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Au Mali, la guerre impérialiste de Hollande et des socialistes se renforce…

Cela fait un peu plus de deux mois que l’intervention française au Mali, annoncée le 11 janvier jour de la signature des accords de flexisécurisation, a commencé. Les militaires français, épaulés quelques jours après l’entrée en guerre par le contingent tchadien et la fragile armée malienne, ont reconquis en moins de trois semaines, à une allure déconcertante et presque sans rencontrer de résistance, toutes les villes de la boucle du Niger qui exposaient la capitale, Bamako, à l’avancée des islamistes, et se sont ouvert la voie vers le nord.

L’opération Serval : de la conquête facile et rapide…

De quoi, pour « Hollande-va-t-en-guerre-contre-les-terroristes », chanter cocorico et tenter de redorer le blason d’une image présidentielle en chute libre en France. Lors de sa visite au Mali du 2 février, on a pu le voir prendre un bain de foule à Tombouctou et dresser les bras en V en signe de victoire, la main dans celle de Diocounda Traoré, président du Mali par la grâce de l’ex-Junte des militaires putschistes et du colonel Sanogo.

Mais si elle a repoussé vers le nord les djihadistes du MUJAO et d’Ansar Dine, peu ou prou liés à Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), cette conquête éclair ne les a pas vaincus. Hollande s’est d’ailleurs gardé de tout triomphalisme en déclarant ce jour-là « avoir accompli une grande partie du travail, mais [que] le combat n’était pas achevé ».

De son côté, Jean-Yves Le Drian, a eu beau, lors de son voyage vert-kaki des 7 et 8 mars, déclarer aux combattants « en délogeant les djihadistes de leurs derniers bastions, vous êtes les têtes de pont de cette guerre sans répit que la France a décidé de livrer contre les groupes terroristes qui sévissent encore au Mali », l’offensive contre le Nord-Mali pourrait rapidement ressembler davantage à un bourbier qu’à une promenade de santé dans le désert. Avec 4 morts chez les militaires français depuis le début de l’offensive, et dix fois plus sans doute du côté des troupes supplétives tchadiennes envoyées en première ligne, la guerre facile a vécu.

… à l’enlisement dans le massif des Ifoghas ?

Depuis le 11 janvier où la ville de Konna, verrou stratégique sur la route de Bamako, a été prise par les « rebelles », l’armée impérialiste française s’est fixé pour objectif la reconquête du nord du Mali, l’Azawad, proclamé indépendant en 2012 par les indépendantistes touaregs du MNLA, mais non reconnu par la communauté internationale et progressivement tombé sous la coupe des groupes djihadistes.

Dans la foulée de l’opération Serval, la traque des groupes combattants s’est concentrée autour des villes de Kidal, d’Aguelhok, et dans l’Adrar des Ifoghas, près de la frontière algérienne.

Pendant ce temps, les exactions perpétrées, avec la complicité des militaires français, contre les minorités peuls, touaregs et arabes se poursuivent. Les militaires maliens continuent à avoir la haute main sur la situation à Bamako.

Impossible cependant, en dépit d’une puissance de feu infiniment supérieure et de la mort de certains chefs islamistes, de faire cesser la résistance des djihadistes qui, non seulement, continuent à tenir bon dans l’extrême nord du pays à la frontière algérienne, mais se montrent également capables de mener des opérations dans certaines villes soi-disant sécurisées comme Tombouctou ou Gao.

D’ores et déjà des moyens militaires sont déployés par la France et ses alliés à la frontière nigérienne pour prendre à revers les groupes islamistes armés et tenter d’empêcher leur dispersion au Niger ou au Tchad. C’est la marque d’une extension quasi certaine du conflit dans l’espace et dans le temps.

Les contradictions de la présence guerrière de l’impérialisme français au Mali

Si la présence et les combats de l’armée française au Mali se poursuivent, c’est que les objectifs impérialistes du gouvernement n’ont pas été atteints.

Pour Paris, prendre le risque d’engager la guerre au Mali, sans alliés opérationnels et avec le seul soutien officiel de la résolution 2085 de l’ONU et l’aval du président Traoré, c’était pour l’ancienne puissance coloniale du Mali, faire le pari, certes risqué, d’avoir les coudées franches pour la reconquête néocoloniale de ce pays. C’était aussi plus largement protéger les intérêts de la bourgeoisie et des grands groupes énergétiques comme AREVA, en assurant la stabilité et la mainmise de l’impérialisme français sur les ressources d’uranium, de pétrole, de gaz, et minerais précieux exploités ou exploitables dans la région de la boucle du fleuve Niger, du Tchad et du Niger pays frontaliers du Mali en premier lieu.

Mais si le gouvernement Hollande a pour objectif de reconquérir la totalité du territoire malien, il se trouve cependant pris dans une contradiction dont il aura le plus grand mal à sortir. Les 4 000 militaires français environ, actuellement présents au Mali, n’avaient en effet soi-disant pas vocation à rester sur le sol malien mais devaient passer à terme le relais à l’armée du pays. Or, cette dernière s’est avérée, pour l’heure, incapable de contrôler cette région. Garder seul la mainmise sur l’ensemble de la situation tout en s’abritant derrière la formation et le soutien à l’armée malienne, s’avère désormais impossible pour le gouvernement français.

A défaut de passer le relais, il lui est devenu de plus en plus nécessaire de trouver des renforts. Avec l’aval donné par la résolution 2085 de l’ONU, 8 000 militaires africains de la MISMA (Mission internationale de soutien au Mali de la CEDEAO) sont appelés à la rescousse pour l’opération Serval. Mais faute de moyens logistiques et financiers, ces renforts tardent à se déployer. L’armée Tchadienne, quant à elle, affirme sa position dominante en se situant en avant-garde avec 2 000 militaires, le plus puissant contingent étranger au Mali après la France. C’est elle qui se trouve en première ligne dans les combats qui se déroulent dans les contreforts du Nord.

Mais l’extension des forces militaires ne s’arrête pas là . Les troupes françaises, maliennes et africaines reçoivent, sur le champ de bataille, le soutien de drones américains Predators, ceux-là mêmes qui sont responsables de toutes les « bavures » et « dommages collatéraux » contre les civils en Afghanistan et dans l’est du Pakistan depuis 2001. Washington, à l’origine, voyait plutôt d’un mauvais oeil un renforcement de l’emprise de la France sur son pré-carré africain alors que le Département et le Pentagone multiplient depuis un certain nombre d’années leur activité en direction de l’Afrique de l’Ouest. C’est en ce sens que les Etats Unis étaient plutôt favorables à une solution négociée. Mais, placés au pied du mur à partir du moment où la France est intervenue, ils préfèrent la seconder plutôt que de la laisser seule maîtresse de ses mouvements. C’est ainsi que le Pentagone a fini par installer plusieurs de ses drones au Niger voisin, sur une base de Niamey d’où ils décollent pour effectuer des vols de reconnaissance sur le Nord Mali. Au total une centaine de personnels militaires américains sont déployés au Niger, en soutien.

Il est clair désormais que l’armée de l’impérialisme français ne fait plus cavalier seul et que les dépouilles du Mali seront très disputées dans l’avenir. Cela est sans compter le tribut économique que ce pays aura à payer pour sa « reconstruction » dont les entreprises françaises entendent bien tirer profit avant tout le monde.

Quel bilan pour Hollande ?

La victoire apparente du début des opérations commence à prendre un autre tour. Tout d’abord, le maintien d’une présence militaire durable de la France au Nord Mali s’avère un objectif difficilement atteignable dans la configuration actuelle de l’impérialisme français et de ses rapports avec ses concurrents impérialistes, en plus du fait que cela pourrait devenir un véritable guêpier pour Paris. En outre, si selon l’IFOP, la guerre était encore soutenue par 73% de l’opinion après la visite de Hollande à Tombouctou, ce chiffre est descendu à 60% un mois après. Ce soutien pourrait très certainement s’éroder plus encore dans les semaines à venir et ce d’autant plus que l’annonce récente de Hollande d’un « début de retrait des troupes en Avril » s’avère difficile, ou alors au compte-gouttes !…

Quelles conséquences et quel avenir pour les populations dominées du Sud et Nord Mali ?

On peut comprendre l’accueil enthousiaste réservé à Hollande par une population qui ne ressentait sur l’instant que l’immense soulagement d’avoir été délivrée du joug de milices islamistes qui tout au long de leur présence dans le nord du pays se sont comportées de façon encore plus ignoble que ne le fait généralement l’Etat central malien et sa soldatesque, habitué à rançonner la population d’une région historiquement marginalisée de tout développement économique. Toutefois, les populations du Mali, du Nord comme du Sud d’ailleurs, vont devoir faire face, dans l’avenir, à un ordre néocolonial renforcé dont la courroie de transmission est un gouvernement autoritaire, issu de l’ex Junte militaire, qui ne recule devant aucune pratique arbitraire. C’est ce qu’ont déjà démontré les rafles perpétrées récemment dans des villages soupçonnés de sympathie pour les islamistes, dans le cadre d’opérations militaires conjointes franco-maliennes comme à Sévaré par exemple.

La question du Nord Mali, de sa marginalisation économique et de l’oppression nationale qui s’exerce sur les populations touarègues, ne sera pas réglée à l’issue de cette guerre. Elle sera au contraire accrue. Le MNLA, en lutte officiellement pour un Azawad indépendant et laïc, terriblement affaibli dans la lutte qui l’oppose depuis plusieurs mois aux islamistes, a choisi d’agir en supplétif de l’armée française. Il y a fort à parier que la population touarègue sera en bien moins bonne posture pour poursuivre sa lutte contre l’oppression qu’elle subit. Pour le Sud du pays, les mouvements sociaux, qui se sont fait jour en 2012 - 2013, dans le secteur de l’enseignement, des transports ou du commerce, auront à faire face à un Etat renforcé qui voudra tirer profit de sa victoire au Nord pour renforcer son autorité, quel que soit l’issue d’un soi-disant scrutin libre qui devrait être organisé avant l’été.

La position des révolutionnaires face à la guerre impérialiste du gouvernement français

L’intervention au Mali conduite par le gouvernement Hollande est la face externe de la politique agressive de la bourgeoisie française et de la guerre sociale qu’elle mène dans l’Hexagone. Elle marque la réaction de défense de ses intérêts face aux bouleversements politiques et stratégiques générés par les mouvements récents dans les pays arabes.

Cette offensive capitaliste nécessite plus que jamais que le mouvement ouvrier, à commencer par la gauche révolutionnaire, soit en première ligne dans la dénonciation et l’opposition aux menées impérialistes renouvelées de la bourgeoisie française. Les révolutionnaires en France doivent se prononcer contre « leur propre impérialisme » en continuant, face à cette guerre qui se poursuit et menace de s’étendre, à exiger le retrait immédiat des troupes françaises du Mali et de toute l’Afrique. Cela implique, parallèlement, de mettre en oeuvre tous les moyens de solidarité possibles pour soutenir le combat des populations dominées et exploitées de cette région, point de mire de la reconquête néocoloniale.

Claire Manor

Source : http://www.ccr4.org/Au-Mali-la-guerre-imperialiste-de-Hollande-et-des-...

13/03/13

URL de cet article 19802
  
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