La candidate du PSB, dont les sondages du début du mois de Septembre montrait 34% des intentions de vote, a remporté 21,3% des votes valides. Pratiquement le même vote qu’en 2010.
Ce résultat est bien meilleur pour Aécio que pour Dilma. Et dans les premiers sondages pour le deuxième tour, il ne sera pas surprenant de voir le tucano en tête des intentions de vote (le toucan est le symbole du PSDB - NDT). C’est préoccupant, mais ce n’est pas une tragédie. Il peut se passer beaucoup de choses dans ces 21 prochains jours.
Outre le Piaui, le PT a remporté deux États très importants au premier tour : le Minas Gerais et Bahia. Le PSDB a gagné à São Paulo et dans le Paraná. Dans le Rio Grande do Sul, le PT est en ballottage, ainsi que dans le Ceará et le Mato Grosso do Sul. Au Maranhão, le PcdoB (Parti Communiste du Brésil), allié du PT, l’a emporté. A Rio de Janeiro, Pezão et Crivella, théoriquement deux candidats de la coalition au pouvoir, sont en ballottage. Cela peut être bon comme très mauvais. Au Pernambuco, le candidat du PSB (de Marina NDT), Paulo Câmara, l’a emporté haut la main. Là, Aécio a remporté 6% des voix et Marina 48%. Le tout est de savoir ce qu’il en est du conflit contre le PT local et si la famille Campos (d’Eduardo Campos, ancien candidat du PSB, mort dans un accident d’avion le 13 août dernier) va rejoindre Dilma ou jeter toute ses forces politiques en soutien à Aécio.
Il y a quelques points clés dans cette élection. Et qui décideront probablement de l’issue finale.
Le premier, c’est que Dilma ne peut pas perdre de trop de voix à São Paulo. Aécio l’a dépassé dans l’état de 4 millions de votes. S’il augmente cette marge jusqu’à 6 millions, cela scellera pratiquement sa victoire finale. Dilma a eu près de 500.000 votes de plus qu’Aécio dans le Minas Gerais (État d’Aécio, que le PSDB a perdu au premier tour en faveur du PT - NDT) et ne peut pas perdre cet avantage. A Rio, le PT a obtenu un peu plus de 700.000 votes de plus qu’Aécio. Il faut qu’il augmente cette différence à 2 millions de votes. Ce que je veux dire par là c’est que Dilma ne peut pas perdre dans le Sud de plus de 2 millions de voix. Autrement dit, si elle perd, ce doit être de peu.
Le deuxième défi de Dilma est de gagner dans l’État du Rio Grande do Sul et ainsi équilibrer la défaite que tout indique dans le Paraná et Santa Catarina. Ce ne sera pas facile. Parce que dans cet État, Tarso Genro (du PT) est en ballottage pour le deuxième tour contre le PMDB (allié du PT au gouvernement). Et cela peut créer des conflits dans la base gouvernementale.
Dilma va probablement perdre dans le Centre-ouest, mais elle ne peut pas perdre de beaucoup. C’est-à-dire qu’elle peut subir des défaites dans le Sud, le Sud-Est et le Centre-Ouest, ce qui paraît d’ailleurs être la tendance. Mais il serait bon qu’au total, la différence ne dépasse pas environ 5 millions de voix, ou 6 millions au maximum.
Enfin, Dilma doit faire 8 à 10 millions de votes de différence dans le Nord-Est. Et gagner dans le Nord. Pour cela, elle doit recevoir le soutien du PSB nordestino et fondamentalement de la famille Campos. Si celle-ci soutient Aécio, la situation de Dilma sera très difficile.
Marina peut même soutenir le PSDB, mais ce sera son suicide politique et ruinera toute perspective de faire de son propre parti a Rede un parti d’alternance pour l’avenir(elle n’a pas réussi à faire reconnaître a Rede pour les présidentielles au Tribunal Supérieur Électoral, d’où sa migration vers le PSB - NDT). Mais si Dilma obtient le soutien d’une grande majorité du PSB, elle récupérera une part importante du vote de Marina, en particulier dans le Nord-Est.
Enfin, la bagarre pour le second tour sera idéologique. C’est pourquoi il ne suffira pas de chercher les votes en faisant des comptes de partis. Aujourd’hui à 48H democracia, le professeur Wagner Iglesias rappela l’élection de Mario Covas qui en 1998, même après avoir largement perdu contre Maluf au premier tour, fut vainqueur au deuxième. Et ne laissa aucun répit à son adversaire dans la phase finale.
Lula a répété le même scénario avec Alckmin en 2006. Le gouverneur de São Paulo a fini par obtenir moins de voix au second tour qu’au premier. Mais à partir de maintenant il n’y a plus de droit à l’erreur. Et le PT a eu tort de sortir l’artillerie lourde contre Marina au premier tour. Le PT a cru qu’en faisant de la sorte, il pourrait gagner dès le premier tour. Ce fut une erreur. Au contraire, cela a libéré Aécio pour se consolider comme une alternative de changement.
Le verre est à moitié plein et à moitié vide pour la dispute finale. N’importe qui peut gagner. Mais Dilma est encore légèrement favorite, même si elle peut apparaître en second dans les premiers sondages à venir.
Mais pour gagner Dilma devra avoir beaucoup d’habileté politique pour gérer sa base gouvernementale, en particulier le PMDB. Pour des postes de gouverneur, celui-ci est en ballottage contre le PT dans plusieurs États au deuxième tour. Dans le Rio Grande do Sul et le Ceará, contre le PT. Et à Rio de Janeiro, contre l’ancien ministre du PT, le sénateur Marcelo Crivella. Si le PT venait à perdre le soutien du PMDB dans ces États, ce sera très difficile.
Aécio est un séducteur, il fera tout pour obtenir l’appui des différents partis de la base gouvernementale de Dilma. Et il y a beaucoup de gens dans cette base qui, pour le pouvoir, sont prêts à succomber à ses sirènes.
Traduit par Nicolas pour Si le Brésil m’était traduit...