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Communiqué Comité Palestine Sciences Po Strasbourg

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16/04/2025 01:31 par T 34

Dans les universités la répression est généralisé : Contre Attaque : L’ordre règne dans les universités

Aux USA, Donald Trump et son clan imposent leur idéologie dans les universités : répression contre les luttes étudiantes, définancement d’universités considérées comme contestataires, guerre contre le monde de la recherche et censure de contenus jugés « woke ». Tout le monde s’accorde à considérer ces méthodes comme inquiétantes. Pourtant, en France, le gouvernement Macron met au pas les universités de la même manière, dans une indifférence glaçante. Tour d’horizon.

Étudiants exclus à Nantes

Mercredi 9 avril, trois étudiants ont appris leur exclusion de l’université de Nantes pendant un mois. Une mesure « prise à la suite de faits qui contreviennent au bon fonctionnement de l’université » selon le service communication de l’université. La décision administrative a été prise par la Présidence et notifiée par arrêté aux étudiants. En cause : l’organisation d’Assemblées Générales selon la direction de la fac. Sauf que ces assemblées sont, par définition, des initiatives collectives, organisées par les étudiant-es en lutte. Ces dernières années, elles se tiennent dans le hall d’un des bâtiments, un endroit public donc il n’y a même pas lieu de les déclarer.

Autre motif d’exclusion : une altercation présumée avec un groupuscule d’extrême droite, l’UNI. La présidence vole au secours de fascistes et sanctionne des étudiants de façon arbitraire. Ces mesures créent un précédent inquiétant dans une fac où, par le passé, des mouvement de jeunesse bien plus offensifs occupaient les locaux, parfois pendant des mois, sans problème.
Rennes : violences policières contre le mouvement étudiant

Mercredi 19 mars au petit matin, un gros déploiement de CRS avait lieu sur le campus de l’université de Rennes 2. La présidence de la fac avait réclamé l’expulsion d’une occupation étudiante, votée deux jours plus tôt en Assemblée Générale, pour protester contre l’austérité à l’université. Quelques jours plus tôt, une occupation à l’université de Brest avait été expulsée. Depuis le mois de février, les manifestations étudiantes à Rennes avaient subi des charges, des tirs de gaz lacrymogène et des arrestations.
Expulsion de l’université à Bordeaux

Un blocage a eu lieu dans la fac de Bordeaux pour protester contre les coupes budgétaires du gouvernement. Alors qu’il durait depuis trois semaines, et avait été voté par une Assemblée Générale réunissant 900 étudiant-es, le mouvement a été réprimé le 11 avril par un gros dispositif de gendarmes et de CRS, à la demande de la présidence. Les forces de l’ordre sont intervenues à l’aube, et ont expulsé les personnes qui occupaient les locaux.
Convocations à Toulouse

Le 1er avril, un étudiant de l’INSA de Toulouse – Institut national des sciences appliquées, une école d’ingénieurs – a été convoqué par la police dans le cadre d’une enquête sur le mouvement de solidarité avec la Palestine. Il s’agit d’une intimidation évidente contre les luttes étudiantes pour Gaza. Un collectif baptisé « INSA en lutte » subit depuis des mois la répression de la direction.

Déjà en 2023, pendant le mouvement contre la réforme des retraites, la direction avait refusé de mettre à disposition des salles pour des réunions « de nature politique », empêchant ainsi les étudiant-es de se réunir et de s’organiser.
Un syndicat étudiant puni à Grenoble

Samedi 22 mars, l’Union étudiante de Grenoble a subi la suspension de son agrément d’association par la présidence de l’université. Ce syndicat a besoin de l’agrément pour ses activités syndicales sur le campus, car c’est ce qui lui permet de réserver des salles. Pour justifier cette sanction, la présidence évoque une « atteinte à l’image de l’université ». En effet, l’Union étudiante, comme d’autres organisations, ont dénoncé la collaboration de l’université de Grenoble avec une université israélienne, connue pour ses liens avec l’armée coloniale. Encore un moyen de bâillonner l’expression des étudiant-es.
Reims : interdiction de dénoncer l’extrême droite

En janvier dernier, une assemblée générale antifasciste devait avoir lieu à l’Université Reims Champagne-Ardenne. Le Rassemblement National était monté au créneau, avait interpellé la présidence de la fac et obtenu l’interdiction de la réunion, qui visait à « présenter l’histoire de l’antifascisme et de l’extrême droite en France ». Le 4 mars, rebelote. Une nouvelle Assemblée étudiante contre l’extrême, pourtant demandée dans les formes à l’administration, avait été interdite. Officiellement pour « des raisons de sécurité », la présidence invoquait « le plan Vigipirate »…
Censure à Science Po’

Dans les Instituts d’études politiques, une forte mobilisation a lieu depuis un an et demi contre le génocide à Gaza. Et la répression y est féroce. On ne compte plus les interventions policières, les sanctions administratives et autres moyens d’étouffer la voix des étudiant-es.

En mars dernier, trois personnes – dont la présidente de l’Union étudiante de Sciences Po, un des syndicats du campus – étaient convoqué-es dans les bureaux de l’administration et subissait une « exclusion temporaire avec interdiction d’accès aux locaux et aux enceintes de l’École ». Et tout cela aux motifs de garantie du « bon ordre » et de la « sûreté de l’établissement ». En cause : leur participation à un rassemblement pour la Palestine et contre la répression.
Un ministre de l’enseignement supérieur d’extrême droite

Jusqu’en décembre dernier, un militant d’extrême droite était Ministre de l’enseignement supérieur, donc à la tête de l’université française : Patrick Hetzel. Le 12 octobre, il s’était personnellement rendu à un événement de l’UNI, syndicat étudiant néofasciste, dont plusieurs membres ont été photographiés faisant le salut nazi. En 2022, l’UNI participait à la campagne d’Eric Zemmour.

Patrick Hetzel avait aussi déposé une proposition de loi contre « les dérives islamo-gauchistes dans l’enseignement supérieur ». En octobre, il portait une nouvelle attaque contre la liberté d’expression dans les facs, en envoyant un communiqué intimant aux présidents d’université et directeurs d’établissements d’enseignement supérieur de faire respecter « l’ordre et la sécurité » dans leurs établissement, en particulier à propos de la Palestine.
La fin de la franchise universitaire

Le 10 avril 2025, dans le cadre d’une mobilisation étudiante contre l’austérité, le rectorat a autorisé la police à se déployer dans la Sorbonne et à fouiller et contrôler l’identité des étudiant-es pour pouvoir accéder à l’université. Une mesure gravissime. Certaines personnes identifiées comme militantes ont été empêchées d’accéder à leurs cours.

Il n’est plus rare de voir des hommes armés en tenue anti-émeutes sur les campus. On se souvient d’une intervention le 7 mai 2024, où des CRS étaient entrés jusque dans un amphithéâtre de la Sorbonne et avaient arrêté une centaine de personnes d’un seul coup.

L’entrée de forces de l’ordre dans les facs était interdite depuis le Moyen-Âge, à la demande d’un Pape au 13ème siècle ! Cela s’appelle la « franchise universitaire » : pas de gens d’armes dans les universités. C’est ce qui a permis, pendant des siècles, aux facs d’être des foyers préservés de liberté d’expression et de contestation.

Depuis 2018, cette protection a du plomb dans l’aile. Macron a fait voler en éclat cette tradition. Depuis, de nombreuses universités sont régulièrement infestées par les forces de l’ordre, qui procèdent à des expulsions et des violences, ce qui était impensable dans l’après Mai 68.

Le pouvoir rêve de mettre au pas la jeunesse, mais la répression n’entame pas la détermination.

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