« UNE FOIS QU’ON A PASSÉ LES BORNES, IL N’Y A PLUS DE LIMITES »
Alphonse Allais
Le gouvernement français a témoigné d’un grand mépris pour le peuple vénézuelien, par le refus délibéré d’envoyer une personnalité de premier plan aux obsèques d’Hugo Chavez. Heureusement, dans un remarquable discours, le Ministre des Outremers, Victor Lurel a sauvé l’honneur de notre pays. Il n’a pas reçu de compliments, même des siens, mais on a échappé à Fabius, ce n’est déjà pas si mal !
Depuis, le choeur des commentateurs (ce serait faire offense à la mémoire d’Albert Londres que de les qualifier de journalistes) ne parle que du "dictateur" Chavez, un substantif qu’ils n’employaient pas pour les tyrans soutenus et même mis en place par les États Unis, et en Afrique par la France, pas plus que pour nos précieux alliés du golf, princes ou sultans...
Il suffit de rappeler que la Constitution du Venezuela a été élaborée par une Assemblée constituante élue et que le texte a été approuvé par référendum, que le "dictateur" a été élu à quatre reprises dans des conditions qu’aucun observateur n’a pu mettre en cause. En 2007, un projet de modification de la constitution a été rejeté par référendum et le "dictateur" en a pris acte. Il n’a pas fait comme en France où l’on a validé un texte rejeté par référendum en 2005.
Pendant les funérailles, certains ont qualifié le pays de chaotique parce qu’un concert de klaxons et de casseroles était organisé dans les quartiers chics de Caracas (sans être réprimé, il faudrait leur prêter Valls).
Depuis c’est le vice-président assurant l’intérim qui convoque les élections dans le délai très bref voulu par la constitution, qui est la cible des commentaires plus que désobligeants du Figaro à Libération en passant par les radios et télévisions. C’est le « dauphin désigné », « l’héritier désigné », on s’interroge. « Cet ancien chauffeur de bus à la moustache de caudillo a-t-il les épaules pour endosser l’uniforme de Chavez ? » On va même jusqu’à dire qu’il convoque ces élections dans la précipitation ! Que n’aurait-on dit s’il avait prolongé son intérim en raison de la situation pour le moins exceptionnelle.
Enfin, selon Mme Parisot, Chavez a échoué économiquement ; il n’a pas su exploiter la richesse extraordinaire que constitue le pétrole ! Il est certain qu’Henrique Capriles, héritier d’une des familles les plus riche du pays, candidat contre Nicolas Madero, conviendrait mieux au Medef. Il a déjà annoncé qu’il remettrait en cause l’aide aux 18 pays membres de PetroCaribe, plus aucune goutte de pétrole ne serait fournie gratuitement. On imagine les dégâts, pour Haïti par exemple. Capitalistes de tous les pays unissez-vous !
C’est ainsi que le capitalisme est grand.