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Le Rapport Anti-empire

Ce qu’il vous faut, c’est la sincérité, et si vous arrivez à simuler la sincérité, vous avez gagné (vieux dicton hollywoodien)

«  Il y a quelques mois, j’ai dit au peuple américain que nous n’échangions pas des armes contre des otages. Mon coeur me dit que c’est encore vrai, mais les faits indiquent le contraire. » Président Ronald Reagan, 1987 (1)

Le 23 avril, s’exprimant dans le Musée du Mémorial à l’Holocauste à Washington, DC, le Président Barack Obama a déclaré qu’en tant que président « j’ai fait tout ce que j’ai pu... pour prévenir et mettre fin aux atrocités ».

Est-ce que les faits lui indiquent le contraire ?

Voyons voir … Il y a les multiples atrocités commises contre l’Irak par les forces américaines sous le Président Obama. Il y a les multiples atrocités commises en Afghanistan par les forces américaines sous Obama. Il y a les multiples atrocités commises au Pakistan par les forces américaines sous Obama. Il y a les multiples atrocités commises en Libye par les forces US/OTAN sous Obama. Il y a aussi les centaines d’attaques par drones contre le peuple et les foyers en Somalie et au Yémen (y compris une attaque contre des citoyens américains pour ce dernier). Les amis et les familles des victimes peuvent-ils considérer que le meurtre d’un proche et la destruction de leurs maisons constituent des atrocités ?

Ronald Reagan, lorsqu’il a grommelé les phrases mentionnées ci-dessus, était au bord de l’Alzheimer. Quelle est l’excuse d’Obama ?

Le président a continué sur le même ton en déclarant : «  Nous possédons de nombreux outils... et nous les avons employés au cours des trois dernières années, je crois - je sais - que nous avons sauvé d’innombrables vies. » Obama a souligné que cela incluait la Libye, où les Etats-Unis, avec l’OTAN, ont participé à sept mois de bombardements quasi quotidiens. Le nouveau gouvernement libyen pro-OTAN ne nous fournira peut-être jamais le nombre de victimes provoquées par ces bombes, ni l’étendu des dégâts infligés aux habitations et aux infrastructures. Mais le Président des Etats-Unis a rassuré son auditoire au Musée de l’Holocauste en déclarant «  aujourd’hui, le peuple libyen forge son propre avenir, et le monde peut être fier des vies innocentes épargnées. » (Comme je l’ai expliqué dans mon dernier articles, la Libye est devenue un état en ruines)

Le langage est une invention qui permet à quelqu’un de nier ses actes.

M. Obama a conclu avec ces paroles émouvantes : «  Il peut être tentant de baisser les bras et de nous résigner devant la propension infinie de l’homme pour la cruauté. Il est parfois tentant de croire qu’il n’y a rien à faire. » Mais Barack Obama, lui, n’avait aucun doute. Il sait qu’on peut faire quelque chose au sujet de la propension infinie de l’homme pour la cruauté. Il peut y participer. Beaucoup. Et pourtant, j’en suis certain, à quelques très rares exceptions près, tous ceux présents à l’audience au Musée de l’Holocauste sont repartis convaincus que cet homme méritait pleinement le Prix Nobel de la Paix.

Et les futurs livres d’histoire américains pourront certifier la véracité des propos du président, de sa sincérité, car son discours avait cette qualité requise pour les livres scolaires.

Le Cirque Prix-Nobellisé de l’Holocauste Israelo-Américano-Iranien.

Un cas d’espèce de ce que l’on peut faire de pire est celui du traitement par les médias US de la politique étrangère des Etats-Unis et particulièrement lorsqu’un Ennemi Officiellement Désigné (EOD) est concerné. J’ai déjà abordé ce sujet à plusieurs reprises ce dernières années. L’EOD est le Président Iranien Mahmoud Ahmadinejad. Il est accusé d’avoir menacé Israël, et ce selon une remarque faite en 2005 où il appelait à «  rayer Israël de la carte ». Qui pourrait compter le nombre de fois que cette expression a été répétée dans tous les médias possibles et imaginables, dans tous les pays du monde, sans la moindre interrogation sur sa véracité ? Une recherche dans (le moteur de recherche dédié aux articles de presse) Lexis-Nexis sur les termes «  Iran et Israël «  rayé de la carte », en langue anglaise, et au cours des sept dernières années, a renvoyé le message suivant : «  La recherche a été interrompue car plus de 3000 réponses ont été trouvées. »

Comme je l’ai déjà souligné, «  la menace » d’Ahmadinejad n’est que le résultat d’une mauvaise traduction, et un élément de preuve serait sa déclaration l’année suivante : «  le régime sioniste sera bientôt balayé, comme l’Union Soviétique l’a été, et l’humanité retrouvera la liberté. » (2) A l’évidence, il n’appelait à aucune attaque violente contre Israël, car l’effondrement de l’Union Soviétique s’est déroulé de manière remarquablement pacifique. Mais évidemment, le mythe a persisté.

Aujourd’hui enfin, nous avons cet échange du 9 avril sur la radio-TV Democracy Now ! :

Un haut officiel israélien a reconnu que le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad n’a jamais dit que l’Iran cherchait à «  rayer Israël de la carte ». La déclaration traduite de façon erronée a été largement attribuée à Ahmadinejad et utilisée par les officiels US et israéliens pour appuyer des actions militaires et des sanctions contre l’Iran. Mais dans une conversation avec Teymoor Nabili sur la chaîne Al Jazeera, le premier ministre adjoint israélien Dan Meridor a admis que la phrase attribuée à Ahmadinejad était fausse.

Teymoor Nabili : «  comme nous le savons, Ahmadinejad n’a pas dit qu’il voulait exterminer Israël, ni que la politique étrangère de l’Iran était d’exterminer Israël. La position d’Ahmadinejad et de l’Iran a toujours été, et ils l’ont - ils ont dit l’ont dit à chaque fois qu’ils ont critiqué Israël, ils ont dit à chaque reprise qu’ils n’avaient aucune intention d’attaquer Israël... »

Dan Meridor : «  Eh bien, permettez-moi de ne pas être d’accord. Vous parlez d’Ahmadinejas. Moi je parle de Khamenei, d’Ahmadinejad, de Rafsanjani, de Shamkhani. Je vous donne tous ces noms. Ils ont tous dit qu’Israël était une création contre-nature, qu’il ne survivrait pas. Ils n’ont jamais dit «  nous allons le rayer de la carte, » vous avez raison. Mais «  il ne survivra pas, c’est une tumeur cancéreuse qui devrait être retirée », cela a été dit il y a encore deux semaines.

Teymoor Nabili : «  Eh bien, je suis content que vous ayez reconnu qu’ils n’ont jamais dit qu’ils allaient le rayer de la carte. »

Et voilà . C’est bon ? Ben non. Fox News, NPR, CNN, NBC et toute la bande continueront probablement d’affirmer qu’Ahmadinejad a menacé de «  rayer Israël de la carte ».

Et ça c’est juste pour ce qui concerne Ahmadinejad le tueur d’Israéliens. Parce qu’il y a aussi le Ahmadinejad négationniste de l’Holocauste. Alors en attendant qu’un haut officiel israélien admette finalement que ça aussi c’est un mensonge, gardez à l’esprit qu’Ahmadinejad n’a jamais dit simplement, clairement et sans ambiguïté que l’Holocauste n’a jamais eu lieu. Au contraire, il a déjà parlé de la particularité et de l’injustice de l’Holocauste qui a eu lieu en Europe et qui a abouti à la création d’un état pour les Juifs au Moyen orient, et non en Europe. Pourquoi les Palestiniens doivent-ils payer pour un crime commis par les allemands ? demande-t-il. Et il a aussi questionné le chiffre de six millions de juifs tués par l’Allemagne nazie, comme d’autres l’ont fait avant lui et de toutes tendances politiques. Dans un discours à l’Université de Colombia le 24 septembre 2007, répondant à une question sur l’Holocauste, le président iranien a déclaré : «  Je ne dis pas que cela n’a pas eu lieu. Ce n’est pas du tout ce que je dis. » (3)

Ecoutons à présent Elie Wiesel, le réactionnaire simpliste qui a fait carrière en tant que survivant de l’Holocauste, lors de sa présentation du Président Obama au Musée de l’Holocauste pour le discours mentionné ci-dessus, cinq jours après la déclaration du premier ministre adjoint israélien.

«  Comment se fait-il que le premier négationniste de l’Holocauste, Ahmadinejad , soit encore président ? Lui qui menace d’employer des armes nucléaires - des armes nucléaires - pour détruire l’état juif. N’avons-nous rien appris ? Nous le devons. Nous devons savoir que lorsque le mal a du pouvoir, il est déjà pratiquement trop tard. »

Bien sûr, parler «  d’armes nucléaires » ne fait qu’ajouter une pierre à l’édifice du vieux mythe.

Weisel, comme Obama, a reçu le Prix Nobel de la Paix. Tout comme Henry Kissinger et Menachim Begin. Et plusieurs autres bêtes de guerre. Combien de temps encore durera cette monumentale farce du Prix Nobel de la Paix ?

Pour enfoncer le clou, qu’il soit rappelé que le 4 mars, en s’exprimant devant le American Israel Public Affairs Committee (AIPAC - équivalent du CRIF - NdT), Obama a dit : «  Commençons par une vérité première que nous connaissons tous : aucun gouvernement israélien ne peut tolérer l’arme nucléaire entre les mains d’un régime qui nie l’Holocauste, qui menace de rayer Israël de la carte, qui soutient des groupes terroristes qui se consacrent à la destruction d’Israël. » (4)

PS : chaque fois que je critique Obama, certains de mes lecteurs demandent à être désabonnés. Je suis vraiment désolé de les perdre mais il est important que les autres se débarrassent de leur attachement au Parti Démocratique. Je ne suis pas certain sur la manière d’instaurer un changement révolutionnaire aux Etats-Unis, mais je sais qu’il ne se produira pas à travers le Parti Démocrate, et plus tôt ceux à gauche couperont le cordon ombilical avec les Démocrates, et plus tôt nous pourrons commencer à envisager sérieusement ce qu’on appelle la révolution.

Journée de la Terre, le 22 avril 2012

(Une) suggestion pour sauver la planète : (…) Eliminer le plus gros consommateur d’énergie au monde : l’armée des Etats-Unis.

Voici ce que dit Michaiel Klare, professeur de Peace and World Security Studies à l’université de Hampshire, en 2007 :

«  60 litres de pétrole. C’est la consommation moyenne journalière pour chaque soldat américain en Irak et en Afghanistan - soit directement avec leurs véhicules blindés, leurs chars, leurs camions et leurs hélicoptères, soit indirectement par les frappes aériennes. Multipliez ceci par le nombre de soldats, 162.000 en Irak et 24.000 en Afghanistan, et 30.000 dans la région autour (y compris les marins embarqués dans les navires de guerres US présents dans le Golfe Persique) et vous arrivez approximativement à 13 millions de litres : la facture des opérations militaires US au Moyen orient. Multipliez par 365 et vous obtenez 4,7 milliards de litres, soit la consommation annuelle de pétrole des opérations militaires US en Asie du sud-est. C’est plus que la consommation annuelle du Bangladesh, un pays de 150 millions d’habitants. Et encore, ces chiffres sont largement sous-estimés. (6) »

Depuis des décennies, l’armée US, avec ses innombrables bases et ses nombreuses guerres qui ont produit et abandonné sur place des produits toxiques. De l’usage de l’Agent Orange au Vietnam dans les années 60 aux fosses à ciel ouvert des bases US en Irak et Afghanistan au cours du 21ème siècle, d’innombrables personnes ont été rendus malades et sont morts ; et entre les deux périodes nous pouvons lire des choses comme cet extrait d’un long article du Los Angeles Times en 1990 :

«  Les installations militaires ont pollué l’eau potable de l’île de Guam dans le Pacifique, déversé des tonnes de produits chimiques toxiques dans Subic Bay aux Philippines, introduit des produits cancérigènes dans une source d’eau naturelle en Allemagne, répandu des tonne de fumée de charbon sulfurée dans les cieux de l’Europe centrale et pompé des tonnes d’eaux usagées dans les océans. (7) »

L’armée a provoqué des dégâts similaires dans l’environnement des Etats-Unis sur nombre de ses sites. (Faites une recherche Google)

Lorsque je suggère de supprimer l’armée, on me rétorque généralement que «  cela ouvrirait la voie à une invasion militaire des Etats-Unis ». Et moi je réponds en général : «  Dites-moi qui nous envahirait ? Quel pays ? » ; «  Que voulez-vous dire, quel pays ? Ca pourrait être n’importe quel pays. » ; «  Alors ça doit être facile de m’en citer un. » ; «  D’accord, n’importe lequel des 200 membres des Nations Unies ! » ; «  Non, je vous demande de me nommer un pays précis qui pourrait envahir les Etats-Unis. Citez m’en un seul. » ; «  OK. Disons le Paraguay. Ca vous va ? » ; «  Non, parce qu’il faut maintenant m’expliquer pourquoi le Paraguay voudrait envahir les Etats-Unis. » ; «  Et comment le saurais-je ? ».

Etc, etc... et si ce charmant dialogue se poursuit, je demande combien de soldats il faudrait pour occuper un pays de plus de 300 millions d’habitants.

Le Karma Yankee

Les questions concernant l’immigration aux Etats-Unis à travers la frontière du sud reviennent année après année, avec toujours les mêmes arguments : quel est le meilleur moyen pour bloquer le flux migratoire dans ce pays ? Comment punir les résidents illégaux ? Faut-il séparer les familles, ce qui arrive lorsque les parents sont déportés alors que leurs enfants nés aux Etats-Unis restent ? La police et autres services ont-ils le droit de demander leurs papiers à toute personne soupçonnée d’être illégalement présente ? Faut-il punir les employeurs qui embauchent les illégaux ? Faut-il accorder une amnistie à certains immigrants qui sont présents depuis des années ? … et ainsi de suite, et ça tourne en rond, et ce depuis des années. De temps à autre, un opposant à l’immigration se fait un devoir de déclarer que les Etats-Unis n’ont aucune obligation morale à accueillir les immigrants latinos.

Dans ce dernier cas, le contre-argument n’est jamais formulé : Oui, les Etats-Unis ont bien une obligation morale parce que s’il y a autant d’immigrants qui cherchent à échapper à une situation chez eux rendue désespérante par les interventions et la politique des Etats-Unis. Au Guatemala et au Nicaragua, Washington a renversé des gouvernements progressistes qui ont sincèrement tenté de combattre la misère. Au Salvador, les Etats-Unis ont joué un rôle majeur dans l’élimination d’un mouvement qui luttait pour instaurer un gouvernement similaire, et au Honduras aussi, dans une moindre mesure. Au Mexique, même si Washington n’est pas intervenu militairement au Mexique depuis 1919, au cours des ans les Etats-Unis ont fourni formation, armes et technologie de surveillance à la police et forces armées mexicaines pour améliorer leur capacité à étouffer les aspirations du peuple, comme aux Chiapas, ce qui a renforcé le flux de miséreux vers les Etats-Unis. De plus, l’accord économique de Washington, le North American Free Trade Agreement (NAFTA - en français ALENA, Accord de libre-échange nord-américain ; NdT), a provoqué une invasion de produits agricoles, bon marchés et subventionnés, au Mexique et a poussé de nombreux Mexicains à abandonner leurs terres.

Le résultat final de toutes ces politiques est une armée de migrants qui s’exilent vers le nord à la recherche d’une vie meilleure. Ce n’est pas que ces gens préfèrent vivre aux Etats-Unis. Ils préféreraient de loin vivre avec leurs familles et leurs amis, de pouvoir parler leur langue maternelle et de s’épargner toutes les difficultés que leur imposent la police américaine et l’extrême-droite.

(…)

William BLUM

http://killinghope.org/bblum6/aer105.html

traduction "je vais simuler une traduction et on n’y verra que du feu" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement les fautes et coquilles habituelles.

(1) Washington Post, March 5, 1987

(2) Associated Press, December 12, 2006

(3) President Ahmadinejad Delivers Remarks at Columbia University, Transcript, Washington Post, September 24, 2007

(4) Remarks by the President at AIPAC Policy Conference, White House Office of the Press Secretary, March 4, 2012

(5) Washington Post, March 3, 2008

(6) The Pentagon v. Peak Oil, TomDispatch.com, June 14, 2007

(7) Los Angeles Times, June 18, 1990


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Puisque le commerce ignore les frontières nationales, et que le fabricant insiste pour avoir le monde comme marché, le drapeau de son pays doit le suivre, et les portes des nations qui lui sont fermées doivent être enfoncées. Les concessions obtenues par les financiers doivent être protégées par les ministres de l’Etat, même si la souveraineté des nations réticentes est violée dans le processus. Les colonies doivent être obtenues ou plantées afin que pas un coin du monde n’en réchappe ou reste inutilisé.

Woodrow Wilson
Président des Etats-Unis de 1913 à 1921

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