RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher


Le Progrès de Lyon sanctionne une journaliste, à la demande du CRIF

Une journaliste du quotidien lyonnais Le Progrès a été sanctionnée par sa hiérarchie pour avoir rendu compte du racisme anti-arabe infestant la manifestation du CRIF en faveur de l’attaque israélienne sur Gaza, il y a quinze jours.

C’est LibéLyon, édition électronique locale de Libération, qui raconte comment la publication de tels propos a déclenché la colère du CRIF, et comment l’officine a ensuite imposé la publication d’un « droit de réponse », qui n’était ni un « droit », ni une « réponse », ainsi qu’une procédure disciplinaire à l’encontre de la journaliste coupable d’avoir écrit la vérité.

Les crimes commis par l’armée israélienne ont suscité à Lyon, comme ailleurs en France, une grande indignation dans la population, comme l’atteste la participation record aux manifestations de rue en solidarité avec le peuple palestinien.

Le CRIF n’en a cure, et mobilise à tout va pour que les notables lyonnais de tous bords viennent, comme à l’accoutumée, manger sa soupe en silence, à son dîner régional annuel, jeudi 29 janvier. Le Comité Palestine 69 interpelle à ce propos les invités à l’édition 2009 du dîner de la honte, en leur rappelant de bien penser aux cadavres brûlés des enfants de Gaza quand ils passeront à table.

Voici maintenant l’article de LibéLyon relatant l’affaire de la journaliste du Progrès.

« MÉDIAS - Peut-on raconter le racisme dans un journal ? Peut-on reproduire dans un article de presse les propos de personnes tenant des propos racistes ? Comment le faire ? Chaque journaliste se retrouve un jour confronté à cette question. Pour avoir relaté, dans un reportage sur un rassemblement de soutien à Israël, les propos racistes de certains participants, une journaliste du Progrès de Lyon a été menacée de sanctions par sa hiérarchie. La société des journalistes du journal se dit très « inquiète », et demande à sa direction « l’instauration d’un débat ouvert sur la manière de traiter ces sujets d’actualité délicats »…

Retour sur les faits

Le dimanche 11 janvier dernier, Muriel Florin, journaliste au Progrès, est envoyée par sa rédaction couvrir un rassemblement organisé à Lyon au parc de la tête d’Or par le CRIF (conseil représentatif de la communauté juive de France). Objet de cette manifestation : à la fois dénoncer la recrudescence des actes antisémites en France depuis la reprise du conflit au Proche-Orient, mais aussi réaffirmer la solidarité de la communauté juive avec la politique d’Israël. Muriel Florin prend en note les interventions officielles, mais va aussi prendre la température dans la foule et interviewer des participants. Il y a ce jour-là près d’un millier de personnes. La tension est palpable. LibéLyon était aussi présent à ce rassemblement. Comme Muriel Florin, nous avons pu constater qu’à côté des discours officiels apaisants, il y avait une peur et une méfiance visible et exprimée de la part de certains participants vis-à -vis de la communauté musulmane française. Sentiments qui parfois, se traduisaient par l’expression de propos racistes. Muriel Florin interviewe un groupe de quelques personnes. Elle rapporte, entre autres, les propos d’un dénommé Roland.

Extrait de l’article paru le 12 janvier dans Le Progrès :

« Ils n’ont qu’à partir. S’ils restent, c’est qu’ils veulent mourir. Les arabes sont des menteurs et des voleurs et la presse française les soutient ». « Ils sont violents, brutes et haineux », ajoute sa voisine. Qui ça ? « Les arabes » souffle-t-elle. Un jeune homme proteste. « Ne dites pas cela. Nous voulons tous la paix... »

Muriel Florin relate aussi d’autres propos qui témoignent de la diversité de points de vue des participants à ce rassemblement. Son article, comme n’importe quel article au Progrès, est relu par un responsable d’édition, corrigé par un secrétaire de rédaction. Il est censé être validé par le rédacteur en chef de permanence. En rentrant de son reportage, la journaliste avait prévenu de la dureté de la scène à laquelle elle avait assisté et expliqué qu’elle souhaitait rendre compte de cette réalité. Sans que personne n’y trouve alors à redire.

Réactions du CRIF

Ce n’est que le lundi, lorsque le papier paraît que les premières réactions tombent. En interne d’abord. « On n’est pas habitué à voir des propos aussi violents dans nos colonnes. Ils y avaient les pour, les contre mais en tout cas, ça a fait débat », raconte un journaliste. Il explique : "On passe souvent sous silence des trucs sous prétexte de ne pas raviver les tensions entre communautés. mais je ne sais pas si c’est une bonne chose". Un autre rappelle qu’il y a quelques mois, le journal avait pourtant reproduit tels quels les propos de Siné, qui valent aujourd’hui au dessinateur de passer devant les tribunaux. Sur le reportage de Muriel Florin, il y a eu les réactions externes. Selon plusieurs journalistes de la rédaction, des représentants de la communauté juive ont appelé au journal pour faire part de leur mécontentement suite à l’article.

Dès le mardi, Le Progrès publie une interview de Marcel Amsellem, le président du CRIF Rhône-Alpes, qui se plaint de la façon dont Le Progrès a relaté le rassemblement au parc de la tête d’or. « Les propos isolés tels qu’ils ont été rapportés d’une personne sur les 1 000 présentes ne peuvent en rien refléter l’esprit de concorde de ce rassemblement. Relater de tels propos a pour conséquence d’attiser la haine et d’exacerber les tensions intercommunautaires, ce qui n’est pas bon pour notre démocratie », explique Marcel Amsellem. Qui explique également que « les médias », comme les associations ou les pouvoirs publics, « ont une responsabilité » dans la préservation du « vivre-ensemble » entre communautés.

Menace de sanction de la direction

A son retour de trois jours de congé, Muriel Florin est convoquée par son rédacteur en chef, Xavier Antoyé. L’entretien prend la forme d’une remontrance sèche. Xavier Antoyé lui explique qu’elle n’avait pas à reproduire des propos incitant à la haine raciale. Il lui explique que c’est « irresponsable ». Et lui annonce qu’elle va recevoir un « avertissement ». Les syndicats et la société des journalistes (SDJ) réagissent. Les premiers pour dénoncer le comportement autoritariste de la direction. Muriel Florin est en effet la troisième journaliste en trois jours à être sanctionnée. Les seconds, pour demander à ce qu’un débat de fond soient enfin ouvert sur le traitement des sujets complexes comme celui-ci. Syndicats et Société des journalistes dénoncent par ailleurs ensemble « l’injustice » d’une décision qui tombe sur une journaliste sans prendre en compte la chaîne responsabilités qui s’applique dans une rédaction. Le jour où Muriel Florin a écrit son article, il y avait un rédacteur en chef de permanence. C’était justement Xavier Antoyé, qui l’a convoquée trois jours plus tard. Interrogé par Libération, il n’a pas souhaité répondre à nos questions, estimant qu’il s’agit là « d’une affaire interne ». Il a cependant tenu à rappeler qu’un journaliste ne pouvait écrire des propos « tombant sous le coup de la loi », en l’occurrence incitant à la haine raciale.

Réaction de la Société des journalistes

Pour la société des journalistes (SDJ) du Progrès, la question est un peu plus complexe et mériterait une réflexion particulière de la part d’une rédaction et de sa hiérarchie. « Ce type de propos peut choquer, mais ils témoignent d’une réalité. Faut-il ou pas les retranscrire ? Ce n’est pas à une journaliste seule de répondre », estime Richard Schittly, président de la SDJ. D’autant, rappelle-t-il, que « dans un contexte où l’on nous demande de privilégier de plus en plus la parole directe et le micro-trottoir, ces questions se posent de façon plus en plus aigües dans notre travail. Pas seulement sur le problème du racisme ou de l’antisémitisme ». Sur ces sujets particuliers, dans une période de tensions comme c’est le cas depuis le conflit à Gaza, le président de la SDJ se demande : « Quelles sont nos responsabilités ? C’est un vrai sujet. Auquel on ne peut répondre par des sanctions, mais par un débat ouvert ».

Suite à la mobilisation de sa rédaction, Muriel Florin devrait échapper à l’avertissement, et se contenter d’une "simple" lettre d’observation.

Alice GERAUD

CAPJPO-EuroPalestine

URL de cette brève 317
https://www.legrandsoir.info/le-progres-de-lyon-sanctionne-une-journaliste-a-la-demande-du-crif.html
Imprimer version PDF
pas de commentaires
no comment
reagir
Commentaires
27/01/2009 à 17:00 par Guiles

Rien de bien nouveau, on sait bien que la presse est contrôlée ... par le CRIF, les marchands d’armes ... enfin par tous ceux qui ont le pouvoir.

#54939 
28/01/2009 à 17:40 par nicolas

Mais que fait donc Reporters sans Frontières ???
Serait-elle chaviste ou castriste en plus ?

#54954 
28/01/2009 à 20:46 par mfgtour

L’original sur LibeLyon http://libelyon.blogs.liberation.fr/info/2009/01/mdias-peut-on-r.html avec pas mal de commentaires ce qui pourrait laisser penser que la modération est honnête.

Mais pas du tout (Libé oblige...) : quand je veux préciser davantage les choses, hop, mon commentaire ne paraît pas.

Pourquoi ? Je me doute...

Pourtant il n’avait rien de répréhensible. Je vous en fais juge :

"

Ce n’est pas tant que Le Progres se couvre de ridicule qui est choquant (il est récidiviste en la matiére) mais le 2 poids 2 mesures.

Ainsi la journaliste subit les foudres de son supérieur hiérarchique à la remorque du CRIF mais le journaliste qui fait la même chose qu’elle dans une manif pro-palestinienne et cite carrément ce qu’il croit avoir entendu n’a, lui, aucun souci d’aucune sorte.

Voici en effet ce que ne craint nullement d’écrire ce Muriel Florin impuni :

"une poignée de jeunes crient "A mort les j...."" (Le Progres, 18/01/2009, p.10, signé Damien Lepetitgalland)

après avoir, tout au long de son article, consciencieusement effectué un tri sélectif de ce qu’il a choisi de mettre en exergue, soigneusement tu certains slogans tout en en favorisant d’autres, puis inventé cette "poignée de jeunes" qui "crient", et rapporté (faussement*) ce qu’ils "crient".

Bref un modèle de reportage biaisé et hypocrite, marque de fabrique du Pavrai, pardon, du Progres.

(*J’étais dans la manif, ce fut UN cri isolé, je n’ai pas entendu les mêmes termes et ne les rapporterai pas, et ce cri ISOLE fut rapidement rectifié au porte-voix par un message de paix alors que dans l’article du (tout) petit journaliste il inverse...)

"

#54958 
29/01/2009 à 06:40 par Le justicier

Tout à fait d’accord avec Guiles.

La prsse contrôlée ... par le CRIF, c’est peu dit. Moi je dirai la France gouvernée par les juifs, tu ne sais pas que c’est eux qui dictent la politique mondiale à Obama, Sarko, ect...

Quand à nicolas, je tiens à t’informer que Reporters sans Frontières sont pro israeliens, quand je retemberai sur l’article je te filerai le lien.

En tous cas estimez vous heureux d’etre en Europe et d’assister à un debat sur la question du moyen orient ou d’autres conflits. Moi je vis au Canada le conflit isralo plestinien n’est meme pas decrit dans les nouvelles ou au plus sommairement, des photos vous n’en verez jamais, semble t’il pour ne pas heurter la sensibilite du public. Je n’ai jamais entendu un debat une discussion, entre intelectuels opposants ou penseurs que ce soit à la tele la radio ou à la presse ecrite. la situation est comme si que rien de grave ne se passe dans ce joli monde.

C’est l’abrutissement total de la population, je n’ai jamais vu une dictature de l’information comme celle qui régne en amerique du nord ca doit etre pareille aux USA ou meme pire. Les gens sont ébetes on les à rendus au point ou la culture c’est les émissions de téle réalité qui passent a l’heure de pointe, la publicité et bien sur le hockey.

Vous ne pouvez pas imaginer à quel point les gens sont ignards, dans un groupe de personne ne pouvez pas entreprendre un sujet de conversation constructif avec n’importe quel membre de ce groupe, que ce soit en histoire, geographie, economie, sciences ect.. rien de cela.

Leur mode de vie c’est la consommation à haut trans, assister a leur sport national ;le hockey ah le hockey tout le monde sait en parler durant des heures, comme nos holigans de footbal. Et ce qui se passe ailleurs dans le monde ca ne les interesse nullement, d’ailleurs je me demande si ils savent qu’il ya d’autres pays dans ce monde à part les Etats Unis et le leur.

Alors voila à quoi veut nous mener ou plutot nous dompter le capitalisme sauvage, éliminer toute reflexion toute opposition tout ésprit critique et ceci par le biais de la désinformation, c’est un outil tres puissant c’est peut etre le meilleur outil. Bravo je vous dit qu’ils ont vraiment réussi leur besogne.

#54964 
02/02/2009 à 10:42 par Anonyme

Le plus paradoxal étant qu’actuellement, il faut être dans un pays arabe, pour être sûr d’avoir une information juste, grâce entre autre à Al Jazeira.

#55009 
05/02/2009 à 14:51 par jb

Alors à ce moment là pourquoi laisser la TV diffuser des images de croix gammées sur les sinaguogues ? C’est une incitation à la haine !!! Décidemment le CRIF c’est 2 poids 2 mesures.

#55048 
RSS RSS Commentaires
   
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Boycott d’Israel. Pourquoi ? Comment ?
Nous avons le plaisir de vous proposer cette nouvelle brochure, conçue pour répondre aux questions que l’on peut se poser sur les moyens de mettre fin à l’impunité d’Israël, est à votre disposition. Elle aborde l’ensemble des problèmes qui se posent aux militants, aux sympathisants, et à l’ensemble du public, car les enjeux de la question palestinienne vont bien au-delà de ce que les médias dominants appellent le "conflit israélo-palestinien". Dans le cadre de la campagne internationale BDS (Boycott (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Si j’étais le président, je pourrais arrêter le terrorisme contre les Etats-Unis en quelques jours. Définitivement. D’abord je demanderais pardon - très publiquement et très sincèrement - à tous les veuves et orphelins, les victimes de tortures et les pauvres, et les millions et millions d’autres victimes de l’Impérialisme Américain. Puis j’annoncerais la fin des interventions des Etats-Unis à travers le monde et j’informerais Israël qu’il n’est plus le 51ème Etat de l’Union mais - bizarrement - un pays étranger. Je réduirais alors le budget militaire d’au moins 90% et consacrerais les économies réalisées à indemniser nos victimes et à réparer les dégâts provoqués par nos bombardements. Il y aurait suffisamment d’argent. Savez-vous à combien s’élève le budget militaire pour une année ? Une seule année. A plus de 20.000 dollars par heure depuis la naissance de Jésus Christ.

Voilà ce que je ferais au cours de mes trois premiers jours à la Maison Blanche.

Le quatrième jour, je serais assassiné.

William Blum

Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.