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Les Cinq Cubains : lettre du mois au président Obama

Jacqueline Roussie

Le premier octobre 2011.

Monsieur le Président,

A l’occasion du dixième anniversaire de l’odieux attentat du 11 septembre 2001, votre pays vient de rendre un émouvant hommage aux victimes. Au nombre des 3034 personnes mortes ce jour là , s’est ajouté celui de nombreux sauveteurs intoxiqués au cours des opérations de secours.

Presque simultanément, pour le treizième anniversaire de l’arrestation des cinq cubains Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Fernando González, Ramón Labañino et René González, Cuba rendait un hommage aux victimes des attentats organisés par votre pays contre cette petite île.

Si le monde entier connaît et déplore la monstruosité des attentats du 11septembre 2001, combien de vos concitoyens, Monsieur le Président, savent que les attentats terroristes contre Cuba ont coûté la vie à 3478 Cubains et en ont paralysé à vie 2099 autres ? La plupart de ces agressions ont été préparées en Floride par l’extrême droite d’origine cubaine, et financées par la CIA.

Les cinq Cubains arrêtés en septembre 1998, soit trois ans presque jour pour jour avant la tragédie de New York, faisaient partie du réseau « Avispa » dont le but était justement de prévenir de tels attentats contre leur pays.

Plus les années passent et plus nous nous interrogeons sur le sens de l’arrestation des membres de ce réseau. Quelques mois auparavant, ils avaient appris que des attentats à la bombe se préparaient contre des avions de ligne cubains ou desservant Cuba à partir de pays d’Amérique Latine. Ces avions exploseraient à terre ou en plein vol. Un plan diabolique que Fidel Castro avait fait connaître au président Bill Clinton, par l’intermédiaire de l’écrivain Garcia Marquez. Le 6 mai 1998 Gabriel Garcia Marquez était en effet reçu à la Maison Blanche.

Le FBI de Sud Floride a dû bien jouer son rôle puisqu’aucun avion n’a explosé à cette époque… trop bien peut-être puisqu’en septembre de la même année son chef a été remplacé par Hector Pesquera. Cet homme fera arrêter les membres du réseau « Avispa » quelques jours à peine après sa nomination. C’est son fils qui a donné l’ordre, en août 2003, de passer à la broyeuse le dossier du terroriste Luis Posada Carriles, comme l’a révélé en 2006 la journaliste Ann Louise Bardach dans le Washington Post.

Quelles sont les véritables raisons de l’arrestation des Cubains ?

Ils n’étaient pas espions. D’importantes personnalités de différents domaines de l’intelligence U.S. comme le colonel George Bucker, l’amiral Eugène Carroll, les généraux Edward Atkeson ou encore Charles Wilhelm ont déclaré qu’ils n’avaient eu accès, ni de près, ni de loin à une quelconque information à caractère stratégique.
Les espions véritables, eux, n’étaient d’ailleurs pas trop gênants, puisque certains, pris avec des documents considérables n’ont été condamnés qu’à des peines légères quand ils n’ont pas été carrément libérés sous caution.

C’est, par exemple, le cas de Leandro ARAGONCILLO, ancien Marine de l’armée U.S., qui espionnait tout en travaillant successivement pour Al Gore et Dick Cheney. 733 documents secrets en provenance de la Maison Blanche, du Pentagone, du Département de la Défense étaient en sa possession. Il a été condamné à dix ans de prison. Autre cas, celui de Khaled Abdel-Latif Dumeisi des services secrets de Saddam Hussein. Il infiltrait les exilés Irakiens aux Etats-Unis et a été condamné à 10 ans et dix mois de prison. Il y a aussi le cas de l’agent Lawrence A. Franklin, qui espionnait pour le compte d’Israël et qui a remis une quantité impressionnante de renseignements aux agents d’Israël Steve Rosen , Keith Weissman et Naor Gilon. Les deux premiers avaient pour couverture un travail à « l’American Israel Political Comittee », le plus grand groupe de lobby israélien à Washington. Lawrence A. Franklin a été condamné à un an de prison en 2006 avant d’être libéré sous caution. Il en a été de même pour les agents Steve Rosen et Keith Weissman. Nous pourrions continuer l’énumération !

Alors pourquoi l’arrestation d’un tel réseau antiterroriste, et des peines aussi lourdes ?

Ces hommes gênaient-ils ? Ont-ils été mis à l’écart car ils montraient du doigt les milieux de l’aviation au moment où les membres d’Al Qaida comme Zacarias Moussaoui, Mohamed Atta, Khalid Sheikh Mohammed, Nawaf Al-Hazmi, Khalid al-Midhar, Hani Hanjour, Ziad Samir Jarrah et une douzaine d’autres se préparaient pour leurs attentats du 11 septembre ? Ces terroristes se déplaçaient sans problème de visas, certains s’inscrivaient pour des cours de pilotage sans être inquiétés le moins du monde.

Le gouvernement des Etats-Unis serait-il complice de ces attentats de New York ? Ce serait monstrueux, mais on ne peut s’empêcher d’y penser, et l’histoire nous a appris à être prudents.

Dans la machiavélique « Opération Northwoods » montée par le Pentagone contre Cuba, on pouvait lire :

La réalisation de ces opérations implique nécessairement la mort de nombreux citoyens américains, civils et militaires. Mais c’est précisément leur coût humain qui en fait d’efficaces actions de manipulation. »

Heureusement le tout jeune Président J.F. Kennedy, et le Secrétaire de la défense MacNamara se sont opposés in extremis à ce plan.

Un jour, c’est sûr, la vérité éclatera au sujet de l’arrestation des membres du réseau « Avispa », comme nous saurons aussi ce qui s "˜est passé exactement le 11 septembre 2001.

En attendant, L’acharnement contre les cinq Cubains continue. Dernier exemple en date : le 16 septembre, la juge Joan Lenard s’est conformée à la demande du procureur Caroline Heck Miller en rejetant la demande de la défense de voir René Gonzalez regagner Cuba après sa libération du 7 octobre 2011. Caroline Heck Miller s’est déjà illustrée pour avoir refusé que Luis Posada Carriles soit jugé comme criminel. C’est elle aussi qui avait fait ajouter dans l’acte de sentence de René Gonzalez une clause selon laquelle une fois libéré, « il sera interdit à l’accusé de s’associer avec des individus ou des groupes terroristes, ou avec des membres d’organisations qui prônent la violence »

La raison de cette obligation pour René Gonzalez de rester trois ans aux Etats-Unis avant de pouvoir rejoindre Cuba prêterait à sourire si les conséquences n’étaient pas aussi dramatiques pour lui et pour sa famille : « la cour a besoin de temps pour voir, une fois libéré la conduite du condamné, et s’assurer qu’elle ne met pas en péril les Etats-Unis » !!!

Monsieur le Président Obama, une fois de plus nous vous demandons de faire preuve de justice, de rendre enfin aux cinq cubains Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Fernando González, Ramón Labañino, et René González la liberté dont ils n’auraient jamais dû être privée.

Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.

Jacqueline Roussie
xxxxxxx (France)

Monsieur le Président Obama
The White House
1600 Pennsylvania Avenue N.W.
Washington DC 20500

Copies à  : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Janet Napolitano Messieurs Harry Reid, Eric Holder, Pete Rouse, Donald Werrilli, John F. Kerry et M. l’Ambassadeur des USA en France.

URL de cette brève 2014
https://www.legrandsoir.info/les-cinq-cubains-lettre-du-mois-au-president-obama.html
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