Jair Bolsonaro s’est fait élire avec 55% des votes exprimés, au second tour de l’élection présidentielle brésilienne. A l’heure où le Brésil représente une des sociétés les plus violentes et inégalitaires au monde, fruit de 518 ans de colonialisme, esclavagisme et fascisme, un militaire insubordonné surnommé « cavalão » - grand cheval - va sublimer le Brésil dans une parfaite dystopie, où les élites nationales vont pouvoir se maintenir et continuer à se gaver à titre personnel, en échange des gigantesques ressources minérales, pétrolières et forestières – Amazonie – qui s’y trouvent et qui alimentent les monopoles transnationaux.
Bolsonazi, l’autre surnom acquis suite à ses propos racistes, homophobes, misogynes et militaristes, a bénéficié de ces nouveaux chevaux de Troie qui corrodent et pourrissent nos démocraties : les réseaux sociaux et les techniques avancées de diffusion massive de « fake news », l’arme ultime et « low cost » – par rapport à une intervention militaire de l’Occident – du grand capital, où que ce soit. La vraie « Globo/a/lisation » !
Le lourd fardeau de cinq siècles d’Histoire d’esclavage, d’oppression, de répression, d’exploitation et de misère profonde, ont été brièvement interrompus par Getúlio Vargas, Luiz Inácio Lula da Silva et le PT. Les 14 ans de gouvernements du PT n’ont pas suffi pour combler les lacunes systémiques en matière de démocratie et d’éducation. Je peux donc affirmer qu’une bonne partie de la population n’a pas une vraie culture politique. D’ailleurs, Bolsonaro s’est fait élire sans avoir débattu avec son opposant, Fernando Haddad.
Le rôle des médias a été donc de promouvoir le message du pouvoir judiciaire à la botte des élites et de contrarier le sursaut populaire, progressiste et civilisationnel, personnifié par le PT et son leader charismatique, Lula.
Les deux principaux groupes de médias ont ainsi fait le travail sur deux terrains différents mais complémentaires :
Le groupe « Globo », grand soutien de la dictature militaire de1964/1985 et détenu par la famille Marinho, a réussi par la médiatisation de l’opération « Lava Jato », à coller sur le front de Lula et du PT les étiquettes de « voleurs, corrompus et tous pourris ». En résultat, nous avons la destitution de Dilma Rousseff en 2016, l’emprisonnement de Lula et la défaite de Haddad en 2018. Pire que ça, les graines d’une guerre civile germent ainsi, basées sur une haine viscérale contre le PT, exultée par Bolsonaro lui-même. Une guerre régionale est prévue contre le Venezuela – selon les propres mots de Bolsonaro fils – et servira ainsi les désirs des tout-puissants.
Le groupe « Record », propriété de l’évêque évangéliste Edir Macedo, grand soutien de Bolsonaro, a fait campagne ouverte pour ses idées et ses valeurs. Je ne sais pas comment peut-t-il prêcher la paix à ses fidèles et soutenir un personnage pareil !? Son église, l’IURD, est considérée comme étant une secte, ayant une forte emprise sur un large secteur de la population.
La devise inscrite sur le drapeau brésilien, ORDEM E PROGRESSO – ORDRE ET PROGRES – est en effet remplacée, après cette élection, par « désordre et régression ». Ma croyance ou son absence me font dire que Dieu ne pourra pas aider le peuple Brésilien !
Paulo Correia
Paulo Correia est musicien et ex-géologue pétrolier