Une nouvelle assemblée nationale vient d’être élue, on connait la répartition politique des députés : un PS majoritaire seul, la droite affaiblie, le PCF laminé (-50% de ses représentants), et l’entrée de 2 députés FN.
Mais il est intéressant et révélateur d’examiner la composition sociologique et l’origine professionnelle de ses députés : les professions dites intellectuelles et les classes aisées y sont largement majoritaires et donc surreprésentées (professions libérales, enseignants, chefs d’entreprise …), on y trouve également quelques agriculteurs et employés mais … aucun ouvrier, qui représente pourtant 1 emploi actif sur 3 !!!
Si on peut se féliciter que le respect de la parité hommes/femmes soit en progrès, même si il y a encore beaucoup de chemin à faire, cet effacement total de la classe laborieuse, de ceux qui produisent les richesses est un scandale qui déshonore tous les partis présents à l’assemblée.
Certes le mode de scrutin défavorise les partis ouvriers, le NPA et LO ont présenté des candidats ouvriers, mais qui n’avaient aucune chance d’être élus. Mais que dire du PCF/FDG ? … pas étonnant que les travailleurs aient préféré soit voter pour l’original ( le PS) plutôt que pour la copie, soit s’abstenir, puisque ceux qui sont censés les représenter sont des apparatchiks coupés des masses, qui parlent de la condition ouvrière alors qu’il y a belle lurette que cette classe ouvrière , ils ne la voient que de loin, préférant la fréquentation des assemblées d’élus censés être les représentants du peuple mais qui ignorent ses souffrances.
Faut-il qu’ils aient tous peur de la classe ouvrière pour la marginaliser ainsi et lui retirer tout pouvoir d’intervention , y compris la modeste possibilité de faire entendre la voix des travailleurs dans cette « noble assemblée ». L’image de l’ouvrier a même disparu des films où les hommes et les femmes sont toujours médecins, avocats, chefs d’entreprise, quand ce n’est pas « politiciens ». Nous sommes dans une société de classes et l’Assemblée comme les médias ne fait que refléter cela.
Il fut un temps où le PCF avait des candidats qui passaient directement de l’usine à l’assemblée nationale, puis vint le temps de ceux qui après avoir été ouvrier quelques années devinrent des permanents à vie du parti avant d’être député ; ces élus qui se vantent d’avoir été ouvriers ont oublié depuis longtemps ce que cela signifie, c’est une des raisons qui leur a valu, pour une bonne moitié d’entre eux, d’être battus par des socialistes aux dernières législatives. Nous vivons à présent le temps des politiciens professionnels, des apparatchiks, des purs produits du parti qui n’ont plus pour objectif de participer à la lutte des classes mais à la lutte des places …
On aura compris qu’il n’y a rien de bon à attendre d’une telle « représentation nationale », l’avenir se situe en dehors des institutions bourgeoises et des séquences électorales. Cela passe évidemment par les luttes de masses, mais également, car l’un ne va pas sans l’autre, dans la construction d’organisations de base, dans les entreprises, les quartiers, où les travailleurs sont les plus nombreux et peuvent intervenir, engager des actions, organiser un contre pouvoir à cette assemblée qui n’a rien de nationale, puisqu’il n’y a pas un seul représentant des « classes laborieuses » et des foyers de condition modeste.
Ce rassemblement doit commencer par la création d’une coordination nationale de toutes les entreprises en lutte et de tous ceux et celles qui sont menacés de licenciements. Méthodiquement et patiemment, la classe dirigeante a oeuvré pour que la classe ouvrière n’ait plus confiance en elle, en la persuadant que la politique doit être réservée à des professionnels, et qu’un ouvrier n’a rien à y faire. A nous de prouver le contraire !
D’après RICHARD PALAO
http://2ccr.unblog.fr/2012/07/03/assemblee-nationale-pas-un-seul-ouvrier/