compte-rendu d’un chat organisé récemment par LeMonde.fr avec Ségolène Royal. Elle explique qu’il y a bien un code civil ou un code pénal qui rassemblent des textes traitant des mêmes sujets, alors pourquoi pas une constitution traitant du fonctionnement de l’Europe. Incroyable énormité à laquelle personne ne donne la répartie !!! Le code civil ou le code pénal font-ils partie de la constitution française ??!! Non bien sûr, ce sont des lois que l’on peut (et doit) modifier au fil du temps, dans le cadre du travail parlementaire (et donc démocratique, tant qu’on n’a pas trouvé mieux).
Une constitution, c’est un texte synthétique de quelques pages (ou dizaines de pages au maximum), qui détermine les valeurs fondatrices d’un Etat et les principes de fonctionnement de ses institutions. Pas le détail de la politique à appliquer dans tel ou tel domaine. Point.
A la limite, même si ce texte ne comprenait que des dispositions avec lesquelles je serais en plein accord, j’appellerais à voter NON si celles-ci ne relevaient pas du champ constitutionnel (mais c’est une déclaration d’intention toute théorique, on est bien loin de cette situation !).
L’Europe a impérativement besoin d’un renforcement de ses processus démocratiques, d’une plus grande implication des peuples dans son fonctionnement, et là on va exactement dans le sens opposé...
Alors NON, NON et NON !