Confédération paysanne, 20 septembre 2007.
Depuis quelques jours, le Ministère de l’Industrie a publié, sur son site Internet, plusieurs rapports relatifs aux agrocarburants, dont celui de l’étude ADEME-DIREM 2002 PWC dans son intégralité, alors que jusqu’ici , seule la note de synthèse, d’ailleurs expurgée en 2005, était disponible.
L’ADEME, pour sa part, avait depuis deux ans, décrété le black-out sur ce rapport, refusant systématiquement de le diffuser. Sa consultation dans les locaux de l’Agence n’était même plus possible...
La Confédération paysanne se félicite que le rapport de cette étude dont elle conteste la validité depuis deux ans soit enfin rendu public. Ainsi, chacun pourra se rendre compte par lui-même de son caractère fallacieux. A cet effet, elle met à la disposition de tous ceux qui le désirent une note de deux pages renvoyant aux erreurs les plus flagrantes relevées dans les rapports techniques et d’annexes.
La Confédération paysanne rappelle que cette étude, réalisée par le complaisant cabinet Écobilan de la société Price Waterhouse Coopers, est l’unique alibi scientifique du lobby des agrocarburants industriels.
C’est sur cette étude ainsi que ses dérivées effectuées par le même prestataire sur commande des filiales de la Fnsea (AGPB, AGPM, CGB ...), que les pouvoirs publics se sont appuyés pour échafauder le plan « Biocarburants » sous les gouvernements Raffarin, puis Villepin.
Grâce à cette même étude, la Fnsea a pu tromper des milliers d’agriculteurs, les incitant à investir massivement dans des unités de production, dont il est évident aujourd’hui qu’elles seront incapables de rémunérer correctement les producteurs agricoles, et ce malgré l’effort financier très élevé demandé à la Collectivité Nationale pour le soutien de ces filières.
La Confédération paysanne avait, pour sa part, pris le parti de dire la vérité sur les bilans énergétiques désastreux de ces filières, et d’engager les agriculteurs à faire preuve de la plus grande prudence à l’égard des sirènes de « l’énergie verte ».
Elle reste réservée sur ce qu’il est possible d’espérer des agrocarburants dits de 2ème génération. Aucune étude chiffrée, s’appuyant sur des expérimentations généralisables à grande échelle ne permette de démontrer un progrès substantiel en terme de productivité nette des surfaces consacrées à ces productions, par rapport à ce qui est obtenu aujourd’hui avec les agrocarburants d’origine tropicale, ceux-ci ne pouvant remplacer les carburants d’origine pétrolière qu’à la marge.
La priorité absolue pour l’Agriculture est de satisfaire les besoins alimentaires de l’Humanité, en quantité et en qualité, tout en diminuant son impact négatif sur l’Environnement.
– Source : Confédération paysanne
www.confederationpaysanne.fr
***La différence est que la croissance de la matière première végétale du « bio » absorbe autant de CO2 que sa combustion n’en dégage. Mais ce bilan, apparemment neutre, est négatif puisqu’il faut impérativement, non pas équilibrer l’absorption et l’émission de CO2, mais la réduire de façon draconienne.
***Les biocarburants peuvent présenter un bilan global en gaz à effet de serre qui n’est pas satisfaisant, car d’une part il faut le plus souvent consommer de l’énergie fossile pour cultiver les plantes (essence du tracteur et fabrication des engrais par l’industrie chimique), ensuite il y a des émissions de protoxyde d’azote lors de l’épandage des engrais, et enfin il peut y avoir des émissions de méthane et d’oxyde d’azote lors de la combustion des biocarburants qui sont supérieurs à celles obtenues en brûlant du pétrole.
*** L’agriculture mondiale me pourra assurer à la fois l’alimentation, la production en carburants et la préservation de la biodiversité. [...] La montée des biocarburants va se traduire par une compétition pour la terre entre cultures alimentaires et cultures énergétiques. La rareté de l’énergie risque de créer une rareté alimentaire.
*** Pour produire un litre de bioéthanol il faut 4560 litres d’eau.
Lire : Biocarburants : pleins d’essence ou ventres pleins ?
Le piège des agrocarburants, par Laura Carisen.
Mettez du sang dans votre moteur ! La tragédie des nécro-carburants, par Dominique Guillet.