RSS SyndicationTwitterFacebook
Rechercher

Comment le PS a bouclé son projet pour 2007 ? Vu de l’ intérieur.





7 juin 2006



Bref compte rendu du BN du PS du 6 juin 2006.



Le Bn s’est tenu de 16 h à 1 h 30 du matin.

Nous y étions invités, Marc Dolez et Gérard Filoche pour défendre notre point de vue.

Dés le début François Hollande a voulu interdire Marc Dolez de parole. Présent oui... Mais sans droit d’expression.

Personne ne s’est opposé à cet interdit, personne.

Il a fallu attendre une vingtaine de minutes pour que lors de son tour de parole, Dsk en profite pour préciser que si nous étions invités nous devions pouvoir parler.

Cela a fait reculer François Hollande qui nous alors laissé parler ensuite.

Ce que Marc Dolez a fait en expliquant le sens de notre démarche, un "contre projet" , mais puisque il nous était refusé de le soumettre au vote des militants, nous avions fait dix amendements.

François Hollande a dit "pas de contre projet".

Personne n’a rien dit.


Ensuite on est passé à l’examen des 34 pages du projet une à une. Nous découvrions le projet au fur et a mesure, les autres l’avaient eu la veille.

Nos amendements écrits n’ont pas été distribués aux 100 camarades présents. Pas plus que aucun autre amendement de quiconque n’a été communiqué par écrit a l’assemblée de ce BN pendant les 9 h 30 de débat.

Nous sommes intervenus les premiers pour dire
- qu’il fallait rejeter la "retraite à la carte" mot d’ordre du medef
- qu’il fallait défendre la retraite à 60 ans
- refuser le temps partiel dit choisi mais subi,
- rapprocher la durée réelle du travail des 35 h en abaissant la durée maxima de 48 à 44 h, en majorant le taux de sheures supplémentaires et en diminuant le nombre, le contingent, le compte épargne temps, les deux jours de repos consécutifs, etc..
- contrôler les licenciements abusifs et boursiers.


On a sauvé le parti (et le peuple français) de "la retraite à la carte" ,
...et fait ré introduire le chiffre de 60 ans dans la partie retraite, mais pas l’indexation sur les salaires, ni les 10 meilleures années,ni le taux de remplacement à 75 %, ni fait revenir le nombre d’annuités de cotisations au nombre moyen réel d’années travaillées par les salariés français (37 annuités)

On a fait quelques amendements de sauvegarde ( la date des élections prud’hommes, le doublement des effectifs de l’inspection du travail...etc..)

A la fin, il n’y a toujours pas les modalités de la retraite à 60 ans, rien sur le droit du licenciement, rien de correct sur les 35 h, (on a fait revenir faiblement le mot "loi"), rien de substantiel sur les salaires...

Bon voilà ...


A la fin, vers 1 h, Francois Hollande a encore refusé que nos amendements non intégrés soient soumis au vote des militants pour le 22 juin.

Personne n’a rien dit. Aucun courant, aucune sensibilité, aucune personnalité présente n’a demandé la démocratie.

A la fin il y eu trois abstentions ( Francois Delapierre, Mariane Louis, Arnaud Montebourg) et nous étions deux à voter contre : mais François Hollande a déclaré que nos voix ne comptaient pas.


Pas de démocratie, pas de liberté de choix, pas de droit de décider, pas de possibilité de proposer des amendements aux militants. Ce, en dépit des statuts et traditions de ce parti, il avait toujours été possible de déposer des amendements au "projet" , différents, aussi bien en 1980 qu’en 1988...


Le projet qui nous est soumis là sera le projet de "tout" le parti s’il est voté par les militants.

Il est un des textes les plus modérés que le parti ait voté depuis plus de dix ans.

Pas de mesure phare, que des demies mesures !

Pas de transformation sociale pour redistribuer les richesses, pas question de reprendre aux profits les 10 points qu’ils ont pris aux salaires, donc pas de financement, donc peu d’avancées in fine...

Tous les artisans de la synthèse du Mans se sont donc retrouvés sur un texte en retrait même de ladite synthèse, non seulement rien n’a avancé ers la gauche, mais c’est plutôt de façon droitière que des mois de discussion, d’états généraux internes, se concluent !


Nous allons attirer l’attention de tous les militants, anciens et nouveaux, par tous les moyens possibles de communication, certes limités par la volonté de François Hollande et de tous les membres présents qui n’ont pas levé le petit doigt pour défendre le droit de déposer et de faire voter des amendements.

Nous allons demander partout ou c’est possible à nos camarades de faire circuler les amendements et de le soumettre au vote de leurs fédérations, des militants et appeler a rejeter le projet en l’état.



Apres le premier compte rendu de cette nuit, deuxième impression sur le Bn d’hier soir.


Les articles de presse reflètent assez bien la réalité de cette longue réunion du Bn du 6 juin, excepté Arnaud Montebourg, (et nous, Marc Dolez, Gérard Filoche) il y avait en gros, consensus de type synthèse, (mais encore moins gauche, encore plus en retrait... Si le congrès de Dijon, c’était celui de l’invitation de Thibault, le congrès du Mans, cela se vérifie, c’était Chérèque qui était sous la table... )


Nps n’avait pas d’amendement sérieux et était acquis d’avance à refaire la synthèse même si celle -ci est en retrait de celle du Mans... Cela devrait prouver à ceux de leurs jeunes qui réfléchissent, qu’il n’y a plus là une résistance de gauche dans le parti, mais un "accompagnement" de ce que fait la direction. Nps a "frimé" en prétendant déposer 53 pages d’amendements (sur un texte de 42 pages) mais finalement n’a fait que suivre ou répéter en moins bien, en plus flou, quelques uns des nôtres d’ailleurs pas acceptés dans leur essence par François Hollande !

Laurent Fabius, lui, à quelques détails prés (rompre avec le centre droit, pas de "militaires" pour encadrer les jeunes) l’a joué "de haut" , désabusé, comme si ce texte n’avait pas d’importance.
Dsk paraissait lui aussi très désabusé... Jack Lang aussi papillonnait.

Arnaud Montebourg est isolé dans cette assemblée, il a essayé de se battre sur les questions institutionnelles, tout comme nous, on a essayé de se battre sur la retraite à 60 ans, les 35 h, les salaires, les licenciements, le droit du travail, ... Mais il n’a pas eu gain de cause, c’est un compromis entre parlementarisme et présidentialisme qui en est sorti.Il s’est abstenu.

Les deux autres abstentions etaient François Delapierre et Marianne Louis, (Jean Luc Mélenchon était parti...). Il y eut peu de bataille de leur part, c’était les points de Laurent Fabius, symboliques, (pas d’alliance au centre droit, pas de militaires pour encadrer les jeunes...) qui faisaient seuls "repères"


Tout se jouait dans et avec le couple Ségolène et François Hollande :

- ce dernier qui traitait ce projet comme "son projet" celui de tous les socialistes et de son premier secrétaire- candidat potentiel, avait souci de ne surtout pas "charger la barque" des promesses... On est de gauche, mais faut pas exagérer dans les propositions de changement, faut chiffrer, on aura des déficits, on aura peu de moyens de tout faire, donc modération, voilà ce qui résume ses multiples interventions pendant 10 h de débat..
D’où les impasses multiples et les flous... Il refuse aussi, et c’est le coeur de tout, toute politique offensive pour redistribuer les richesses du capital vers les salaires, tout cela est absent... Il est même question un moment de "ré équilibrer les pouvoirs entre le capital et le travail" , sans dire dans quel sens.Les mots sont prudents, la soupe est clairette.

- Ségoléne, elle, à la fois, dans les articles de presse, car elle n’a quasiment pas parlé au Bn, réaffirme que "sa parole est libre" , "qu’elle se retirera devant un candidat "mieux placé" , que "le projet socialiste est son projet" , et cherche à ne pas trop reculer sur les déclarations les plus droitières qu’elle a faites, (sécurité, militaire, 35 h) (d’ailleurs celle sur les 35 h n’est pas si fausse que cela, au pied de la lettre, même si elle brouille encore plus les choses). Elle occupe le terrain de Lang, Dsk, d’autres droitiers, rocardiens, les empêchant de progresser.. en attendant le vrai choix.


Il faut noter une vraie "sortie" - un événement - vive et insistante de Bertrand Delanoé expliquant qu’en 34 ans de parti il n’a jamais eu autant de malaise devant les méthodes, de (celles) qui parlent dehors, tandis qu’on fait mine de parler dedans d’un "projet" . Il ne fut pas seul, les jospiniens étaient très mécontents aussi de la paralysie devant lequel tous se trouvent placés par la situation créée par Ségolène.

Un grand enjeu était de savoir si Ségolène allait "perdre ou non" la face sur "l’appel aux militaires pour encadrer les jeunes" (disons même que ce fut le point le plus important de la soirée : François Hollande, à l’aise, répéta plusieurs fois que lui, n’était absolument pas pour cette histoire de militaires...) Aussi chacun veillait au passage "sécurité" du texte, il y eut même une commission spéciale pour le ré écrire !

A la fin, Il fut même écrit, un moment qu’il y aurait pour les jeunes délinquants des "centres d’éducation et des chantiers d’insertion" . Patrick Menucci triompha aussitôt en affirmant qu’il y avait déjà des "chantiers d’insertion militaires" ! il y eut dispute entre certains (Malek, Sabban ?) dehors devant la presse (ça communiquait dans tous les sens, minute par minute, Sms, portables, etc...) la question majeure (sic) pour tous les médias étant : "Ségolène est elle battue ou non ? " , elle, elle ne disait rien d’ailleurs en réunion.

A la toute fin, comme certains avaient communiqué en affirmant que "Ségolène avait gagné" , il y eut même un rectificatif (Bloche, Hollande) qui donna finalement : "centres d’éducation et chantiers d’apprentissage et d’insertion" . François Hollande insista sur le fait que seule sa version du débat et du projet serait officiel et qu’il ne fallait pas s’étonner de tous les coups fourrés, bavardages devant la presse, ça n’avait pas d’importance, c’était ce qu’il dirait qui compterait. En effet à deux heures du matin, il y avait encore des dizaines de journalistes et de caméras présents.


En conclusion :

On a le sentiment que François Hollande, par sa position centrale a tout en main, avec Ségolène. Avec Menucci, Dray, Boutih, Rebsamen, Le Foll, et tout le coeur de l’appareil.

Les néo-rocardiens et les droitiers ne savent comment faire face à cela. Dsk semble ne plus y croire, ni J-C Cambadélis.

Nps, Emmanuelli, Peillon, Hamon ne mènent que des combats de forme sans conviction la synthèse les a noyé, ils sont d’ailleurs surtout à surveiller que cela n’apparaisse pas et ne se bougent que pour faire semblant de ne pas nous laisser à nous, la voie ouverte, il s’agit de dire à leurs militants qui en doutent de plus en plus qu’ils servent à quelque chose... A un moment ils ont dit d’ailleurs clairement, franchement, qu’ils avaient imposé la synthèse au Mans contre la grande majorité de leurs militants et qu’ils entendaient bien un effort en retour de la part de la majorité de Hollande... C’était un appel au marchandage à la réciprocité, en fait dans le cadre d’un deal ouvert.

Arnaud est isolé, seul dans une position pas facile à tenir. Il ne peut se battre sur la seule VI° République, ça ne tient pas, d’autant que maintenant ils l’enferment dans le choix entre pas d’élection du président au suffrage universel, ou alors ce président doit avoir des pouvoirs.

Les fabiusiens sont minoritaires mais attendent le grand choix et ne veulent pas d’écran gênant avant cela. Donc, ils ne contestent pas le projet mais seulement ce que font Hollande-Ségolène.

Sans nous vanter, il n’y a que nous, FM D&S, courageusement, qui avons un projet politique cohérent, complet, pas sectaire ni gauchiste, justifiable, et qui a l’épreuve de ces 10 h de discussion tient la route à tous les moments. Relisons, diffusons ce projet alternatif car il servira longtemps de base, y compris pour le prochain congrès.

Mais... nous sommes (Fm D&S) et nous serons les seuls, à le savoir, avec ceux que nous convaincrons et influencerons.Car il n’est pas question pour tous ceux-là de nous laisser un espace pour débattre, on nous écoute quand même, car nos arguments, ils le savent portent sur les militants, on ne nous méprise pas sur le fond de ce que nous disons, mais sur le rapport de force, on nous écrase le plus possible.

Tout ce que nous pouvons faire, c’est faire savoir, dans l’opacité de l’ininformation des militants, dans le refus que nos amendements soient publiés, là où nous sommes, diffusons les, demandons dans les quelques Ag fédérales qu’il y aura à ce qu’ils soient publiés, faisons-le nous mêmes au besoin (photocopies) appelons à voter pour (faire faire des bulletins ad hoc dans les fédérations ou cela sera possible...) et à voter contre le projet... Même si c’est dur, c’est la voie pour préparer les batailles ultérieures.

Il y aura des rebondissements sur ce "projet" , au delà , dans la vie, dans le peuple, dans la gauche, ce n’est pas fini... Une campagne droitière sera difficile à mener... Et une campagne droitière cela fait perdre l’avance énorme qu’a la gauche aujourd’hui. Même un canasson battrait Sarkozy aujourd’hui, mais on n’a pas intérêt à un canasson. On aurait intérêt à un bon candidat du "non" et vraiment de gauche sur une alliance de gauche.

Nous FM D&S avons été dignes et avons mené à fond ce combat, je crois, en nous faisant reconnaître : on ne lâche jamais, on s’impose, et on s’imposera, Nps est inconsistant politiquement et tôt ou tard ce qui leur reste de base (surtout les jeunes) le verra. Arnaud, hésite, mais on peut espérer qu’il revienne a de meilleurs sentiments et qu’on travaille mieux ensemble. (si c’est à égalité et avec respect mutuel), quand à l’opposition actuelle au cours droitier, elle est avec nous et... Laurent Fabius. (Prs n’est pas très en forme, grand écart entre unité à l’extrême gauche et la synthèse, ça paralyse). Cela éclairera les choix que nous devrons faire en octobre.

Gérard Filoche, Inspecteur du Travail, Membre du BN du PS, FM-D&S, www.democratie-socialisme.org


 Le projet Fm-D&S est en ligne ici (PDF) : "Projet pour une VI° République"

 Les amendements sont ici (PDF) : Amendements déposés au "projet socialiste" le 6 juin au Bn du Ps.



Pourquoi les 35 h ont elles eu une application inégalitaire ? Et comment y remédier ? par Gérard Filoche.




URL de cet article 3750
   
Même Auteur
Les caisses noires du patronat
Gérard FILOCHE
A quoi servent les 600 millions d’euros des caisses noires du patronat, et où vont les 2 millions d’euros distribués chaque année en liquide par l’UIMM et le Medef ? Gérard Filoche dénonce ce scandale du siècle au coeur du patronat français. Il soulève toutes les questions posées par ce trafic d’argent liquide qui circule depuis si longtemps au Medef et montre comment le patronat se servait de cette caisse anti-grève pour briser la fameuse concurrence libre et non faussée. Denis (…)
Agrandir | voir bibliographie

 

Informer n’est pas une liberté pour la presse, mais un devoir. La liberté de la presse a bien une limite : elle s’arrête exactement là où commence mon droit à une véritable information.

Viktor Dedaj

© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.