C’est une traduction d’un article paru samedi 3 mai dans le journal espagnol ABC. Les sources restent obscures mais tout est néanmoins parfaitement plausible.
LES ETATS-UNIS REJETTENT UNE PROPOSITION DIRECTE DE LA FRANCE POUR ENVOYER DES TROUPES EN IRAK
P. RODRà GUEZ, J.P. QUIà‘ONERO
Traduction de Jean-Michel Hureau
Washington persiste dans une attitude de froideur et d’indifférence devant les tentatives de Paris pour normaliser ses relations et participer à l’après-guerre en Irak.
WASHINGTON, PARIS.
L’administration américaine a rejeté une proposition directe du gouvernement français pour envoyer des troupes en Irak et contribuer au rétablissement de la normalité dans le pays après la guerre, selon des sources diplomatiques auxquelles ABC a eu accès. La proposition, que Paris a décidé de maintenir dans une discrète communication bilatérale, a lieu en marge de la position française officielle de toujours agir dans le cadre d’une contribution multilatérale dirigée par les Nations Unies.
Malgré les efforts de Paris pour rétablir les relations avec Washington, affectées par l’opposition de Chirac à l’intervention en Irak, l’administration Bush maintient une attitude de froideur et d’indifférence. Bien que l’attitude du gouvernement français de rejet de la politique américaine ait été majoritairement soutenue par l’opinion publique, d’importants secteurs politiques et économiques ont averti sur les risques de rester totalement en dehors de l’après-guerre en Irak et du cadre que celle-ci pourrait établir dans toute la région du Moyen-Orient.
L’administration Bush est en train de donner des preuves à revendre qu’elle ne va pas ignorer les positions adoptées pendant la gestion et le développement de la crise et de la guerre en Irak. Un exemple démonstratif a été celui du Mexique. Le gouvernement de Vicente Fox a opposé une farouche résistance aux demandes américaines afin d’appuyer une seconde résolution aux Nations Unies qui cautionnerait une intervention en Irak. Aujourd’hui les relations Mexico-Washington sont au plus bas et le dialogue entre les deux chefs d’état, suspendu.
Les relations avec la France s’en sont particulièrement ressenties avec la guerre et, une fois terminée, les blessures demeurent ouvertes.
Colin Powell en personne a rappelé mercredi dernier devant le Congrès comment « la France a fait savoir clairement, en son temps, à certains pays candidats (à l’Union Européenne) qu’ils pourraient payer un prix s’ils nous appuyaient ». Les Français « ont clairement fait savoir que cela pourrait affecter leur entrée dans l’Union Européenne et les a mis en garde de manière assez rude sur leur appui. Enfin, ce sont les conséquences », a-t-il ajouté. Malgré ces renvois, le chef de la diplomatie des Etats-Unis a souligné que Paris et Washington restent des « amis » et a estimé que « personne ne doit suggérer que nous oubliions ce que la France a fait pour nous et ce que nous avons fait pour la France au cours du temps ».
Position officielle
En tout cas, l’offre de troupes à Washington irait à l’encontre de la position officielle que Dominique de Villepin a jusqu’à présent exprimé en insistant sur le fait qu’il est indispensable que l’ONU soit présente de manière active dans le processus de reconstruction, et dénonçant comme indésirable toute manoeuvre ou action qui ne serait pas avalisée officiellement, solennellement et publiquement par le Conseil des Nations Unies.
Jacques Chirac, chef de l’État, Jean-Pierre Raffarin, premier ministre, et Dominique de Villepin, ministre des Affaires Étrangères, ont confirmé, nuancé et informé avec suffisamment de précision tous leurs alliés européens et transatlantiques, en insistant, toujours, sur la suprématie des Nations Unies, comme pierre angulaire du nouvel ordre, en avançant des raisons diplomatiques, militaires et juridiques.
Sur le terrain diplomatique, la France privilégie la réintroduction des Nations Unies dans la crise iraquienne parce qu’elle aspire à pouvoir jouer de son influence, en tant que membre permanent du conseil.
Sur le terrain militaire, la France a privilégié jusqu’à présent un nouveau mandat des Nations Unies parce qu’elle considère que c’est la seule façon de pouvoir jouer un rôle et d’exercer une certaine influence, sous l’égide de l’ONU.