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Après l’Irak la Colombie ?

Le 15 juillet dernier le gouvernement colombien [1] a divulgué son projet de mettre sept bases à la disposition de l’armée américaine. Le Venezuela et l’Equateur ont dénoncé la politique belliciste de leur voisin colombien, tandis que le Brésil et le Chili ont également fait part de leur "préoccupation". Ce nouvel accord permettrait à l’armée américaine de compenser la perte de sa seule base en Amérique du sud, située à Manta, en Equateur.

La Colombie était en 2006 [2] le pays où sont morts la moitié des syndicalistes assassinés dans le monde. Elle est le troisième bénéficiaire de l’aide militaire étatsunienne derrière Israël et l’Egypte dans le cadre officiel d’un plan de lutte antidrogue (Plan Colombia) qui est en fait une lutte anti-FARC (tandis que par ailleurs les USA soutiennent la narco-répubique autoproclamée du Kosovo et que sous leur occupation la culture du pavot ne cesse d’augmenter en Afghanistan). Dans le cadre du Plan Colombia (que Washington veut exporter au Mexique, au Pakistan et en Afghanitan), les USA ont aussi mobilisé les services spéciaux britanniques et espagnols pour l’encadrement de l’armée colombienne. Si l’aide étatsunienne se chiffre à 5,5 milliards de dollars par an, les alliés européens membres de l’OTAN (France, Allemagne, Royaume-Uni etc) contribuent aussi : ils ont versé pour leur part en 2007 154 millions de dollars d’aide militaire à la Colombie sans aucun débat devant leur opinion publique. M. Uribe, qui est un ami de M. Kouchner, a fait libérer pour lui [3] récemment le criminel de guerre kosovar recherché par la justice internationale Agim Ceku. Les forces spéciales israéliennes aussi sont en Colombie [4], tout comme elles ont participé au coup d’Etat au Honduras.

Le 1er mars 2008, la Colombie a bombardé une base arrière des FARC en Equateur provoquant la rupture des relations diplomatiques avec ce pays. Dix bombes de 500 kilos communément utilisées en Irak ont été déversées par des avions dont on soupçonne qu’ils furent américains (car les avions colombiens ne peuvent transporter de telles bombes).

En avril 2008 le colonel Jim Russell commandant des opérations de l’US Airforce dan le Sud a demandé que des soldats soient retirés d’Irak pour être déployés en Amérique latine. A partir du 12 juillet 2008, la 4ème flotte états-unienne a recommencé à patrouiller au large des côtes latino-américaines pour la première fois depuis 1950. En mai 2008 un avion de combat étatsunien en provenance des Antilles néerlandaises a violé l’espace aérien vénézuélien. Selon Caracas, il s’agissait d’une mission d’espionage sur l’île de La Orchila pour tester les radars vénézuéliens, tandis que Washington a parlé d’une erreur de navigation [5].

Pour se défendre, le Venezuela, qui se sent menacé, a proposé en mars dernier de mettre des bases aériennes à la disposition des bombardiers russes et son président Hugo Chavez a annoncé mercredi la signature en septembre d’un nouveau contrat d’armement "important" avec Moscou, comprenant l’achat d’une quarantaine de chars. Le président Chavez accuse "l’empire américain" de vouloir utiliser les bases colombiennes pour s’approprier le riche bassin pétrolifère de l’Orénoque dans le sud-est de son pays. Dans l’Etat pétrolifère de Zulia [6], un mouvement sécessionniste se développe depuis plusieurs années "Rumbo Propio" soutenu par les grands médias de l’oligarchie vénézolo-américaine.

L’étau se resserre autour de Vénézuela tandis que les USA, qui utilisent les bases de la Guyane française, peuvent aussi compter désormais sur le Panama qui a élu un président de droite en mai dernier. Avec ses nouvelles bases, la Colombie, pourra aussi menacer la zone andine au sud-ouest et la zone amazonienne où les enjeux stratégiques sont importants. "D’abord c’est le pétrole, ensuite ce sera le minerai de fer et l’eau. Aujourd’hui ils veulent envahir l’Iraq, ne vous étonnez pas si demain ils décident d’envahir l’Amazonie" avait déclaré l’économiste égyptien et contributeur de l’Atlas alternatif Samir Amin lors du deuxième forum social pan-amazonien de janvier 2003 à Bélem [7]. Pour mémoire le 13 août dernier les delegués des peuples indigènes de Colombie ont dénoncé devant le Comité pour l’élimination des discriminations raciales des Nations Unies les persécutions dont ils sont l’objet par le gouvernement de Bogota [8]. Karmen Ramà­rez Boscán, dirigeante de l’Organización Nacional Indà­gena de Colombia (ONIC) a critiqué les divers effets néfaste de la future présence des bases étatsuniennes dans leur zone, y compris en termes des risques de diffusion du commerce sexuel et de viols des femmes indigènes.

Frédéric Delorca

Atlas Alternatif, mardi 18 août 2009
http://atlasalternatif.over-blog.com/article-35022283.html

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