Dans un dîner avec un copain hardeur et ses groupies, nous discutions du fameux duo Eros et Tanathos quand fut évoqué ce fait-divers : un jeune travailleur africain est mort sur un chantier dans la Somme, enseveli sous des tonnes de briques. Le Courrier Picard traite l’affaire en quelques lignes, pointant la responsabilité (écrasante, le mot est juste)... des conditions climatiques (1).
Puis, voila qu’une jeune femme de la région meurt aussi, assassinée. Le Courrier Picard consulte vingt-six témoins, publie vingt-trois articles, une soixantaine de photos et consacre douze fois sa une au drame.
Cette distorsion médiatique nous inhiba et la nuit d’amour n’eut pas lieu. J’ai gardé le titre uniquement parce qu’il est racoleur et que Rue 89 (mon modèle) fait ça tous les jours, comme on met des filles en vitrines à Amsterdam (ou dans les peep-shows que possédait Xavier Niel, co-propriétaire du journal vespéral de référence).
Théophraste R. (Traqueur de putasseries médiatiques en tous genres).
(1) Pour en savoir plus : « Hector est mort », enquête, François Ruffin, Fakir Editions, 114 pages, 6 euros.