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L’AFP l’a dit, la presse le répète, mais...

Chute de la croissance en Chine ?

Au premier trimestre 2014, le gouvernement chinois a fait état de statistiques économiques qui ont défrayé la chronique dans les médias occidentaux. En février, pour la première fois, les importations ont dépassé les exportations entraînant un léger déficit du commerce extérieur et le bilan du premier trimestre a fait apparaître une augmentation du PIB de seulement 7,4 %.

Sous la houlette de l’AFP, qui donne le ton en la matière et que beaucoup de journalistes se bornent à recopier servilement, nombre d’éditoriaux et d’articles à la une ont lancé des cris d’orfraie alarmistes : "croissance au plus bas", "recul du PIB", "sérieuse baisse", répandant dans l’opinion l’idée que la Chine était également rattrapée par la crise qui sévit en occident. Un battage qui n’était pas sans conséquences puisque les bourses de New York et Paris en avaient subi l’impact à la baisse. On peut se demander d’ailleurs, si au-delà de la propagande antichinoise habituelle, certains grands ordonnateurs n’en avaient pas profité pour lancer une opération spéculative : affoler les petits porteurs sur la mauvaise santé de l’économie mondiale (même la Chine décroche…) pour pousser à la vente des actions (d’où la baisse) que s’empressent de racheter les grands comptes pour les revendre quand les cours remontent une fois la perturbation passée et la confiance rétablie.

En fait, les fêtes du nouvel an chinois, par les hasards du calendrier, ont duré cette année beaucoup plus longtemps que d’habitude entraînant une baisse d’activité inhabituelle qui a pesé sur les performances du premier trimestre. Depuis les indices à la production sont repartis à la hausse. Mais, il n’empêche, les commentateurs des médias dominants persistent et sont formels : le rythme de croissance de l’économie chinoise est orienté à la baisse ces dernières années. En témoignent les taux décroissants de l’augmentation du PIB que certains mêmes n’hésitent pas à mettre en question.

En effet, les chiffres sont parlants : d’une augmentation à deux chiffres des années 2000 (plus de 10 % ; 14,2 % maximum en 2007), on est passé à 7,7% en 2013. De là à parler de "chute", de "sérieuse baisse ", il faut y regarder de plus près. Le taux demeure élevé. Plus 7,7 %, beaucoup de pays occidentaux en rêveraient ! Et les détracteurs de service devraient s’informer avant de critiquer. Les autorités chinoises avaient prévu, dans le cadre du XIIe plan quinquennal de 2011 à 2015 un rythme de développement de 7,5 % par an. En fait, ces trois dernières années, les résultats ont été supérieurs aux prévisions du plan (9,3 %, 7,8 % et 7,7 %).

Une croissance constante

Attention à ne se focaliser que sur les taux de variation et d’oublier le montant de la variation. Si l’on analyse les augmentations du PIB de la Chine en dollars courants (qui fluctuent en fonction des évolutions du cours de cette monnaie) et en parité de pouvoir d’achat (en PPA), on peut remarquer qu’indépendamment des évolutions en pourcentage, l’augmentation en valeur est pratiquement la même : de 900 à 1000 milliards de dollars par an. L’augmentation en 2013 de 7,7% est pratiquement la même que celle de 2007 de 14,2%.

On peut faire la même constatation à partir des augmentations en dollars constants qui sont à peu près identiques (de 361 à 348 milliards de dollars constants et de 858 à 828 milliards de dollars constants en PPA) soit une baisse de 3,5 % de l’augmentation proprement dite mais qui ne représentent que moins 0,3 % du PIB. Un fait qui restera vrai cette année 2014 pour laquelle le gouvernement chinois prévoit 7,5% de croissance, ce qui donnerait une augmentation égale à 1012 milliards de dollars courants en PPA et 365 milliards de dollars constants 2000 ou 868 milliards de dollars constants en PPA.

Tout au long de la période, si l’augmentation du PIB a décru en valeur relative au fur et à mesure que le PIB a grandi, l’augmentation annuelle du PIB en valeur absolue de la Chine a été à peu près constante. C’est mathématique, une augmentation égale en valeur donne un pourcentage plus faible rapportée à un PIB plus grand. La croissance économique, même la plus dynamique ne peut être indéfiniment une croissance géométrique, exponentielle. Elle tend à devenir une croissance arithmétique, linéaire et à se stabiliser.
On peut en conclure que, contrairement aux affirmations des journalistes médiatiques (qui n’ont jamais été très forts en maths), la croissance de la Chine, malgré la baisse de ses taux, ne faiblit pas en valeur et demeure aussi importante en réalité.

En évolution

Cette régularité ne signifie pas que la Chine n’éprouve aucune difficulté dans ce qu’elle appelle "la réforme" en cours pour passer d’une économie à bas coûts et écologiquement déprédatrice orientée vers l’exportation comme au début des années deux mille à une économie technologiquement avancée et durable orientée vers la consommation intérieure. Si la lutte contre les bulles immobilières par la restriction des crédits a ralenti la construction, le gouvernement a lancé un vaste programme de construction de logements sociaux pour poursuivre le plan d’urbanisation qui doit atteindre 60 % de la population en 2020. La Chine est devenue le premier producteur des énergies nouvelles solaires et éoliennes et, pour lutter contre la grave pollution urbaine, réduit sa consommation de charbon au profit du gaz et régule le parc automobile. Il lui reste encore à gérer l’exode de plusieurs centaines de millions de paysans et sortir du dénuement 100 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. En dépit des péripéties, grâce à un pilotage rationnel de son développement, le PIB de la Chine poursuit sa progression régulière de mille milliards de dollars environ par an, assurant, chaque année, entre autres, une hausse des salaires de 14 %, la création de 12 millions d’emplois nouveaux et la construction de 10 millions de logements.

Valet Matti, pour LGS.

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