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Christine Lagarde et les mineurs de charbon

En date du mars 2011, la Cour d’appel de Versailles a estimé que « les licenciements de MM. Daniel Amigo, Roger Blisson, Georges Carbonnier... étaient discriminatoires ». 3000 mineurs avaient été condamnés à trois mois de prison ferme et 6000 francs d’amende (représentant six mois de salaire) en 1948 pour fait de grève et « entrave à la liberté du travail ». Charbonnage de France ayant disparu, l’État a été condamné à verser aux plaignants 30000 euros chacun.

Contre 15000 grévistes accusés de « communisme », ainsi que d’avoir fomenté une grève « insurrectionnelle » (c’était le début de la guerre froide), le ministre de l’Intérieur socialiste Jules Moch envoya 60000 CRS, dont certains armés de mitraillette. A l’époque âgé de 21 ans, Daniel Amigo fut brisé par ce combat : il se retrouva à la rue sans possibilité de nouvel emploi, les employeurs ayant des consignes pour ne pas reprendre les grévistes. Cette grève fut réprimée avec presque autant de dureté que celle de 1941 par les occupants allemands. « On a été traités comme des malpropres, comme si on avait tué et volé, déclarait récemment Daniel Amigo au micro de Daniel Mermet (" Là -bas si j’y suis " , http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2205).

Pourquoi cette grève ? En septembre 1947, le ministre socialiste de la production industrielle Robert Lacoste (qui s’illustrera par la suite en Algérie) avait promulgué des décrets que le Conseil des Prud’hommes de Carvin avait déclaré illégaux. Ces décrets supprimaient le salaire garanti et redonnaient aux patrons le droit de déclarer un mineur silicosé ou pas. Lacoste avait été condamné à rembourser les mineurs du puits 10 de Leforest qui s’étaient mis en grève. C’est pour faire appliquer ces décrets illégaux par la force, par la violence, que Moch déchaîna les CRS qui tuèrent le mineur Jansek à coups de crosse. C’est de ce moment précis que date le slogan « CRS SS ». L’État était devenu terroriste. Alors que des Papon étaient blanchis, les mineurs, qui avaient payé un lourd tribu pendant la Résistance, étaient qualifiés de traîtres par le pouvoir.

Au micro de Mermet, Norbert Gilmez témoigna : « Ma femme ne supporte plus cette histoire. Notre vie a été gâchée... Elle était enceinte de cinq mois quand nous fûmes expulsés de la cité 7, à Mazingarbe. J’ai vendu ma bicyclette, je me suis couvert de dettes chez les commerçants. Beaucoup d’entre nous peinaient à retrouver du travail, parce que les employeurs de la région refusaient de prendre un licencié de 1948. »

Les mineurs obtinrent de nombreux soutiens : le socialiste italien Pietro Nenni, la reine de Belgique (!), les prêtres de la région, des sportifs comme le champion d’Europe de boxe Charles Humez (résidant dans la ville minière d’Hénin-Liétard).

Votée par 90% des travailleurs, la grève était garantie par la Constitution. Mais les socialistes voulaient briser un puissant bastion ouvrier où l’influence communiste était primordiale, ainsi que le syndicalisme chrétien, d’ailleurs. Il n’y aura plus de grande grève de mineurs jusqu’en 1962.

L’arrêt de la Cour de Versailles a rendu leur dignité à ces hommes, à leurs femmes, à leurs veuves.

Le pouvoir sarkozyste ne pouvait pas en rester là . " Là -bas si j’y suis " nous apprend que Christine Lagarde, si empressée à donner 45 millions à l’ami du président de la République par le biais d’une justice parallèle, venait de faire appel en cassation.

PS : Déjà en 1906, lors de la catastrophe de Courrières (1100 morts) le pouvoir avait envoyé les dragons contre les mineurs mécontents. Les ingénieurs avaient reçu la consigne de sauver les installations avant les mineurs, puis les patrons avaient donné l’ordre de reprendre le travail alors que des mineurs pouvaient encore être sauvés. Certains le furent 24 jours après le coup de grisou, par des mineurs allemands munis, eux, de masques à oxygène !

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En finir avec l’eurolibéralisme - Bernard Cassen (dir.) - Mille et Une Nuits, 2008.
Bernard GENSANE
Il s’agit là d’un court ouvrage collectif, très dense, publié suite à un colloque organisé par Mémoire des luttes et la revue Utopie critique à l’université Paris 8 en juin 2008, sous la direction de Bernard Cassen, fondateur et ancien président d’ATTAC, à qui, on s’en souvient, le "non" au référendum de 2005 doit beaucoup. La thèse centrale de cet ouvrage est que l’« Europe » est, et a toujours été, une machine à libéraliser, au-dessus des peuples, contre les peuples. Dans "La fracture (…)
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Partout où règne la civilisation occidentale toutes attaches humaines ont cessé à l’exception de celles qui avaient pour raison d’être l’intérêt.

Attribuée à Louis Aragon, 1925.

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