Chez Sanofi, par exemple, un des leaders de la pharmacie, on a supprimé 4000 emplois et 2000 autres devraient suivre, alors que le patron du groupe a vu entre 2010 et 2012 sa rémunération passer de 16 700 euros par jour à 20 500 euros, ce qui lui fait une rémunération de 7,481 millions d’euros annuelle. Quant aux actionnaires, les dividendes distribués ont plus que doublé en 10 ans pour atteindre 50% des bénéfices ! Et ensuite on nous dira que le travail coûte cher ...
Sanofi consacre trois fois moins pour l’investissement que pour les dividendes distribués aux actionnaires. Le secteur « Recherche et Développement » du groupe fait également les frais du choix de privilégiés, les actionnaires, au détriment de l’investissement, notamment interne. Le schéma est classique, l’argent produit par le travail des salariés est utilisé pour augmenter la richesse des actionnaires en comprimant l’emploi, les salaires et donc également l’investissement.
Le comble, c’est que le groupe encaissera bientôt 20 millions d’euros au titre du CICE (crédit impôt compétitivité emploi). Sachant qu’en 2012 il a également touché 130 millions par le biais du fameux CIR (crédit impôt recherche), alors que l’entreprise n’a eu de cesse de détruire ses centres de recherche. Sanofi bénéficiera bientôt également de la suppression des cotisations familiales, soit encore un allégement de 86 millions d’euros. Et Sanofi n’est pas un cas isolé, Auchan par exemple touchera au titre du CICE près de 120 millions d’euros, et son patron, pour faire bonne mesure, vit en Belgique pour ne pas payer d’impôts en France ! Chercher l’erreur...
Ces grands groupes procèdent aussi au rachat d’actions. En 2013, Sanofi a consacré prés de 1,7 milliards d’euros pour racheter ses propres actions. Racheter ses actions permet d’augmenter mécaniquement les bénéfices par actions de l’entreprise et de réduire le nombre de titres en circulation. Autrement dit, c’est un bon moyen de distribuer du liquide aux actionnaires. La redistribution des dividendes atteint donc en 2014 50% des bénéfices, alors qu’elle était de 35% en 2010 ! Et après on veut nous faire croire que le problème de compétitivité c’est le coût du travail !
De toute l’histoire du capitalisme, jamais le coût du capital n’a autant pesé sur les entreprises, et l’avidité des actionnaires et du patronat ne s’arrête pas pour autant. Ces dernières années on a distribué à tout va des crédits de toutes sortes, voté des allégements fiscaux et diminué les cotisations sociales, on a généreusement donné à ces vautours des dizaines et des dizaines de milliards pour le résultat que l’on sait : NUL ! Il est donc grand temps d’inverser la tendance, de financer l’investissement public, d’augmenter les salaires de ceux qui travaillent et produisent les richesses, de combattre la précarité, et de revenir aux 37, 5 années de cotisation pour une retraite à taux plein.
Voici un petit exemple très édifiant pour se faire une idée de la rapacité de nos capitalistes nationaux : entre 1999 et 2008, les entreprises allemandes ont réduit leur taux de dividende de 10%. Pendant ce temps, les entreprises françaises l’augmentaient de 50%. Le problème de la compétitivité des entreprises françaises vient donc surtout du coût du capital, et aussi du patronat français qui voudrait être payé comme des milliardaires américains pendant que leurs salariés touchent le salaire d’un ouvrier chinois... et même dans ce cas là, vous pouvez être sûr qu’ils viendront encore pleurer dans le gilet de l’état pour dire qu’ils ne s’en sortent pas !
http://2ccr.unblog.fr/2014/03/11/benefices-50-pour-les-actionnaires-et-0-pour-les-salaries/
« Les forts font comme ils l’entendent et les faibles souffrent comme il se doit »...THUCYDIDE