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Comment le Qatar sous-traite avec Al-Qaïda pour le compte des services secrets occidentaux

Afrique Asie, magazine mensuel d’analyse politique et d’information économique, sociale et culturelle, publie dans sa dernière livraison un long article au titre significatif, « Les services syriens ne veulent plus reprendre leur coopération avec Paris », mais surtout au contenu révélateur de la myopie des dirigeants des pays occidentaux dans leur gestion du conflit en Syrie. « De nombreux analystes et experts du renseignement et de la sécurité, aussi bien en Occident qu’au Liban, se disent, dans de nombreux entretiens, articles ou confidences recueillis par Afrique Asie, atterrés par la façon irresponsable avec laquelle les autorités politiques en Occident en général, et aux Etats-Unis et en France en particulier, se comportent vis-à-vis du pouvoir syrien », commence par faire remarquer Henri Sylvain, auteur de l’article. Afrique Asie se fait l’écho du sentiment d’un expert français en terrorisme, qui avoue ne pas comprendre l’acharnement des pays occidentaux, « directement ou à travers leurs relais jordaniens, turcs, libanais ou du Golfe », à « procurer du soutien, trafics d’armes, financement, de l’entraînement militaire et des fonds à l’opposition syrienne et aux médias, sachant que la classe dominante de l’opposition armée syrienne est celle des terroristes d’Al-Nosra qui sont étroitement affiliés à Al-Qaïda ». Ce spécialiste du renseignement, cité toujours par Afrique Asie, pense que « les gouvernements occidentaux – mais pas tous – estiment à tort que la nébuleuse salafiste est gérable et contrôlable par des pays alliés comme l’Arabie Saoudite et le Qatar ». Les observateurs honnêtes sont unanimes à affirmer que le Qatar est téléguidé par Washington. L’ex-émir Hamad Ben Khalifa Al-Thani avait pris, auprès des Etats-Unis, l’engagement de faire tomber le chef de l’Etat syrien, Bachar Al-Assad, en se servant des groupes terroristes islamistes liés à Al-Qaïda. Le Qatar n’a pas cessé de financer et d’armer les terroristes en Syrie pour le compte des Américains, réticents – après leurs expériences catastrophiques en Afghanistan et en Irak – à être directement impliqués. La sale besogne des Etats-Unis est confiée au Qatar, chargé de mener à la fois une guerre directe et une guerre d’usure contre le pouvoir légitime en place à Damas. Pour montrer l’aveuglement des pays occidentaux, Afrique Asie rapporte le témoignage d’un ex-responsable d’un service de renseignement français à propos de l’attentat qui a visé les quatre hauts officiers de la cellule de crise en Syrie et les a éliminés. Le magazine mensuel revient d’ailleurs longuement sur cet attentat perpétré en juillet 2012, visant la cellule de crise en Syrie ainsi que trois des principaux responsables de l’appareil militaro-sécuritaire, et rappelle que « parmi les victimes de cet attentat se trouvait l’un des officiers syriens qui avait d’excellentes relations avec les services français ». Il accuse la France de n’avoir rien fait pour prévenir cette liquidation. « On savait que les services américains planifiaient une telle opération. La version officielle syrienne de l’attentat le laissait clairement entendre », révèle-t-il. « L’opération qui a ciblé la cellule de la crise était d’une telle sophistication qu’il serait naïf de croire, ne serait-ce un seul instant, qu’elle ait été conçue et exécutée par l’opposition syrienne. Elle portait en fait la signature d’un puissant service occidental, probablement américain », écrit Henri Sylvain. Afrique Asie cite Bakhtiar junior – le fils du général Hicham Bakhtiar, l’ancien chef de la Sécurité nationale en Syrie qui a péri lors de l’attentat – qui a la certitude que « les Américains sont impliqués, d’une manière ou d’une autre, dans l’assassinat des généraux Daoud Rajha, Assef Chawkat et Hassan Turkmani ». Les gouvernements occidentaux procèderont-ils à une révision globale de leur stratégie syrienne ? Reprendront-ils la coopération sécuritaire avec Damas ? Oui, selon les experts cités par Afrique Asie, s’ils réalisent à quel point leur stratégie actuelle est myope et contreproductive.

Karim Bouali

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