Rafael Garcàa Torres, l’ex-chef informatique du Département Administratif de Sécurité (DAS) a fait quelques révélations fracassantes sur la narcopolitique alors qu’il a fui le pays craignant pour sa vie.
Suivant l’article de Gilberto Lopes pour Rebelion une grande partie de la classe politique colombienne est tenue par les narcotrafiquants et la politique de la Colombie est assujettie à leurs intérêts.
Narcopolitique, le secret des élections colombiennes
par Gilberto Lopes
Les élections présidentielles colombiennes du 30 mai dernier se sont soldées par une surprise : les candidats favorables au président à lvaro Uribe ont emportés le vote. Le candidat du président, du Parti de l’U, Juan Manuel Santos, à qui les sondages donnaient 37,5 % des préférences, est en tête de presque dix points. Et Germán Vargas, de Cambio Radical, a pratiquement triplé les 3,8 % que lui donnaient les sondages. Rien n’est arrivé comme le prévoyaient les sondeurs les plus sérieux et les experts multiplient les interprétations. Mais je n’en ai aucune qui englobe ce qui est peut-être la clé de ces résultats inespérés : la narcopolitique.
Il y a quelques mois, Rafael Garcàa Torres, l’ex-chef informatique du Département Administratif de Sécurité (DAS), l’organe de sécurité du gouvernement colombien, a expliqué en détail comme le trafic de stupéfiants et les paramilitaires se sont emparés de la vie politique en Colombie.
Garcàa Torres, faisant partie de cet engrenage, a fui après avoir senti que sa vie était en danger. Mais dans sa fuite, il a parlé de cela en détail.
Dès 1999 les Auto-défenses Unies de la Colombie (AUC) qui regroupe des paramilitaires et des groupes de narcotrafiquants "ont fait des alliances avec les hommes politiques traditionnels de leurs zones d’influence, pour s’emparer peu à peu de l’administration publique" , indique Torres.
Les effets de cette alliance se sont rapidement fait sentir.
"Pour les élections législatives de mars 2002, les Auto-défenses ont réussi à s’emparer d’à peu près 40% des sièges du congrès" , affirme Garcàa Torres. Et il ajoute : "De ne pas avoir été l’appui paramilitaire, à lvaro Uribe n’aurait pas obtenu cette victoire au premier tour" , dans ces élections.
L’histoire se répète maintenant. Durant les élections parlementaires de mars, les secteurs uribistes ont obtenu un confortable triomphe. Le Parti de l’U, des adeptes du président à lvaro Uribe, a obtenu 25% des votes, et les conservateurs, ses alliées, presque 21%, dans des élections auxquelles ont participé à peine 44% des inscrits.
"Les élections législatives du 14 mars dernier sont les plus perverties dans la longue histoire des fraudes et des anomalies électorales en Colombie. Les résultats et le triomphe de l’abstention donne d’importantes leçons et des alertes qui ne doivent pas passer inaperçues" , indique la femme de lettres colombienne Maureén Maya.
Mais ce n’est pas le plus grave. En citant des commentateurs colombiens, Maya ajoute que, durant ces élections "ont été élus 22 sénateurs qui sont sujets d’enquêtes sur la ’parapolitique’ ou sont les héritiers de ceux qui ont été condamnés pour ces délits : 8 du parti de l’U, 7 du PIN, 5 du Parti Conservateur, 1 de Cambio Radical et 1 du Parti Libéral. L’influence sur la Chambre des Représentants est encore plus grande..."
Le PIN, un parti créé avec membres connus de la narco et parapolitique, a obtenu un million de votes lors de ces élections parlementaires, ce qui lui a valu 8 sièges au sénat et 11 à la Chambre des Représentants.
Les noms sont bien connus et, en Colombie, quand il n’y a pas de quorum au congrès, on dit, pour rire, qu’ils vont faire la session à la prison La Picota. Là il y a toujours un quorum, parce que des sénateurs, des députés, des ministres, des ambassadeurs, des militaires, les parents les plus proches du président Uribe, y compris son frère et un cousin, ex-sénateur, sont l’objet d’une enquête judiciaire ou condamnés pour des crimes parapolitiques [...]
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