Monsieur le Président Obama,
Déjà onze ans et deux mois sont passés depuis l’arrestation des cinq Cubains Gerardo Hernandez, Fernando Gonzalez, Antonio Guerrero, Ramò n Labañino, et René Gonzalez, et ces cinq hommes sont toujours en prison aux Etats-Unis.
Antonio a eu une nouvelle sentence à Miami, et sa perpétuité plus dix ans s’est commuée en vingt deux ans de prison. C’est énorme, vingt deux ans, quand on est innocent ! Les condamnations de René à 15 ans et de Gerardo à deux perpétuités plus 15 ans ne changeront pas. Ramón et Fernando, eux auront leur nouvelle sentence le 8 décembre.
Le problème, avec les Cinq, c’est qu’à part des entrées illégales aux Etats-Unis, et de fausses identités pour certains d’entre eux, rien ne peut leur être reproché ! Ils étaient agents de Cuba, et sont rentrés aux Etats-Unis pour infiltrer les milieux terroristes de Floride, ils ne pouvaient tout de même pas arborer un badge avec écrit : « agent Cubain » !
En France, on dit que quand on veut tuer son chien, on l’accuse de la rage. C’est ce qui se passe avec les Cinq ! Leurs accusations principales reposent uniquement sur des intentions prêtées : intention d’espionner, intention de commettre un meurtre, etc. Pas la moindre preuve n’a pu être fournie, et pour cause, ils sont innocents ! Mais, comme dit le docteur Pastor, ancien conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter pour l’Amérique latine « Un jugement contre cinq agents de l’intelligence cubaine se déroulant à Miami est aussi juste qu’un jugement contre un agent de l’intelligence israélienne qui aurait lieu à Téhéran » (New York Times, 14 oct.2009)
C’est quand même extraordinaire, de la part du pays qui cherche depuis presque cinquante ans à mettre Cuba à genoux, de le voir jouer aujourd’hui les martyrs à l’occasion de ce procès ! Pays qui en plus donne asile à Luis Posada Carriles, le Ben laden de l’Amérique Latine ! Cet homme de nationalité vénézuélienne a été le concepteur avec Orlando Bosch de l’attentat contre l’avion de la « Cubana » qui a fait 73 morts le 6 octobre 1976.Le Venezuela réclame toujours en vain aux Etats-Unis son extradition pour le juger. Orlando Bosch, lui, a été gracié par G. Bush père en 1990.
Les actes criminels contre Cuba vont bien au-delà de ce que préconisait le sous-secrétaire d’Etat pour les Affaires interaméricaines Lester D.Mallory à son secrétaire d’Etat Roy R. Rubottom, le 6 avril 1960, dans un mémorandum :
« La majorité des Cubains soutient Castro, il n’y a pas d’opposition politique efficace…Tous les moyens doivent être entrepris rapidement pour affaiblir la vie économique de Cuba…Une mesure qui pourrait avoir un très fort impact serait de refuser tout financement et livraison à Cuba, ce qui réduirait les revenus monétaires et les salaires réels et provoquerait la famine, le désespoir et le renversement du gouvernement »
Depuis la révolution de 1959, sabotages, attentats les plus meurtriers se sont multipliés contre Cuba, fomentés depuis les Etats-Unis, encouragés au plus haut niveau. Une propagande éhontée, jusqu’à arracher les enfants à leurs familles pour les élever dans la haine de la révolution, comme ce fut le cas avec les « Peter Pan », et bien d’autres actes malveillants très au-delà de la simple guerre économique ont été et continuent à être menés contre Cuba.
Le blocus contre Cuba quant à lui a été reconduit cette année encore, par vous, Monsieur le Président, au mépris de la volonté d’une très grande majorité de nations (En octobre 2009, au vote de l’ONU:187 contre le blocus ; 3 pour le maintien du blocus ; 2 abstentions, les 192 nations se sont exprimées).
Alors, bien sûr, face à un tel déchaînement contre Cuba, et depuis tant d’années, les accusations portées contre les cinq paraissent dérisoires. Les refus de visa à Adriana et Olga pour aller voir leurs maris Gerardo et René sont scandaleux. Le 15 juillet dernier, votre pays a refusé le visa à Adriana sous prétexte qu’elle "constitue une menace pour la stabilité et la sécurité nationale des EtatsUnis". Un tel prétexte paraîtrait ridicule, s’il n’était pas aussi tragique pour deux êtres qui s’aiment et ne peuvent même pas se voir le temps d’un parloir.
Ce n’est pas un hasard si les citoyens américains dans leur grande majorité sont tenus dans l’ignorance de cette affaire, ils seraient outrés s’ils étaient au courant. Malgré ce silence complice, la vérité fait son chemin, les comités de soutien se multiplient, les Cinq reçoivent un courrier impressionnant des quatre coins de la planète.
L’affaire des Cinq est politique, et doit avoir une solution politique !
Monsieur le Président Obama, vous devez accorder une « clémence exécutive » à ces cinq hommes qui n’ont que trop souffert depuis plus de 11 ans, et sont restés un exemple de dignité que l’on ne peut qu’admirer. Cette clémence n’effacera pas toutes ces années de jeunesse qu’ils ont perdues dans vos prisons, mais plus longtemps ils seront enfermés, plus dure à gommer sera l’injustice.
Espérant vous voir prendre cette mesure courageuse rapidement, et de nature à initier de nouvelles relations entre vos deux pays, recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.
Jacqueline Roussie
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Le deux novembre 2009
Monsieur le Président Obama
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500
Copies à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Messieurs Harry Reid, et M. l’Ambassadeur des USA en France.