Vedomosti : Aujourd’hui, l’idée principale de la société russe semble être de renouer avec le passé soviétique, lit-on mardi dans le quotidien Vedomosti.
Sur ces dernières 12 années, le sondage du Centre Levada a établi que le nombre des partisans d’un système fondé sur "la planification et la répartition gouvernementales" (58%) n’a jamais été aussi élevé, dépassant ceux d’un système basé sur "la propriété privée et l’économie de marché" (28%).
La recrudescence de l’esprit antibourgeois pourrait être expliquée par la crise, qui a compromis le système capitaliste. Toutefois, le nombre des partisans de ce système était plus important en décembre 1998 et n’a fait que croître au cours des deux années suivantes. Leur part n’a commencé à faiblir qu’avec l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine. Sa présidence a réduit le nombre des supporters de l’économie de marché à près d’un tiers des Russes, pendant que la majorité simple des partisans de la planification gouvernementale se convertissait en majorité absolue.
Les choix politiques ont connu une tendance similaire. A la fin de la présidence d’Eltsine, 43% des Russes étaient favorables à un système politique "soviétique", 32% à la "démocratie à l’occidentale" et 6% au système "actuel". La gestion de Poutine a apporté des modifications : les partisans du pouvoir soviétique sont tombés à moins de 24% et les "démocrates" à 15%, la majorité des citoyens (36%) soutenant le système "actuel". Le pays a donc trouvé au moins une voie de développement politique.
Se tenant à distance égale de la démocratie occidentale et du régime soviétique, ce système "actuel" a toutefois perdu aujourd’hui le soutien des masses : le nombre de ses partisans ne dépasse pas 25%.
44% des citoyens estiment qu’il "vaudrait mieux que la situation soit restée la même qu’avant la perestroïka". La plupart des sondés (38%, comme en 1996) reprend espoir dans le modèle soviétique, le nombre des partisans de la démocratie étant deux fois moins important.
Par Alexeï Levinson, chef du département des recherches socioculturelles du Centre Levada.