On a appris récemment la mort tragique, dans un accident d’avion qui lui appartenait, de Pierre-André Martel et de sa fille âgée de 20 ans. Martel était le PDG de la société Caravelle.
J’ai personnellement pris connaissance de cette information sur le site de 24 heures, puis à la télévision. Ce qui m’a frappé, c’est que, sur le site du quotidien, comme à la télévision, la première information donnée sur cet homme inconnu du grand public est qu’il était "classé par le magazine Challenges au 134e rang des plus grosses fortunes de France, avec un patrimoine estimé à 350 millions d’euros."
C’est ainsi que se construit au jour le jour l’idéologie libérale. On aurait pu nous le présenter en insistant sur son amour pour la musique de Fauré ou la garbure gasconne. Seulement voilà : dans les colonnes du Nouvel Economiste, Martel expliquait récemment qu’un plan social était "un acte douloureux", mais quon n’avait "jamais redressé une entreprise avec un plan social".
Le site Edubourse, pour sa part, complétait ainsi le portrait de ce héros du capitalisme financier formé grâce aux impôts des contribuables français : "Un polytechnicien n’est pas obligatoirement dédié (sic) à intégrer les grands cabinets feutrés de la République jusqu’à sa retraite. Pierre-André Martel a certes travaillé au Ministère de l’Industrie durant 5 années, mais il est surtout connu pour la fondation du groupe Caravelle. Titulaire d’un MBA de la Harvard Business School, il prendra le contrôle de l’Institut de Développement Industriel avant de se tourner vers Marceau Investissements. Pierre-André Martel a fondé la société Caravelle en 1995, avec un tour de table constitué de Gan, Natexis et Legris Industries."
Si l’on a bien compris, Martel et son groupe se "dédiait" (comme on dit en français libéral) à la restructuration d’entreprise. En d’autres termes, la tâche admirable de ce Monsieur consistait à licencier des travailleurs, à ruiner des familles, à détruire l’emploi pour le bien de l’actionnariat. C’est ainsi qu’il bâtit cette désormais fameuse 134eme fortune de France. Celui que les médias, dans une belle unanimité, nous ont présenté comme un héros, n’était en fait qu’un tueur, qui s’apprêtait d’ailleurs à s’occuper des intérêts de l’entreprise Mory, autrefois florissante.
C’est ainsi que fonctionne l’idéologie libérale : avoir - mieux - être une grande fortune constitue la qualité primordiale de l’individu, même si, comme celle des oligarques russes, cette fortune s’est construite en moins d’une génération. Faire fortune est à la fois héroïque et normal. Cela me rappelle la dégoulinade autour de l’anglais "parfait" de Christine Lagarde, une compétence qui ne sert pas à se pénétrer de Shakespeare mais à asservir le monde (http://bernard-gensane.over-blog.com/article-l-anglais-parfait-de-laga...).
PS : si j’étais vraiment méchant que je dirais que, sur la photo, Martel ressemble furieusement à Woerth.
http://bernard-gensane.over-blog.com/article-mort-d-un-heros-de-l-ideo...