L’inquiétude me taraude quand je donne des conférences sur la pollution et son impact sur la santé. Je dis : "c’est normal comme tous les Algériens. L’inquiétude fait partie de notre nature humaine. Je suis un humain comme vous. Je constate que l’adjectif qualificatif normal a perdu son sens chez nous".
Je m’inquiète quand on m’informe qu’en juin 1988, plus de mille fûts de déchets chimiques sont déversés par des Italiens sur la plage de Koko au Nigeria. Mon inquiétude est profonde quand je lis qu’en aout 2006, plusieurs tonnes de déchets toxiques sont déversées au port d’Abidjan. Ces déchets ont occasionné la mort d’une vingtaine de personnes et intoxiqué des dizaines de milliers d’autres.
Ma peur s’aggrave quand j’apprends que les forces navales africaines sont incapables de surveiller leurs côtes. J’ai la trouille quand je réalise que l’Afrique est devenue une destination favorite de bateaux pirates qui encaissent des milliards de dollars pour transporter des déchets en Afrique. Je ne me sens pas bien quand je me rappelle que notre voisine, la Mauritanie était une décharge secrète des déchets nucléaires israéliens. Je ne me sens pas heureux quand j’apprends qu’un contrat d’importation de 2.500 tonnes de déchets italiens a été signé par le Maroc.
Le complexe des faibles me possède quand je me rappelle du navire hollandais, le Probo Koala, débarquant ses déchets dangereux à Abidjan. Ces déchets ont fait 17 morts et 43.292 cas d’empoisonnement.
Inutile de vous dire que mon inquiétude se renouvèle quand j’apprends que mon pays a été exposé aux radiations nucléaires françaises causant un cancer qui ravage l’Algérie aujourd’hui. Je sens l’angoisse quand je me rappelle les paroles d’un jeune officier de la douane. Il m’a raconté que lors d’un contrôle de routine, les douaniers du port d’Alger ont découvert une cargaison de pierres étranges. D’après ses dires les analyses ont prouvé que ces roches étaient hautement radioactives.
En décembre 2015, Je me suis senti vraiment gêné et inquiet quand un journaliste du quotidien El Khabar me demandait de l’éclairer sur les dangers du gaz de schiste lors des journées de formation en journalisme environnemental organisées par le ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, en collaboration avec l’entreprise allemande de coopération internationale (GIZ) et l’école de formation Pigier-Algérie. Je lui ai répondu d’une manière moralisatrice : "Quand la politique ignorante enveloppe l’environnement l’inquiétude règne".
Cette expression était la phrase clef de mon intervention dans la Seconde Conférence des Ministres de l’Environnement des pays musulmans organisée par l’ISESCO à Jiddah en 2007. Depuis, j’ai conclu que certains politiciens africains ont perdu la conscience. Ils attendent du ciel des solutions prêt-à-appliquer ou RMS (Ready Made Solutions) et oublient qu’ils sont incompétents de les appliquer ou même de les interpréter !
Les politiciens africains nous assurent que le ciel est bleu et l’enfer est rouge brique. Se référant à cette vérité ridicule, ils homologuent ou commercialisent des médicaments poubelles. Ils font la sourde oreille et n’entendent pas la sonnette d’alarme du directeur de recherche du centre de contrefaçon des médicaments Bernard Leroy. Bernard Leroy estime que le commerce des faux médicaments est 25 fois plus rentable que le trafic de drogue ! Donc un business plus lucratif que la drogue. J’ai peur de vous informer que certains politiciens contrôlent ce business.
Nous sommes des Africains et le forum économique algéro-africain nous donne une idée de la logique africaine. Le sérieux de ce forum n’est pas une exception à la règle. Dans ce forum, le président du FCE, Ali Haddad, a rappelé les potentialités de l’Algérie à l’export dans les filières des médicaments, agricole et agroalimentaire. Il est important de rappeler a si Alilou que ces trois domaines ne sont pas encore maitrisés en Algérie. Si Alilou veut exporter le vent et importer la poussière. La fuite de Sellal et son équipe de ce forum résume notre réussite dans ces filières.
"Assez, ne signifie plus assez en Afrique !". Voilà qui explique qu’il est temps d’agir. Revoilà qui annonce le temps de contester ce qui ne va pas. On passe d’un scandale à un autre, d’une histoire à une autre ! Le temps d’essayer de faire du neuf avec du vieux est dépassé. La politique du rapiécé n’est plus une solution. Le ciel refuse d’améliorer notre situation là où il n’y a aucune possibilité de le faire d’en haut. Soyons prudents. Soyons conscients. Agissons dans le calme et le bon sens.
Revenons à nos moutons disait mon maitre d’école ! RHB est un faux médicament. Cette abréviation signifie la miséricorde de Dieu. Nos aïeux nous racontaient qu’à la fin du temps "Ahir Az’man" la miséricorde ne descend plus du ciel. Elle est remplacée par le RHB et se vent chez le pharmacien. RHB n’est pas inventé par un animal sans conscience mais par un humain ou un pseudo-docteur sans scrupule qui ne mérite pas d’être cité.
J’ai cherché son nom dans les références scientifiques, dans le domaine des brevets et inventions la réponse était claire : Monsieur X est inconnu dans le domaine de la science ! Monsieur X ignore qu’environ 10% des médicaments en circulation dans le monde sont faux et tuent directement ou indirectement 800.000 personnes par an. Monsieur le ministre Boudiaf prend le sujet à la légère. Il n’a pas le temps de lire les rapports de l’OMS puisqu’il s’occupe de la gestion du parking de l’hôpital Mustapha Pacha.
Dans les pays qui se respectent l’acquisition de la connaissance demande un long processus. Dans les universités du vrai savoir la trajectoire de la sagesse croise le chemin de la connaissance en un point nommé conscience.
Revenons en arrière pour mieux voir notre avancement dans la science et la technologie. C’était en 1986 quand le pétrole chutait à une vitesse démesurée. Aujourd’hui nous vivons les mêmes effets.
A cette époque les médias du parti unique nous ont parlé du musicien qui invente le fil chirurgical à Tlemcen. L’inventeur de RHB est semblable au musicien inventeur du fil chirurgical. Je me rappelle les discussions avec mes étudiants africains, gabonais, malgaches et maliens. A chaque discussion, ils répétaient cette phrase "Chez nous, en Afrique, la connaissance se tait quand la sagesse n’est pas écoutée". 30 ans après, l’Afrique ne semble pas avoir changé. Ses dirigeants sont soi trop vieux soi corrompus. Ils sont responsables du désordre qui perturbe l’Afrique. La paix est absente. Son absence a ses raisons.
Je conclue mes idées par une citation de François De La Rochefoucauld "Quand le pouvoir de l’amour surpassera l’amour du pouvoir, le monde connaîtra la paix". Jimi Hendrix, le roi du rock, a chanté cette citation à sa manière "Lorsque le pouvoir de l’amour vaincra l’amour du pouvoir, le monde connaîtra la paix".
Pr. Omar Chaalal