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CHILI : Consensus ou impunité ?

Un fait qui passe pratiquement inaperçu dans l’actualité chilienne m’interpelle aujourd’hui.Quatorze enfants de détenus-disparus sous le régime militaire se sont mis en grève de la faim depuis le 18 août.

La raison en est le projet de loi proposé par le Président Ricardo Lagos : indemnisation financière conséquente des familles des détenus-disparus et réduction de peine pour les militaires condamnés, ou peines allégées pour ceux qui collaboreraient avec la justice.

Le projet initial du Président a été négocié avec le haut-commandement militaire par la ministre de la Défense, Michelle Bachelet. Le projet final étant bouclé, la UDI, opposition de droite proche de Pinochet, le géneral Cheyre, commandant en chef des forces armées, ont clairement exprimé leur satisfaction. Le consensus semblait donc être trouvé et la loi devrait être votée prochainement par les députés.

Mais pas de l’avis de ces grévistes de la faim qui réclament que justice soit faite !

Il est nécessaire de dire aussi qu’il est difficile de soupçonner Lagos et Bachelet de complaisance à l’égard des militaires. Il a été l’un des plus actifs opposants sous la dictature, et elle, son père est mort sous celle-ci.

Et le Chili a besoin de réconciliation, tout le monde en est conscient.

Mais dans cet évènement, deux conceptions de la Justice semblent s’opposer :
-  L’une selon laquelle l’argent peut tout indemniser, jusqu’à la perte d’un être cher.
-  L’autre qui prétend que les coupables d’éxactions doivent être juger.

En fait, une à la sauce américaine, et l’autre à la mode Kirchner, qui accepte même l’extradition des militaires argentins impliqués dans l’exécution d’étrangers.

Les grévistes ont reçu un soutien inconditionnel d’ATTAC-Chile.

Voici les traductions des trois premiers communiqués des grévistes.

Jean-Michel Hureau

Santiago, le 18 août 2003.

Avis à la population :

Près de 30 ans après le Coup d’État militaire, la droite, la concertation et les hauts commandements des forces armées, ont réussi un accord politique historique qui prétend consacrer l’impunité dans notre pays.

Aucun des points de la proposition présentée par le Gouvernement, qui sont aujourd’hui applaudis par les assassins, ne vont dans le sens et le chemin de la justice dans notre pays. Ce qui est pire et encore plus indigne est qu’elle offre des alternatives à ceux qui ont pris part dans ces crimes pour obtenir une totale immunité en échange d’information et de réduire les peines de ceux qui ont déjà été jugés en fonction de leur participation dans ces crimes.

Il nous semble qu’il s’agit d’une farce de plus, comme l’a été la table de dialogue, vis à vis des juges qui exercent aujourd’hui en toute honnêteté leurs fonctions, aux familles, à la société dans son ensemble.

Au Chili, la plupart des responsables des assassinats, tortures et disparitions commis sous la dictature se promènent librement dans les rues ou sont détenus dans des centres luxueux concédés par l’armée.

Nous reconnaissons la valeur de ce que font certains avocats et certains juges dans les causes des droits de l’homme. Cependant, nous considérons que c’est insuffisant, car l’action de la justice requiert un plus grand nombre de juges pour s’occuper de ces cas et plus de moyens accordés pour les enquêtes.

Nous pensons que le pays, tout en répudiant les faits sanguinaires vécus par beaucoup de chiliens, doit sanctionner socialement et légalement tous ceux qui y ont participé ; en tant qu’auteurs et complices. C’est la seule façon de garantir à nos enfants et aux générations futures que, plus jamais au Chili, quelque autorité politique ou militaire qui soit, n’exercera à nouveau les torts que nous avons injustement supporté.

Las des mensonges, des promesses et de faux espoirs, et conscients du fait qu’il n’y a pas de réparation possible, parce que rien ni personne ne nous rendra les membres de nos familles, ni au Chili ses compatriotes perdus, nous nous déclarons en Grève de la faim illimitée, pour que notre pays et le monde entier sachent qu’au Chili les autorités politiques refusent d’assumer ces délits en tant que crimes contre l’humanité et qu’ils ne peuvent donc pas bénéficier d’une prescription ou d’une amnistie, rendant vulnérable, ce faisant, tous les traités internationaux existant depuis la Deuxième Guerre Mondiale.

Nous appelons toutes les personnes et toutes les organisations sociales qui souhaitent vivre dans un pays juste et démocratique à manifester publiquement leur soutien et à se prononcer pour la justice. Nous, les membres de leurs familles, nous sommes disposés à continuer la lutte et nous ne suspendrons pas cette grève de la faim tant qu’on ne verra pas qu’au Chili on avance pour la Justice. Mais cette grande tâche nous appartient à tous, car aujourd’hui, plus que jamais, le silence est l’allié de l’impunité.

PARCE QUE NOUS SOMMES VIVANTS
NON AU PARDON, NON A L’OUBLI

Alexandra Benado. Ivan Carrasco. Natalia Chanfreau.

Yuri Gaona. Fahra Nehgme. Juan José Parada.

Michelle Retamal. Alberto Rodrà­guez. Daniela Taberna

Carolina Valdes. Bárbara Vergara. Pablo Villagra

Eduardo Ziede. Liliana Salazar

Grève de la faim Luciano Carrasco.
Réseau de communication Colectivos de Trabajadores Communiqué 18-08-02 : 23:00 h

PARCE QUE NOUS SOMMES VIVANTS, NON AU PARDON, NON A L’OUBLI
Santiago, le 18 août 2003.

Ce jour, 18 août à 10h30 du matin, au siège de Izquierda Cristiana (Gauche chrétienne) dans la rue Compañà­a n°2404, a débuté une grève de la faim illimitée , organisée par des jeunes fils et filles de détenus- disparus et de victimes d’exécutions politiques. Fahra Neghme, Pablo Villagra et Alberto Rodrà­guez, inspirés par la mémoire de Luciano Carrasco, fils du journaliste assassiné José Carrasco, qui a pris la décision de se suicider en novembre de l’an dernier, ont commencé cette grève de la faim pour protester et donner leur point de vue face à l’alternative d’impunité promue par le gouvernement.
Nous reproduisons ici la déclaration publique remise ce matin.

SOUTENONS LA GRàˆVE, UNISSONS NOS FORCES...

L’appel d’ENFANTS, aujourd’hui, se tourne vers les organisations sociales et politiques du pays pour qu’elles fassent connaître leur avis à propos du manteau d’impunité avec lequel Lagos prétend couvrir la société chilienne. Il est temps que tous ceux qui ont construit l’organisation, depuis nos espaces locaux et sociaux, s’unissent à cette lutte et brandissent à nouveau, en guise de participation active, nos consignes de Justice et de Vérité.

Soutenons nos compagnons qui sont en train de réaliser cette grève de la faim. Il faut que nos organisations écrivent des lettres de solidarité, des communiqués et des déclarations sur leur combat légitime. Apportons notre soutien avec des biens pour la grève, tels que de l’eau minérale non gazeuse, de l’argent pour des pamphlets et des affiches, de la peinture et du tissu, collons des pancartes pour appuyer leur lutte, renvoyons l’information à tous nos contacts, rendons-leur visite tous les jours. Ne nous laissons pas couvrir et paralyser par l’impunité.

Il est temps de réagir, il est temps de relever la tête, il est temps de dire BASTA...!

Grève Luciano Carrasco
Lieu : Compañà­a 2404
Tél. de contact : (56-2) 672 9897.
Adresse électronique :
huelgalucianocarrasco@correo.nodo50.org

Réseau de communication des Colectivos de Trabajadores, CC.TT.

Le réseau informera tous les jours de la Grève Luciano Carrasco. Renforçons le soutien à la grève ; le droit à la vie et à la justice nous engage tous. Adressez vos informations, comptes-rendus, déclarations, appels et activités à colectivosdetrabajadores@cctt.cl

Santiago, le 18 août 2003

A nos familles, camarades et amis :

Nous avons pris cette décision difficile de réaliser une Grève de la faim, parce qu’après de longues conversations, nous n’avons pas trouvé de chemin moins difficile nous permettant de donner notre avis de façon permanente et sans tergiversations, comme cela arrive souvent. Nous n’avons pas l’intention de nous poser en victimes, mais de réaliser une action de protestation parce que nous n’acceptons pas de vivre dans un pays où l’impunité domine.

Nous voulons être clairs avec vous et nous espérons que vous nous comprendrez. Nous ne menons pas cette action pour être entendus de la classe politique et du haut-commandement des forces armées, car nous avons clairement compris quelle est leur position. Nous nous adressons aux travailleurs, à la femme au foyer, au jeune chômeur, etc. Aux organisations sociales, aux organismes professionnels, aux syndicats, aux centres d’étudiants, enfin, à toutes les personnes qui veulent un Chili juste. C’est vers eux que nous élevons nos voix indignées, parce que la responsabilité de nous prononcer aujourd’hui contre l’impunité nous revient à tous, parce qu’aujourd’hui, plus que jamais, se taire revient à soutenir les assassins.

L’accord politique exprimé par la proposition Lagos prétend isoler les familles, comme si c’était notre problème, et comme si le fait que les criminels et les tortionnaires soient libres n’était pas un danger et une menace pour la société.

Nous avons décidé de poursuivre cette grève de la faim jusqu’à ce que l’on constate qu’au Chili on avance pour la Justice. Nous n’avons aucune liste de revendications à remettre parce que nous ne demandons rien en particulier. Il ne s’agit pas ici de points en plus ou en moins, mais du droit d’accès à la justice et de la revendication que les responsables soient sanctionnés comme il convient, conformément aux Traités internationaux et à la législation en vigueur au Chili.

Nous vous demandons tous vos efforts et votre coopération afin d’obtenir que diverses personnes puissent exprimer leur désaccord avec l’Impunité. Nous ne voulons rien imposer à personne, simplement que nous utilisions notre énergie à atteindre cet objectif et démontrer ainsi qu’aujourd’hui, au Chili, tout le monde a besoin de la Justice.

Si quelqu’un parmi vous peut ou veut exprimer son mécontentement autrement, allez-y, ce qui nous paraît fondamental, et à ce sujet nous devons être unis, c’est l’urgence d’exprimer dans tous les recoins de ce grand pays que la Justice est nécessaire. Si tu es seul, en dernier recours envoie un mail, mais ne laisse pas que l’accord des puissants nous bloque.

Nous sommes sur un pied de lutte et pas d’échec, nous avons confiance dans la possibilité de pouvoir ouvrir un espace où notre pensée pourra s’exprimer, libre de craintes et de culpabilités. Nous menons cette action en hommage à notre frère Luciano Carrasco, qui n’est plus physiquement avec nous, mais dont la force et la soif de justice sont présentes.

Alejandra Benado. Iván Carrasco. Natalia Chanfreau

Yuri Gahona. Fahra Negmhe. Juan José Parada

Michelle Retamal. Alberto Rodrà­guez. Daniela Taberna

Tamara Troncoso. Pablo Villagra. Carolina Valdés

Bárbara Vergara. Eduardo Ziede

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