Le samedi 6 septembre 2014, les gardiens de la prison de La Dorada (département de Caldas), prétextant une fouille du quartier 7, ont sorti le détenu Boris Zeider Medina Payán de sa cellule. Ils l’ont insulté, aspergé de gaz poivre et frappé à coups de pied, poing et matraque. Il est, depuis, à l’isolement prolongé dans une Unité de traitement spécial (UTE).
Le 31 octobre 2011, M. Medina Payán a été victime d’une bastonnade de gardiens et a fini inconscient. En janvier 2013, il a refusé la conciliation demandée par les services du procureur indiquant qu’il souhaitait maintenir sa plainte pour torture. Peu après, le gardien qu’il a désigné comme son principal tortionnaire a été promu responsable du quartier où se trouve sa cellule.
Monsieur Medina Payán et sa famille ont commencé à recevoir des menaces. Le 17 août 2013, le détenu a été placé à l’isolement sans raison apparente. Le 28 septembre 2013, les gardiens l’ont sorti de sa cellule en lui projetant du gaz poivre au visage et en le frappant avant de le mettre dans une cellule de l’UTE. Il a alors déposé une nouvelle plainte. Le 27 juin 2014, les gardiens l’ont obligé à se mettre nu, l’ont insulté, lui ont projeté du gaz poivre sur les parties génitales, l’ont frappé puis mis à l’isolement pendant six jours.
À ce jour, les plaintes pour torture n’ont pas connu d’avancées. Aucune mesure disciplinaire ne semble avoir été prise à l’encontre des gardiens incriminés.
Contexte
Système carcéral en crise
Plus de 120 000 détenus sont entassés dans les prisons du pays. Ils souffrent de la promiscuité et de la violence, engendrées par la surpopulation carcérale, de conditions d’hygiène déplorables, propices à la propagation de maladies (tuberculose, lèpre, hépatite, VIH, etc.) et aux intoxications alimentaires, du manque d’accès à l’eau potable et aux soins. S’ajoutent à cela des tortures et mauvais traitements infligés par des fonctionnaires de l’Institut national pénitentiaire et carcéral (INPEC) ‑ parfois même par certains directeurs de prison ‑ et par des membres de l’armée. Punitions collectives (restriction d’accès au téléphone, aux cellules, à l’électricité, à la nourriture, à l’eau potable), mises à l’isolement, pressions sur les proches en visite, simulacres d’exécution, passages à tabac, mises à nu, placements dans la position du « scorpion » (pieds et poings menottés ensemble), aspersions de gaz lacrymogène, agressions sexuelles et asphyxies sont les pratiques tortionnaires les plus courantes.
Du 29 avril au 12 mai 2014, en lien étroit avec les 10 ONG locales qui composent la Coalition colombienne contre la torture, l’ACAT a rencontré des détenus des prisons La Picota, El Buen Pastor, La Tramacua et San Isidro. La totalité des prisonniers rencontrés a fait part de fouilles corporelles abusives, de transferts injustifiés, de mises à l’isolement prolongées (parfois des années) dans les unités de traitement spécial (UTE), de punitions collectives et de tortures (coups, décharges électriques) en représailles de plaintes. Les auteurs de tortures et mauvais traitements font parfois l’objet de sanctions administratives et disciplinaires, mais pratiquement jamais de condamnations pénales. L’ACAT recommande, notamment, la ratification du Protocole facultatif à la Convention contre la torture afin que des mécanismes de prévention et sanction de ces tortures et mauvais traitements en prison soient mis en place.
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